Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pologne (suite)

(Gwoździec [auj. Gvozdets, Ukraine] 1922). Diplômé de l’Institut du cinéma de Cracovie, il tourne sa première œuvre importante en 1954 : Cellulose (en deux parties : Une nuit de souvenirs et Sous l’étoile phrygienne). Il signe ensuite l’Ombre (1956), la Vraie Fin de la guerre (1957), Train de nuit (1959), Mère Jeanne des Anges (1960), Pharaon (1965), le Jeu (1969), Maddalena (1971, tourné en Italie).


Tadeusz Konwicki

(Nowa Wilejka, Lituanie, 1926). Romancier de renom, il s’intéresse au cinéma en tant que scénariste et directeur artistique et littéraire du groupe Kadr (dirigé par Kawalerowicz dès 1955). Il s’essaie brillamment à la mise en scène avec le Dernier Jour de l’été (1958), puis réalise successivement la Toussaint (1961), Salto (1965), Si loin, si près (1971).


Kazimierz Kutz

(Szopienice, près de Katowice, 1929). Diplômé de l’école de Łódź, il travaille notamment avec Wajda, Kawalerowicz et Passendorfer avant de réaliser en 1959 son premier film de fiction, la Croix de guerre. Il réalise ensuite Personne n’appelle (1960), Panique dans un train (1961), Quadrille d’amour (1962), le Silence (1963), la Chaleur (1964), Quiconque pourrait savoir (1966), le Grand Coup (1968), le Sel de la Terre Noire (1969), la Perle de la couronne (1971), De nulle part à nulle part (1975).


Andrzej Munk

(Cracovie 1921 - Łowicz 1961). Après plusieurs documentaires (les Hommes de la Croix bleue, 1954), il s’impose comme l’un des grands cinéastes polonais de l’après-guerre avec Un homme sur la voie (1956), Eroica (1957), De la veine à revendre (1959) et la Passagère (1961-1963), film interrompu par la mort accidentelle du réalisateur et terminé par Witold Lesiewicz.


Roman Polanski.

V. l’article.


Andrzej Wajda.

V. l’article.


Krzysztof Zanussi

(Varsovie 1939). Il est l’un des leaders de la « troisième génération » et s’est fait connaître à la fin des années 1960 par son premier long métrage, la Structure du cristal (1968). Il signe ensuite la Vie de famille (1971), De l’autre côté du mur (ou la Chambre à côté, 1972), Illumination (1973), Catamount Killing (1973, aux États-Unis), Bilan trimestriel (1974).

 J. Toeplitz, Historia Setuki Filmovej (Varsovie, 1955-56 ; 2 vol.). / P. Haudiquet, Nouveaux Cinéastes polonais (Serdoc, Lyon, 1963). / La Cinématographie polonaise (trad. du pol., Éd. Polonia, Varsovie, 1963). / W. Banaskiewicz, W. Witczak, Historia Filmu Polskiego, v. 1 : 1895-1929 (Varsovie, 1966). / J. Fuksiewicz, le Cinéma en Pologne (Varsovie, 1973).


L’art en Pologne

Cet art longtemps négligé, systématiquement méconnu pendant l’éclipsé politique du xixe s., doit à l’effort exemplaire des historiens polonais la révélation de multiples richesses. Mais il reflète d’abord, de façon saisissante, les vicissitudes de l’histoire nationale. Dans un pays privé de limites naturelles, carrefour millénaire d’échanges, théâtre et enjeu de dramatiques affrontements, la vallée de la Vistule, axe permanent du commerce et de la navigation, des Carpates à la Baltique, fut aussi l’épine dorsale de la vie artistique ; une chaîne de villes riches en monuments anciens — Sandomierz, Kazimierz, Toruń, Gdańsk — fait cortège aux deux capitales successives, Cracovie* et Varsovie*. Le reste demeure zone mouvante, en proie aux flux et reflux de l’histoire, tantôt vers l’ouest — Silésie au Moyen Âge —, tantôt vers l’est — Lituanie, Polésie, Ukraine au xvie s. —, sans que l’historien d’art puisse tenir compte des frontières récentes (les ensembles monumentaux de Wilno ou de Lwów, villes aujourd’hui rattachées à l’U. R. S. S. sous les noms de Vilnious et Lvov, comptent parmi les créations les plus caractéristiques), sans qu’il puisse définir la continuité d’un art proprement polonais. À cette difficulté s’en ajoute une autre : la complexité des influences étrangères reçues au hasard des évangélisations, des guerres, des partages, des alliances matrimoniales, et l’incertitude fréquente de leurs cheminements. Toutefois, la prédominance de l’Occident reste éclatante. À la différence de l’Espagne, placée comme elle aux confins de deux mondes, comme elle bastion de la catholicité, mais qui intégra la culture et l’art islamiques à la civilisation chrétienne, la Pologne n’est qu’épisodiquement effleurée par l’art musulman. Et c’est souvent de pays éloignés, l’Italie ou, dans une moindre mesure, la France, qu’elle reçoit directement artistes et modèles, sans recourir à l’entremise de l’Europe centrale. Les artistes polonais ont su tirer parti de ces contacts. Aux jours sombres du xixe s., ils cherchèrent au loin des moyens neufs pour exprimer leur mystique de la survivance nationale ; mais bien des fois depuis le Moyen Âge, ils avaient marqué leurs emprunts de nuances originales.


Le Moyen Âge du préroman au gothique

Peu de traces subsistent des siècles obscurs qui précédèrent la conversion au christianisme (966) des Piast, dynastie de princes féodaux dont l’un, celui de Cracovie, devait au siècle suivant se faire couronner roi. Les peuplades forestières, vouées au travail du bois (nombreux resteront les châteaux et églises de bois, jusqu’à la fin du Moyen Âge), se laissent entrevoir surtout par les objets — amulettes de bois et d’os, étoffes et céramiques à décor géométrique — trouvés dans les tumuli de la région de Cracovie. Elles semblent aussi avoir employé la pierre pour tailler des idoles rudimentaires. Disparu très vite sous l’assaut des missionnaires chrétiens, cet art primitif cède la place dès le début du xie s. à l’art religieux d’Occident — importé, de la Silésie aux bords de la Vistule, par des évêques et des moines venus en premier lieu des pays mosans. Mais il est difficile de reconnaître l’origine exacte de monuments assez divers (rotonde de Saint-Léonard au Wawel de Cracovie, églises rectangulaires à nef unique, églises à trois nefs dont seules les absides sont voûtées), toujours modestes et dont la valeur est plus archéologique qu’esthétique.