Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

plomb (suite)

L’oxyde plombeux, de formule très sensiblement PbO, présente deux états cristallins ; le mélange gris de plomb et « l’oxyde qui se forme à la surface du plomb fondu se transforme par grillage en un oxyde jaune PbO appelé massicot. La couleur du massicot s’assombrit lorsqu’on chauffe cet oxyde, puis le produit fond, et, par refroidissement, on obtient la litharge, solide de couleur rouge-jaune.

Le minium, associé à la formule Pb3O4, a une composition qui peut largement varier. Il est orangé lorsqu’il a la composition Pb3O4, mais devient plus sombre lorsque la proportion d’oxygène augmente. On connaît aussi une phase rattachée à la formule PbO2, qu’on appelle oxyde puce à cause de sa couleur brune.

L’hydroxyde plombeux Pb(OH)2 est amphotère ; on le transforme en sel plombeux en milieu acide et en plombite en présence de bases alcalines. Le potentiel normal du couple Pb2+/Pb est de – 0,136 V. Des oxydes et des sels divers de plomb sont utilisés comme pigments ; ainsi, la céruse est un carbonate basique de plomb.

Il faut des oxydants énergiques pour oxyder le plomb d’un sel plombeux, car le couple correspondant a un potentiel normal élevé (1,44 V) :
Pb2+ + 2 H2O ⇄ PbO2 + 4 H+ + 2e.

Par contre, l’oxyde PbO2 est un oxydant énergique : ainsi, il brûle avec le soufre sous l’effet d’une simple trituration. Il donne des plombâtes avec les bases fortes : tels sont Na2PbO3 ou Na2PbO3, 3H2O, ou encore K2Pb(OH)6.

On connaît des complexes, tel le chloroplombale d’ammonium (NH4)2PbCl6, et des organoplombiques, tel le plomb tétraéthyle, utilisé comme antidétonant dans l’essence. La majeure partie des accumulateurs est constituée par des électrodes de plomb plongeant dans de l’acide sulfurique de densité de 1,15 à 1,20. La plaque positive est liée à la présence de dioxyde, et la plaque négative à celle du plomb : par décharge, ces plaques évoluent vers l’oxyde plombeux.

Toxicologie du plomb

L’intoxication par le plomb est un phénomène dont l’importance est actuellement soulignée en raison de l’abondance de ce métal polluant dans les régions industrielles.

L’intoxication saturnine aiguë est rare et ne s’observe que par absorption de plusieurs décigrammes de dérivés plombiques, relativement solubles, comme l’acétate ou le nitrate de plomb. Elle s’accompagne de troubles digestifs et rénaux aigus, rapides, exigeant une réanimation prolongée. L’utilisation d’antidotes par voie intraveineuse telle l’E. D. T. A. calcique (éthylinediamine tétra acétique) permet de réduire la gravité de l’intoxication.

Les manifestations cliniques les plus fréquentes s’observent en réalité au cours de l’intoxication chronique, autrefois bien connue dans certaines industries sous le nom de saturnisme. L’intoxication peut encore se voir actuellement au cours de la récupération du vieux plomb, lors de la fabrication des accumulateurs, de l’application de certaines poudres au plomb : peintures, émaux, minium.

Les manifestations cliniques sont de trois types et apparaissent de façon assez indépendante.

Les coliques de plomb sont caractérisées par des douleurs brutales survenant après quelques semaines ou quelques mois d’intoxication chronique et sans rapport avec une intoxication aiguë ; elles sont accompagnées de constipation intense et de poussées d’hypertension artérielle.

Les manifestations sanguines sont caractérisées par une anémie modérée : l’examen sanguin fait apparaître des hématies à granulations basophiles à un taux anormalement élevé, supérieur à 4 p. 100 du nombre des leucocytes.

Les manifestations nerveuses sont essentiellement marquées par une encéphalopathie observée surtout au cours d’intoxications par inhalation de fumée de plomb ou par absorption de boissons souillées. Les signes sont habituellement ceux d’une atteinte vasculaire cérébrale. L’atteinte nerveuse périphérique simulant une paralysie respiratoire est rare, ainsi que l’atteinte des muscles antérieurs de la jambe. Enfin, les manifestations rénales sous forme d’une néphrite azotémique hypertensive très proche d’une glomérulonéphrite chronique s’observent chez des sujets exposés depuis plusieurs années.

Le traitement consiste en l’utilisation de l’E. D. T. A. calcique par voie intraveineuse.

L’imprégnation saturnine liée aux problèmes d’environnement évolue habituellement sans qu’apparaissent des signes cliniques. Elle peut être diagnostiquée par la recherche d’une surcharge en plomb.

L’accumulation de plomb se caractérise par une épreuve de plomburie provoquée (le taux urinaire de plomb atteignant et dépassant même 0,8 mg par 24 heures), par des anomalies de la synthèse de l’hémoglobine : augmentation des protoporphyrines globulaires, augmentation des coproporphyrines urinaires (test de dépistage assez grossier, le taux atteignant et dépassant même 250 μg par 24 heures), augmentation de l’acide delta-amino-lévulinique à plus de 3 mg par 24 heures, abaissement de l’A. L. A. déhydrase. La concentration maximale tolérable des vapeurs de plomb dans l’air est, aux États-Unis, de 0,3 mg/m3.

Le plomb tétraéthyle est un produit fortement toxique, qui provoque des troubles neurologiques plus précoces et plus graves que l’intoxication saturnine, avec agitation et confusion mentale, et, plus accessoirement, des signes de saturnisme. Les dérivés du plomb ne semblent ni cancérigènes, ni tératogènes.

E. F.

H. B.


La métallurgie


Minerais utilisés

La galène, sulfure de plomb PbS, et la cérusite, carbonate de plomb PbCO3, produit d’oxydation de la galène, sont les deux principaux minerais exploités. Dans la majorité des cas, les gisements plombifères sont complexes, et les minerais sont associés à des minéraux tels que l’anglésite (sulfate de plomb), la pyromorphite (chlorophosphate de plomb), la blende, (sulfure de zinc), la pyrite (sulfure de fer), etc. Assez répandus dans le monde, les gisements plombifères contiennent souvent des métaux précieux, l’argent principalement.