Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

plébiscite (suite)

En ce qui concerne l’histoire constitutionnelle française, on admet généralement qu’ont constitué des plébiscites la nomination de Bonaparte comme consul à vie en 1802, la reconnaissance de la légitimité héréditaire des descendants de Napoléon Bonaparte à la couronne impériale en 1804, la délégation du pouvoir constituant au prince-président Louis Napoléon Bonaparte en 1851 et la reconnaissance du pouvoir impérial au même en 1852. Bien que l’approbation de l’empire parlementaire en mai 1870 ait officiellement fait l’objet d’un « plébiscite », on aurait plutôt tendance à considérer aujourd’hui qu’il s’agissait là d’un référendum : les 7 356 000 « oui », qui, le 8 mai, l’emportent largement sur les 1 571 000 « non », approuvent les réformes libérales accomplies par l’empereur depuis 1860.

Le plébiscite en droit international

En droit international, on appelle plébiscite l’acte par lequel la population d’un territoire ratifie (ou refuse) le nouveau statut international que lui confère un traité. Il semble que l’initiative de consulter la population d’un territoire annexé par accord amiable avec le souverain précédent ou par conquête pure et simple revienne aux animateurs de la Révolution française (1792-93). Le procédé a été repris par Napoléon III et par Victor-Emmanuel II (Émilie, Toscane, Nice et Savoie, Ombrie, Marches et Deux-Siciles en 1860, Vénétie en 1866 et État pontifical en 1870), puis par les auteurs du traité de Versailles (Schleswig, Carinthie, Marienwerder et Allenstein en 1920, Haute-Silésie et Burgenland en 1921, Sarre en 1935). Depuis la Seconde Guerre mondiale, la France l’a utilisé en 1947 avant le rattachement de Tende et de La Brigue, en 1955 pour le rattachement de la Sarre à l’Allemagne et en 1962 pour l’indépendance de l’Algérie. D’ailleurs l’article 53 de la Constitution de 1958 précise : « Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans le consentement des populations intéressées. »

R. M.

➙ Référendum.

pliage

Opération de formage, généralement de tôles prédécoupées, appelées flans ou ébauches, destinée à donner à ces pièces, initialement planes, des déformations permanentes, le plus souvent à faible rayon de courbure, localisées suivant des zones quasi rectilignes, sans qu’il y ait rupture de la matière et de manière que la forme de la pièce ainsi obtenue soit un angle dièdre dont les deux plans se raccordent suivant une zone cylindrique plus ou moins étendue.


Le pliage est caractérisé par le rayon de courbure, appelé rayon de pliage, et par la valeur de l’angle dièdre ainsi obtenu. L’opération de pliage peut être faite plusieurs fois sur une même tôle, et l’on peut ainsi obtenir des pièces de sections et de formes les plus diverses, notamment des sections partiellement ou entièrement fermées. Toutefois, par pliage, on n’obtient que des formes dont la surface est développable ; dans le cas contraire, il faut opérer par emboutissage.

Lorsque le rayon de courbure que l’on cherche à obtenir est grand et doit intéresser une zone étendue de la pièce plane, l’opération est appelée cintrage ou cambrage. On peut également cintrer en long des tubes, des ronds, voire des profilés.


Généralités

D’une manière générale au cours des opérations de pliage, de cintrage ou de cambrage, la matière subit une compression dans la partie intérieure concave de la pliure et une tension dans la partie extérieure convexe ; la surface de partage entre ces deux zones est appelée fibre neutre. Ces contraintes de compression du côté intérieur et de tension du côté extérieur sont d’autant plus intenses que l’épaisseur de la tôle pliée est grande. Les opérations de pliage, de cintrage et de cambrage s’effectuent d’autant plus facilement que la limite élastique des matériaux travaillés est faible et que leur allongement est grand. Très souvent, les matériaux sont recuits avant d’être plies. Les matériaux ductiles, comme l’acier doux recuit, le laiton recuit, le cuivre recuit, sont faciles à plier et peuvent l’être suivant de petits rayons. Les matériaux cassants et fragiles sont très difficiles à plier : c’est le cas du tungstène, du tantale, du molybdène ; il faut les recuire avant formage. Le pliage de ces matériaux fragiles suivant des rayons trop faibles provoque la rupture franche de la tôle ou, si son épaisseur est faible, une succession de petites criques sur la face extérieure, celle précisément qui a subi le plus grand allongement. Ces inconvénients peuvent être évités avec les matériaux courants en respectant certaines valeurs minimales pour les rayons de pliage. Ces valeurs sont fonction de la nature du métal plié, de son état (recuit, trempé, etc.), de son épaisseur, de la direction de la pliure par rapport au sens du laminage de la tôle utilisée, etc. Ces risques de rupture sont moindres lorsque la pliure est perpendiculaire à la direction du laminage.

D’une manière générale, pour les tôles, le rayon du pliage doit être, si possible, égal à cinq fois l’épaisseur de la tôle. De plus, pour éviter la rupture du matériau, il est recommandé de plier les tôles perpendiculairement au sens du laminage et de ne jamais plier suivant un rayon inférieur à l’épaisseur de cette tôle, quels que soient les impératifs concernant la forme à réaliser.

En pratique, l’effort de pliage, qui augmente avec l’épaisseur de la tôle et avec la longueur de la pliure à réaliser, est égal au dixième de l’effort nécessaire pour cisailler la section de la tôle à cet endroit. Cet effort, exprimé en décanewtons, a pour valeur e étant l’épaisseur de la tôle en millimètres, l la longueur de la ligne de pliage en millimètres et Rc la résistance du cisaillement en décanewtons par millimètre carré.


Équipements utilisés

Le pliage peut exceptionnellement se faire à la main, par martelage, la pièce étant tenue dans un étau ou avec des outils de serrage accessoires ; mais, dans l’industrie, on utilise des équipements spécialisés.