Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Arles (suite)

Le xviie siècle se flatte d’un bel hôtel de ville, où concourent de grands architectes : François de La Valfenière, d’Avignon, Pierre Puget* et même J. H.-Mansart*. La voûte plate de cet édifice est une réussite de stéréotomie exceptionnelle. Le xviiie siècle aménage le tour de ville, sans raser totalement les remparts ; les lices deviennent une belle promenade ombragée. Frédéric Mistral, en fondant le musée Arlaten du félibrige, fit prendre à la ville conscience de sa mission culturelle. Mais il appartenait à un Nordique d’apporter le tribut de la peinture : Van Gogh*, pendant les quinze mois qu’il a passés à Arles (1888-89), découvrit avec passion les cyprès tournoyants, les champs de la Crau, la lumière méditerranéenne.

F. E.

arme

Tout instrument conçu ou utilisé dans le dessein de mettre un adversaire hors d’état d’agir.


Il existe autant d’armes que d’instruments imaginés et réalisés par l’homme pour renforcer ses moyens de lutte contre des êtres vivants. L’arme est initialement un moyen d’attaque. Son rôle est essentiellement d’augmenter l’efficacité des forces naturelles de l’homme, quand celui-ci veut porter des coups. La destinée de l’arme est par conséquent avant tout offensive.

La classification des armes

Arme automatique : arme à feu qui, sans être rechargée, peut tirer successivement plusieurs coups (v. mitrailleuse).

Arme biologique : arme qui utilise des organismes vivants ou les agents toxiques qu’ils sécrètent pour provoquer la mort ou la maladie chez l’homme, l’animal ou la plante (cette définition recouvre et dépasse celle de l’arme bactériologique, qui ne se réfère qu’à l’emploi d’un type de microbe déterminé).

Arme blanche : arme de main qui agit par le fer ou l’acier qui la constitue ou la termine (lance, épée, baïonnette, couteau de tranchée, etc.).

Arme chimique : arme qui utilise des agents chimiques toxiques sous la forme soit de gaz* lacrymogènes suffocants ou vésicants, soit de produits neurotoxiques, attaquant le système nerveux (trilon), ou psycho-chimiques, modifiant l’état mental (L. S. D.).

Arme d’estoc ou de taille : arme faite pour fendre (épieu, sabre).

Arme à feu : arme constituée par un tube destiné à orienter vers un objectif un projectile lancé sous l’effet de la poudre, soit par la déflagration d’une charge propulsive (arquebuse, pistolet, fusil), soit par la réaction d’une charge fusante (lance-roquettes).

Arme d’hast : arme constituée d’un fer emmanché (hache, pique, hallebarde, fauchard).

Arme de jet ou de trait : arme qui constitue par elle-même un projectile (javelot) ou le lance (arc, fronde, baliste, arbalète).

Arme de main : arme qui amplifie l’action de la main (massue, casse-tête, couteau, poignard, dague, etc.).

Arme nucléaire : dispositif permettant, pour des fins belliqueuses, de libérer de l’énergie nucléaire de façon non contrôlée.

Arme à répétition : arme à feu dont la vitesse de tir est augmentée par le chargement automatique des cartouches grâce à un magasin et à un mécanisme dit « de répétition ».

Armes spéciales ou armes N. B. C. : ensemble des armes nucléaires, biologiques et chimiques (par opposition aux autres armes, dites « armes classiques »).


Genèse des premières armes

Lucrèce nous a laissé une excellente évocation de la genèse des armes : « Les premières armes furent les mains, les ongles et les dents. Et puis ce fut des pierres et même des tronçons de branche arrachés aux forêts... » (De natura rerum.)

Les premiers humains des âges préhistoriques ont dû faire face à de graves problèmes de survie. Aussi est-ce par la présence d’armes (ou d’outils) auprès de leurs ossements que les squelettes des âges les plus reculés révèlent leur appartenance à la génération de l’Homo sapiens. Ces premiers hommes ont utilisé les matériaux à leur portée : d’abord la pierre et le bois, puis les os des animaux et, bien plus tard, les minerais.

Ce sont surtout les pierres taillées qui témoignent de ces époques les plus anciennes, les objets de bois ne s’étant pas conservés jusqu’à nous ; mais de nombreux dessins rupestres montrent nos ancêtres utilisant la massue ou le javelot de bois. En fait, l’homme des cavernes combinait la pierre de silex, qui jouait le rôle de tranchant, et le bois, qui servait de levier ou de bras de manœuvre. Au-delà de l’acuité du silex, l’os taillé (comme les « bois » de cerf ou de renne) pouvait acquérir une finesse telle qu’il était employé comme flèche, comme bout de lance ou de javelot.


L’âge de la bravoure

La période de l’histoire qui s’étend jusqu’à l’emploi de la poudre (xive s.) est caractérisée par le fait que la force physique et le courage sont les éléments déterminants du succès dans toutes les luttes que l’homme doit alors affronter.

Les premières armes sont celles du combat rapproché, maniées par l’homme lui-même et dont l’efficacité traduit strictement celle de ses bras ; elles ne peuvent amplifier que la puissance du geste. Ce sont les armes de main. En ce sens, tout objet usuel peut devenir une arme, d’autant mieux qu’il sera plus solide et souvent manipulé dans la vie courante. Ainsi, les armes les plus anciennes ont fréquemment été des instruments agricoles employés tels quels, ou quelque peu modifiés en vue de la lutte : ce sont les armes d’hast. Le phénomène se reproduit d’ailleurs à chaque révolte spontanée d’hommes encore peu évolués : les jacqueries ont toujours présenté l’aspect d’une levée de faux, de fourches, de fléaux...

Mais, au fur et à mesure que se perfectionne l’usage des métaux, ces armes primitives cèdent la place à des systèmes plus élaborés : il y eut la lance, le glaive et surtout l’épée, qui devint, pour des siècles, l’arme symbolique, mais l’arme décisive aussi.