Arius (suite)
Face au concile
Devant tant de passion, Constantin, soucieux avant tout d’ordre, croit devoir intervenir. Il charge l’évêque Hosius (ou Ossius) de Cordoue, son expert en matière ecclésiastique, de porter à l’évêque Alexandre et à Arius une lettre dans laquelle l’empereur essaie de tenir la balance égale entre les deux antagonistes. La missive impériale n’arrange rien : Hosius peut constater sur place que la querelle a débordé Alexandrie et l’Égypte, et qu’elle est devenue une affaire qui intéresse le christianisme oriental tout entier. On comprend alors que se soit imposée à l’esprit de Constantin l’idée d’un grand concile réunissant les évêques de toute la chrétienté. Ce premier concile œcuménique de l’histoire s’ouvre à Nicée le 20 mai 325 ; ses travaux dureront un mois, et quelque 300 évêques y participent. Une puissante majorité se dessine pour condamner les idées d’Arius, qui n’a plus que le choix ou de s’incliner ou de partir en exil, car l’empereur appuie de son autorité les décisions conciliaires. Arius choisit l’exil et se voit assigné à résidence dans l’Illyricum avec ses partisans. Au bout de trois ans, il est rappelé par l’empereur et invité à s’expliquer devant lui. L’euphorie de Nicée est tombée, et le vent tourne en faveur des ariens. Le concile de Tyr-Jérusalem (335) prononce la déchéance d’Athanase, successeur du patriarche Alexandre, et réhabilite Arius.
Une mort qui ne résout rien
Son retour à Alexandrie provoque des émeutes, les partisans de l’évêque exilé Athanase manifestant violemment. L’empereur est mécontent de ces désordres, et la réhabilitation solennelle ne peut avoir lieu. Pourtant, les fidèles d’Arius et Eusèbe de Nicomédie tiennent à une réintégration en grande pompe. Avec l’accord de Constantin, elle aura donc lieu à Constantinople, malgré l’opposition de son vieil évêque. On ne sait trop ce qui serait arrivé si, la veille de ce jour préparé avec tant de fièvre, Arius n’était mort subitement — il avait quatre-vingts ans.
En tout état de cause, sa fin n’est pas celle de l’arianisme : les idées qu’il avait lancées allaient longtemps perturber le monde chrétien.
La grande bataille engagée durera cinquante ans encore. En 381, le concile de Constantinople sonne le glas de l’arianisme dans l’Empire. L’arianisme va survivre quelques années, mais dans la clandestinité, et saint Ambroise* étouffera ses derniers sursauts en Occident.
Pourtant, par un singulier concours de circonstances, il reviendra, réimporté avec les invasions barbares. Propagé chez les Goths de Mésie par un disciple d’Eusèbe de Nicomédie, l’évêque Ulfilas (v. 311-v. 383), il sera transmis par eux aux autres Barbares. Les envahisseurs Wisigoths, Vandales, Burgondes, Ostrogoths et Lombards l’amèneront avec eux en Italie, en Gaule, en Espagne et en Afrique. L’arianisme ne sera définitivement vaincu que par la conversion des Francs et des Lombards aux vie et viie s.
I. T.
➙ Barbares / Byzantin (Empire).