Picardie (suite)
L’architecture féodale se perpétue dans une partie des remparts de Saint-Valery-sur-Somme et de Montreuil-sur-Mer, ces derniers, ainsi que la citadelle qui les scelle au nord-ouest, entièrement repris aux xvie et xviie s. Les ruines du château de Lucheux sont celles d’un ensemble considérable élevé du xiie au xve s. par les comtes de Saint-Pol ; Rambures est du xve s., édifice compact fait de quatre tours rondes reliées par des courtines convexes et qui étage en trois strates de couleurs ses matériaux, brique, craie, ardoise.
Les siècles classiques voient la lente reconstruction en style gothique de Saint-Pierre de Corbie, dont le chœur et le transept furent rasés en 1815 en même temps que son vaste ensemble conventuel du début du xviiie s. De la fin du siècle précédent (comme le nouveau mobilier de son église), les bâtiments abbatiaux de Saint-Riquier subsistent. De même l’ancienne abbaye cistercienne de Valloires, fondée au xiie s. et reconstruite au milieu du xviiie dans une manière simple et élégante ; sa chapelle conserve un remarquable ensemble de boiseries de style baroque allemand ainsi que les gisants d’un comte et d’une comtesse de Ponthieu (xiiie s.). Enfin, l’abbaye de Prémontré, aux trois nobles bâtiments en équerre, chacun à avant-corps convexe et fronton sculpté, se rattache plus à Laon et à l’Île-de-France qu’à la Picardie. L’architecture civile du xviiie s. brille aux portes d’Abbeville par la « folie » de Bagatelle, petit château de brique et pierre construit pour les réceptions du drapier Abraham Van Robais et qui a conservé son décor et son mobilier raffinés.
Si le musée de Saint-Quentin* abrite les quelque quatre-vingts portraits au pastel laissés à sa mort par Maurice Quentin de La Tour, celui d’Abbeville possède, outre des collections de préhistoire et des peintures des xviie et xviiie s., plusieurs milliers de dessins et de gravures dus à l’étonnante pléiade de graveurs nés à Abbeville et qui pour la plupart ont fait leur carrière à Paris : de Claude Mellan (1598-1688) à Émile Rousseaux (1831-1874), en passant par François de Poilly (1623-1693), Jean Daullé (1703-1763), Jacques Firmin Beauvarlet (1731-1797), etc. À l’inverse, le xixe s. voit la Picardie recevoir la visite d’artistes attirés par les « motifs » que constituent ses paysages côtiers et ses monuments : Bonington, Delacroix, Corot, Jules Dupré, Boudin, Degas, Seurat.
G. G.
Congrès archéologique de France, Amiens, 1936 (Picard, 1938). / H. Zanettacci, les Ateliers picards de sculpture à la fin du Moyen Âge (Compagnie fr. des arts graphiques, 1954). / R. Agache, Vues aériennes de la Somme et recherche du passé (Musée de Picardie, Amiens, 1963). / P. Pinchemel, J. Godard et C. Lamy - Lassalle, Visages de la Picardie (Horizons de France, 1967). / J. Sartre, Châteaux « brique et pierre » en Picardie (Nouv. Éd. latines, 1973).