Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

piano (suite)

(Long Island City, près de New York, 1933). Après d’innombrables difficultés, indissociables du caractère profondément et littéralement choquant de son jeu, il commence de travailler à la fin des années 50 avec les jeunes musiciens de l’avant-garde new-yorkaise. Plutôt qu’harmoniques, ses préoccupations sont d’ordre rythmique. Pour lui, le piano est d’abord un instrument de percussion. Taylor est un maître du nouveau jazz.

Enregistrements : Trance (1962), Nuits de la Fondation Maeght (1969), Streams (1976).


Thomas, dit « Fats » Waller.

V. l’article.

Piast

Dynastie polonaise issue des princes des Polanes établis à Gniezno ; elle fonda l’État polonais et présida à ses destinées jusqu’en 1370. Ce fut la seule dynastie nationale.



Introduction

La tradition consignée dans la première chronique du pays (xiie s.) lui donne pour ancêtre ce Piast légendaire, simple paysan du duc Popiel de Gniezno, qu’il aurait renversé et laissé périr dans la tour des Souris de Kruszwica. La légende de Piast et les noms de Siemowit, de Leszek, de Ziemomysł, ancêtres connus du duc Mieszko*, avec qui la Pologne entra dans l’histoire (963), témoignent de l’origine autochtone d’une dynastie qui, après s’être imposée aux Polanes dans la seconde moitié du ixe s., probablement par un coup d’État, unifia sous son autorité ce que les Polonais appellent les « terres maternelles » de la nation : les bassins de l’Odra et de la Vistule. Les Piast ont fondé leur pouvoir et appuyé leur expansion sur le contrôle des voies commerciales et, après 966, sur l’influence croissante de l’Église catholique. Pour affermir leur indépendance à l’égard du Saint Empire romain germanique, les premiers Piast s’efforcèrent de tenir leur titre royal de la papauté elle-même (xie s.). Mais l’œuvre des fondateurs fut vite compromise par le manque d’une règle fixant légalement l’ordre de succession. La dignité royale disparut pour deux siècles, et l’instauration du sénioriat en 1138 ne put enrayer la désagrégation de l’État en principautés régionales au profit de branches rivales : les Piast de la Grande Pologne, ceux de Petite Pologne, les branches de Mazovie, de Couïavie, de Basse- et de Haute-Silésie. La restauration du royaume au début du xive s. fut l’œuvre du duc de Couïavie Ladislas Łokietek.

Son fils Casimir le Grand* fut le dernier Piast à régner sur la Pologne, bien qu’il restât encore la branche de Mazovie (éteinte en 1526) et celle de Silésie (éteinte en 1675), car la couronne revint à son neveu Louis d’Anjou, roi de Hongrie, en vertu d’un traité de dévolution. Si Casimir avait exclu de sa succession les Piast de Silésie, en partie germanisés et inféodés à la Bohême, ceux de Mazovie ont fait valoir leurs droits jusqu’en 1444. C’est à partir du xviie s. que l’historiographie usa du nom du légendaire Piast pour désigner la famille des « ducs de Pologne ». Bien plus, le nom de Piast servit dès lors à distinguer tout roi électif « issu de la nation », c’est-à-dire sorti des rangs de la noblesse polonaise, comme Jean* Sobieski. Il devint pour le peuple polonais, au milieu de ses vicissitudes, le symbole de la continuité de ses traditions et de son unité. La Pologne populaire ne manque jamais de souligner que les frontières de 1945 font de nouveau d’elle un État national et coïncident à peu de choses près avec les limites du premier État polonais édifié par les Piast.


Deux prestigieux fondateurs : Mieszko Ier (960-992) et Boleslas le Vaillant (992-1025)

Le duc Mieszko fit entrer son jeune État dans la chrétienté romaine (966) et sauvegarda son indépendance de fait à l’égard de l’Empire germanique, tout en achevant d’unifier les terres polonaises.

Né en 967 de la princesse tchèque Dobrawa, l’aîné de ses fils, Boleslas (Bolesław), chassa ses demi-frères et la princesse allemande Oda, leur mère puis, avec l’appui des grands, maintint à son profit l’unité de l’État (992). En trente-trois ans d’un règne tout rempli d’exploits guerriers qui lui valurent le surnom de « Vaillant » (Chrobry), Boleslas Ier mena à bien les desseins paternels et esquissa par ses conquêtes un éphémère empire slave. Jusqu’en 1002, il utilisa la politique d’amitié avec l’Empire, inaugurée par Mieszko après 983 pour établir l’indépendance complète de la Pologne et la perpétuer par la couronne royale. Il exploita avec adresse les bonnes dispositions d’Otton III, sensible au rôle joué par la Pologne dans l’instauration de l’ordre chrétien. Il aida l’empereur à lutter contre les Slaves encore païens : Vélètes et Obodrites (992-997) ; il patronna leur évangélisation et envoya l’ancien évêque de Prague Adalbert (Wojciech), réfugié à sa cour, prêcher la foi en Prusse, où ce dernier périt en martyr (997). Il l’enterra solennellement à Gniezno, obtint sa canonisation (999) et se servit de son culte pour accroître le prestige et l’indépendance de son État. Au cours du pèlerinage qu’il effectua sur le tombeau du saint, Otton III, magnifiquement reçu par Boleslas, autorisa l’organisation d’une province ecclésiastique autonome de Pologne avec un archevêché à Gniezno (1000). Il reconnut en même temps l’indépendance du duc de Pologne et lui promit, semble-t-il, la couronne royale. Mais son successeur, Henri II, rompit avec une politique à laquelle les seigneurs allemands demeuraient hostiles, au nom du vieux programme de sujétion de l’Europe centrale à l’Empire germanique (1002). L’empereur chrétien opéra un renversement des alliances : sûr de l’appui docile de son vassal tchèque, il s’allia aux Vélètes païens contre l’ambitieux duc de Pologne.

Devançant l’agression, Boleslas couvrit Gniezno et la Silésie par la conquête d’un glacis protecteur entre l’Odra et l’Elbe, au pays des Slaves occidentaux (Milsko ou Milzenland et la Lusace), étendant son contrôle jusqu’à l’Elster (1002). Puis il mit à profit les troubles internes de la Bohême pour en occuper le trône et rattacher à la Pologne la Moravie et une partie de la Slovaquie (1003).