Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

photogravure (suite)

L’ancienne méthode de gravure des clichés trait par encrage, par poudrage à la résine suivi de cuisson et par morsures successives, dont le nombre pouvait atteindre huit, n’est plus guère employée. Elle a été remplacée par la gravure sans poudrage, ou gravure en continu, qui se substitue aussi progressivement au travail du similiste, ou graveur de similis. C’est d’abord pour des clichés en magnésium que la firme Dow Chemical a mis au point la gravure en morsure continue, introduite en France en 1956. L’idée de base de ce procédé a été de mélanger à l’acide de morsure un produit qui, en se déposant le long des talus, les protège et assure la régularité de la gravure. Dans la machine à graver, le bain est projeté perpendiculairement au cliché par des palettes ou à travers des trous percés dans une rampe. Un dispositif thermostatique règle la température. On obtient des clichés trait, des clichés simili, ou des clichés simili-trait combiné, sur magnésium, sur zinc ou sur cuivre. Un cliché simili est gravé en 2 ou 3 minutes, un cliché trait en 15 minutes. Avec un matériel spécial, on peut copier et graver des clichés cintrés pour rotatives. On peut aussi graver en une seule fois des plaques enveloppantes de grandes dimensions ; sur ces dernières, dont l’épaisseur totale est de 0,8 mm, le relief maximal de l’image imprimante est de 0,4 mm.

En cours de gravure conventionnelle ou après la gravure en continu, le similiste peut procéder à de nouvelles morsures locales sur le cliché, en particulier pour obtenir des dégradés. Après séchage et brossage du cliché, il bourre dans les creux du blanc d’Espagne pour voir l’image en brun sur fond blanc. Il passe alors un vernis protecteur sur les parties qu’il juge suffisamment mordues et mord les autres.


Clichés photopolymères

Ils sont constitués par une base en métal (acier ou aluminium) qui porte une couche de plastique ou de mélange de plastiques additionnée de photosensibilisant. On l’insole par contact sous un négatif, en lumière riche en ultraviolet. La lumière polymérise le plastique, qui devient insoluble sous les transparences du négatif ; les autres régions sont dissoutes dans la solution de développement, et l’image imprimante reste en relief. La base en métal peut être mince (0,6 mm) et capable de s’enrouler autour du cylindre d’une rotative. Ces clichés photopolymères sont très résistants à l’usure, mais les possibilités de retouche y sont nulles. Le premier d’entre eux, le Dycril, a été présenté par la société Du Pont de Nemours en 1957. Depuis, d’autres clichés (Nyloprint, Letterflex, etc.) sont utilisés pour l’impression de labeur.


Clichés pour impressions en couleurs

Les clichés pour couleurs d’accompagnement (aplats, tramés, traits de couleur venant agrémenter une impression noire) sont faits de la même façon que les clichés de noir. Les véritables impressions en couleurs doivent reproduire aussi fidèlement que possible l’original en couleurs, dessin ou diapositive. La reproduction observe les lois de l’optique des couleurs et en particulier la théorie de la trichromie ; en principe, on peut reproduire toutes les couleurs à l’aide de trois seulement, appelées primaires : le jaune, le rouge et le bleu. Pour obtenir les tons foncés, on y ajoute le noir. Il s’agit donc, à partir de l’original, d’obtenir quatre clichés, un pour chacune de ces couleurs. On le photographie successivement à travers trois écrans de couleur complémentaire : écran violet pour tirer le négatif du jaune, écran orangé pour celui du bleu, écran vert pour celui du rouge. C’est la sélection des couleurs qui donne des films de sélection, ou sélections tout court. Une quatrième photo donne le négatif du noir. En photogravure typo, on copie ces négatifs sur métal et l’on grave les clichés. En photogravure offset, on en tire par contact des positifs qui serviront à la confection des plaques. Négatifs et positifs doivent être parfaitement équilibrés. Outre cet équilibrage, les retouches de valeurs sont très importantes pour remédier à certains défauts des originaux (dominantes de couleur), ramener le contraste à celui que permet d’obtenir le procédé d’impression (l’intervalle de densités maximal est de 1,4 environ, alors que, sur certaines diapositives, il atteint et dépasse 3,0) et pour tenir compte des effets de superposition des encres (impression sur encres humides). À la retouche manuelle s’est substituée en grande partie la retouche photographique par masquage ou superposition de films portant des images correctrices : masques de contraste, masques de correction de couleurs, etc.


Contrôles et essais

La qualité d’une impression en couleurs dépend, en premier lieu, de la qualité du travail de photogravure, que vient compliquer la grande diversité des originaux. Sur les appareils de reproduction et de copie, des dispositifs permettent la mise en repérage précis des films et des clichés. Originaux et films font l’objet de mesures de densité. On place dans les marges de l’original des gammes de gris et des plages de couleurs qui serviront de standard de mesure. Le retoucheur s’aide de chartes de couleurs, jeux de feuilles imprimées avec des encres standards, où des centaines de teintes différentes sont obtenues par superpositions dégradées avec, en regard, les valeurs de densité correspondantes. Lorsque le jeu de clichés est terminé, le photograveur procède aux essais. Il imprime sur le papier, et autant que possible avec les encres du tirage, un jeu d’épreuves, ou gamme, qu’il enverra à l’imprimeur pour lui servir de guide. Des procédés photographiques de tirage d’épreuves moins coûteux et plus rapides sont de plus en plus utilisés, même à des stades intermédiaires ; par exemple, on copie les films tramés sur des feuilles sensibles colorées en jaune, en rouge, en bleu et en noir, on développe ces feuilles et on les superpose.

D’après les clichés en noir et blanc, le photograveur tire également des épreuves qu’il appelle fumés. D’autres sortes d’épreuves ne servent pas au contrôle de la qualité, mais à la confection de maquettes ; ce sont les bleus, ou ferros, tirés d’après les négatifs, et les ozalids, tirés d’après les positifs.