Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Philippe IV (suite)

La politique extérieure


La guerre des Pays-Bas

À l’avènement de Philippe IV, la trêve de Douze Ans, signée par Philippe III, est rompue, et le comte-duc reprend la lutte (1621). Les forces espagnoles, placées sous le commandement d’Ambrogio de Spinola (1569-1630), remportent de brillantes victoires et obtiennent notamment la reddition de Breda (1625), mais le conflit prend de nouvelles dimensions en devenant partie intégrante de la guerre de Trente Ans.


Les autres guerres

À la même époque, le favori du monarque oppose l’Espagne à l’Angleterre (1624), à la France, dont il contrecarre la politique d’expansion en Italie en provoquant la guerre de la Succession de Mantoue (1627-1631), et aux protestants des Grisons en défendant les catholiques de la vallée de la Valteline (1624-1626 et 1637). Toutes ces campagnes échouent.


La guerre de Trente Ans

À la fin du règne de Philippe III, l’Europe est engagée dans un grand conflit international, la guerre de Trente* Ans (1618). Les hostilités commencent en Allemagne et opposent catholiques et protestants. Mais très vite, elles déboucheront sur une lutte entre la France et les Habsbourg d’Espagne et d’Autriche pour la prépondérance en Europe. L’intervention de l’Espagne semble d’abord pouvoir donner la victoire aux catholiques, particulièrement après la conquête du Palatinat par Spinola (1619-1621) et le triomphe de l’infant Ferdinand sur les Suédois à Nördlingen (1634). C’est alors que la France du cardinal de Richelieu*, désireuse de contribuer à la défaite de l’Espagne et de l’Autriche, entre en lice. L’armée française, menée par de jeunes généraux tels que Condé et Turenne, remporte d’éclatantes victoires et, appuyée par les Pays-Bas, décide de l’issue du conflit. Les régiments espagnols de Flandre, considérés jusque-là comme invincibles, sont écrasés à Rocroi (1643) et à Lens (1648) par Condé. Le traité de Westphalie (1648) met un terme à la guerre et réorganise l’Europe en consacrant la suprématie de la France. L’Espagne accorde l’indépendance aux Pays-Bas, mais poursuit la lutte contre les Français jusqu’à la paix des Pyrénées (1659), aux termes de laquelle elle doit céder le Roussillon, une partie de la Cerdagne, l’Artois et plusieurs villes de Flandre. C’est également en vertu de ce traité que Philippe IV accorde la main de sa fille Marie-Thérèse à Louis XIV.


La politique intérieure

Le règne est marqué à l’intérieur par une vive réaction contre la corruption administrative. Les ducs de Lerma et d’Uceda sont traduits en justice, et Rodrigo Calderón est exécuté en 1621. Mais la récession économique, aggravée par les dépenses dues aux campagnes militaires, est profonde. De nouveaux impôts sont créés, et le régime fiscal est modifié sans que l’on puisse pour autant combattre la désorganisation des finances. Les conflits armés, les épidémies et l’émigration engendrent le dépeuplement, en particulier en Castille, et les Cortes, les municipalités et d’autres institutions gouvernementales perdent peu à peu leur autonomie.


Le soulèvement de la Catalogne

La politique centralisatrice d’Olivares, l’établissement de certains impôts et le séjour prolongé de troupes castillanes et italiennes en Catalogne, où elles sont considérées comme étrangères, sont à l’origine de l’insurrection catalane, qui débute à Barcelone en 1640, le jour de la Fête-Dieu. La Catalogne proclame son indépendance sous la protection de la France et déclare Louis XIII comte de Barcelone. La guerre qui s’ensuit dure jusqu’en 1652, date à laquelle les armées royales dirigées par don Juan d’Autriche entrent à Barcelone après un siège de quinze mois. Les Catalans se soumettent après avoir reçu l’assurance que leurs privilèges seront garantis.


Le soulèvement du Portugal

Les Portugais, unis à l’Espagne depuis Philippe II (1581), s’insurgent contre Philippe IV pour défendre leurs libertés la même année que les Catalans. Né à Lisbonne, le soulèvement s’étend rapidement à tout le pays et reçoit l’appui des Pays-Bas, de la France et surtout de l’Angleterre. Les Espagnols sont vaincus à plusieurs reprises, et la guerre continue trois ans après la mort de Philippe IV. L’Espagne reconnaîtra l’indépendance du Portugal en 1668.

On assiste en outre à quelques mouvements séparatistes en Andalousie (1641) ainsi qu’à Naples et en Sicile (1647), mais ils sont facilement réprimés.

Profondément affecté par l’échec de sa politique et physiquement affaibli, Philippe IV s’éteint à l’âge de soixante ans.

R. G.-P.

 A. Cánovas del Castillo, Estudios del reinado de Felipe IV (Madrid, 1888-89 ; 2 vol.). / M. A. S. Hume, The Court of Philip IV. Spain in Decadence (Londres, 1907, nouv. éd. 1927 ; trad. fr. la Cour de Philippe IV et la décadence de l’Espagne, Perrin, 1912). / G. Marañón, El conde-duque de Olivares (Barcelone, 1935 ; nouv. éd., Madrid, 1946). / A. Leman, Richelieu et Olivarès. Leurs négociations secrètes de 1636 à 1642 pour le rétablissement de la paix (Facultés catholiques, Lille, 1938). / R. Bouvier, Philippe IV et Marie d’Agreda (Sorlot, 1939). / J. A. Maravall, La teoría española del Estado en el siglo XVII (Madrid, 1944). / J. Deleito y Piñuela, La mala Vida en la España de Felipe IV (Madrid, 1948). / J. Sanabre Saromá, La acción de Francia en Cataluña en la pugna par la hegemonía de Europa, 1640-1659 (Barcelone, 1956). / A. Domínguez Ortiz, Política y hacienda de Felipe IV (Madrid, 1960). / M. Deveze, l’Espagne de Philippe IV (SEDES, 1971-72 ; 2 vol.).

Philippe V

(Versailles 1683 - Madrid 1746), roi d’Espagne de 1700 à 1746. Second fils du Grand Dauphin de France, Louis, petit-fils de Louis XIV et arrière-petit-fils de Philippe IV d’Espagne, porte d’abord le titre de duc d’Anjou.


Il monte sur le trône d’Espagne conformément aux volontés de Charles II*, dernier souverain de la maison d’Autriche, qui est mort sans héritier.


La guerre de la Succession

Le couronnement du monarque est entravé par l’opposition d’un autre prétendant, l’archiduc Charles, qui deviendra en 1711 l’empereur Charles VI* et qui est soutenu par une puissante coalition européenne. C’est là l’origine de la guerre de la Succession* d’Espagne. Le conflit commence en Italie, où il met aux prises l’empereur Léopold Ier et Louis XIV, le premier faisant valoir les droits de son fils et le second ceux de son petit-fils, le duc d’Anjou. En outre, le duc de Bavière aurait pu également revendiquer la couronne pour son fils Joseph Ferdinand.