Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pétrolier (suite)

• Un troisième impératif d’exploitation s’applique aux pétroliers, du fait des risques de pollution. Pendant le retour à vide, le navire est lesté en remplissant partiellement ses tanks à l’eau de mer, après les avoir nettoyés par lavage des parois ; lors du déballastage avant l’escale de chargement, les résidus de ce lavage étaient naguère rejetés en haute mer. Aujourd’hui, ils sont retenus à bord, puis surchargés et mélangés au pétrole brut : c’est le « load on top ».


Ports

Le gigantisme des pétroliers est limité par la profondeur des voies navigables qui n’autorise pas de tirants d’eau supérieurs à 75 pieds, soit environ 23 mètres, en mer du Nord, au golfe Persique ou au détroit de Malacca.

D’autre part, l’équipement de ports capables de recevoir les supertankers n’est possible qu’en nombre limité. Le plus grand de tous, Rotterdam, ne peut être dragué qu’à 22 m, ce qui correspond à des navires de 300 000 tdw, à moins de construire des pétroliers de forme spécialement plate, donc plus coûteux. En revanche, Le Havre dispose de fonds de 32 m en face du cap d’Antifer, et est le premier port européen capable d’accueillir les bateaux de 500 000 t.

Non moins important est le problème de la réparation navale, les pétroliers devant passer en cale sèche, sauf avarie, tous les deux ans. L’ouvrage portuaire correspondant, qui est une forme de radoub géante, n’existe en France qu’à Saint-Nazaire, à Brest (200 000 t) et à Marseille (500 000 t).

Au port de chargement, on peut parfois se contenter d’un amarrage sur point fixe, soit île artificielle, soit bouée habitable, autour duquel le navire tourne suivant la direction du vent.


Frets

Elément essentiel du prix de revient des produits pétroliers, le fret varie considérablement suivant l’offre et la demande : le taux de base « world-scale » entre le golfe Persique et la France par Le Cap est de l’ordre de 50 F/t, mais peut varier du simple au double s’il y a pénurie de tankers à affréter. Aussi les compagnies pétrolières internationales ont-elles pour stratégie de construire et de gérer leur propre flotte de tankers, ce qui leur permet de conserver leur indépendance dans ce domaine.

A.-H. S.

Peuls

Ethnie dispersée à travers l’Afrique occidentale sahélo-soudanienne sur une longue bande de plusieurs milliers de kilomètres (entre le 16e et le 8e degré de lat. N.).



Généralités

Les Peuls, qui sont environ 6 millions, partagent les régions de peuplement avec d’autres ethnies et ne sont jamais majoritaires. On les trouve en Afrique de l’Ouest, au Tchad, en République centrafricaine, au Soudan. Ce sont les Ouolofs qui les nomment Peuls ; eux-mêmes se nomment Foulbé (pluriel) et Poullo (singulier).

Les Peuls sont traditionnellement des éleveurs et des pasteurs nomades de zébus dans toutes les régions qu’ils occupent. Tous leurs comportements et toutes leurs activités sociales sont marqués par le lien étroit des hommes et du bétail. Si le Peul perd son troupeau, il s’intègre rapidement à la population non peule environnante.

Les travaux pastoraux sont déterminés par l’alternance de la saison sèche et de la saison des pluies (hivernage) ; cette dernière dure trois mois en zone sahélienne, cinq mois en zone soudanaise et un mois en zone saharienne.

Le problème de l’abreuvement est capital au moment du passage de la saison sèche à la saison des pluies. La propriété des puits et le droit d’usage de ceux-ci soulèvent de violentes contestations, particulièrement dans les régions occupées par les Touaregs. Pour compléter sa nourriture fraîche, le troupeau doit faire une cure salée en fin d’hivernage. Les pasteurs peuvent demeurer en toute saison sur les mêmes zones de parcours ou bien ils adoptent des itinéraires de transhumance plus courts et plus rapprochés de leur résidence en saison sèche. Mais il faut que les conditions géographiques et démographiques le permettent. Dans ce cas, les familles peuvent se fixer près des puits permanents, tandis que les bergers font les déplacements indispensables aux troupeaux. Lorsque les parcours de transhumance pendant l’hivernage ne cessent de se déplacer d’une saison des pluies à une autre, ils entraînent de véritables mouvements migratoires qui établissent le passage d’une zone de transhumance à une autre.

La division du travail en ce qui concerne la traite n’est pas respectée ; selon les circonstances, l’homme ou la femme peuvent traire. Cependant, la femme est responsable des produits laitiers (fabrication et vente du beurre-lait caillé). C’est aussi elle qui surveille la santé du troupeau. Par contre, l’homme prend toutes les décisions concernant le troupeau (choix des pâturages, des points d’eau ; répartition du cheptel).

Dans leur campement, les Peuls fabriquent des cordes (puisage, fixation des bagages, cordes de veaux) avec des écorces épaisses de baobab, d’épineux akora ou avec des feuilles de palmiers doum qui sont battues et tressées.

Ils assurent aussi le castrage et le dressage des bœufs porteurs ; ce dernier est très progressif et dure deux ans. Le bœuf est un moyen de transport uniquement féminin ; les hommes voyagent à dos de chameaux. Le marquage des animaux a une fonction économique, sociale et magique : on entaille les oreilles en faisant une marque commune à un groupe de parents consanguins ; cette marque s’appelle le jelgol de jel (« entailler la marque de propriété »). Les fragments détachés sont hachés menu et dispersés sur le corral pour la fécondité du troupeau.

Le troupeau comprend généralement des vaches (qui assurent la nourriture et le revenu quotidien), un ou deux taureaux étalons, des bœufs, des taurillons (que l’on sacrifie lors des cérémonies), des génisses et des veaux. Le nombre de bœufs est un signe de richesse. Les noms de vaches décrivent toutes les caractéristiques de la robe et des cornes ainsi que les particularités morphologiques et confèrent à certains animaux un caractère magique.

Les modalités d’appropriation du bétail vont du simple droit d’usage ou de gérance à celui d’aliénation. La vente du bétail est faite sur des marchés par des intermédiaires, les dillalaï, qui jouent un rôle non seulement économique, mais aussi social. Ceux-ci sont, en quelque sorte, subordonnés aux Peuls, car on les dit descendants d’anciens captifs de familles peules.

Le semi-nomadisme existe au sein des populations peules. Il provient généralement d’un appauvrissement du cheptel, qui oblige le pasteur à se transformer, sans conviction, en agriculteur et à se rattacher dans ce cas à un village.