Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pérou (suite)

La vie économique

La structure du commerce extérieur montre que l’économie repose encore sur l’exportation des produits de base : l’essentiel des ventes est représenté par des minerais ; le cuivre fournit à lui seul 30 p. 100 des exportations, suivi du plomb, du zinc, de l’argent et du fer ; le reste des exportations est constitué par de la farine de poisson et des denrées agricoles, coton, canne à sucre et café. Au chapitre des importations, les denrées alimentaires forment un contingent de près de 30 p. 100, le Pérou ne parvenant pas à répondre à ses besoins dans ce domaine ; le reste est davantage composé de biens d’équipement et de machines nécessaires à l’industrie que de biens d’usage et de consommation. En effet, aux activités traditionnelles agricoles et extractives qui sont à la base des exportations s’ajoute maintenant, sur le territoire péruvien, une industrie qui dessert le marché national, grâce à la protection de barrières douanières très strictes. Ainsi, l’agriculture, qui emploie près de la moitié de la population active, n’intervient que pour 15 p. 100 dans le produit national brut, et les mines pour 18 p. 100, tandis que le secteur secondaire, industrie et artisanat, qui n’utilise que le huitième de la force de travail, y contribue pour 20 p. 100.


Les activités agro-pastorales

Héritage des communautés indiennes issues du peuplement précolombien et des modes d’appropriation du sol à l’époque coloniale, le terroir se caractérise aujourd’hui par une opposition entre les grandes et les petites exploitations ; ces différences, pourtant, tendent à s’estomper depuis la tentative de réforme agraire de 1969.

Dans la partie andine, le terme communautés recouvre un certain nombre de collectivités rurales faites de petits ou parfois de moyens propriétaires qui ont la jouissance individuelle de leurs terres, mais ne peuvent les vendre en dehors de la communauté ; l’exploitation de l’ensemble s’effectue dans le cadre d’une vie communautaire, au moins sous forme d’entraide. Parfois, les pâturages sont entièrement collectifs. Ces communautés agraires, de peuplement essentiellement indien, pratiquent une polyculture à base de maïs et un élevage varié où dominent les moutons. Face à ce premier système d’exploitation du sol, il existait dans les Andes, jusqu’en 1969, des haciendas nées de l’appropriation du sol par les colons espagnols. Ces grands domaines étaient parfois restés entre les mains des familles traditionnelles, parfois regroupés dans le cadre de véritables sociétés foncières. Ils servaient surtout à l’élevage du mouton, selon des techniques plus ou moins extensives ; la main-d’œuvre était fournie par les paysans des Andes soumis d’abord au travail obligatoire, puis rémunérés par un système de colonat, qui les attachait plus ou moins à la terre par le biais de redevances diverses à l’égard du propriétaire. En principe, ces haciendas andines ont été supprimées par la réforme agraire de 1969, qui en a prévu l’expropriation au profit de coopératives paysannes. Mais l’application de cette loi n’est pas encore globale et n’a pas donné tous les résultats escomptés.

Cette opposition entre deux formes de propriété se retrouve dans les oasis côtières. Jusqu’à la réforme agraire, les domaines de plus de 100 ha occupaient environ 80 p. 100 des terres irriguées, mais il s’agissait d’haciendas plus modernes que celles des Andes dont les terres étaient exploitées de façon intensive dans le cadre de véritables entreprises agricoles, sous la responsabilité de métayers. La réforme de 1969 les a parfois démembrés pour les remettre, en plus petites propriétés, aux anciens ouvriers agricoles et aux métayers, parfois confiées à des communautés d’exploitation, les anciens propriétaires ne pouvant conserver que 150 ha au maximum. À côté de ces grandes entreprises subsistent de petites exploitations dues à l’association de très petits propriétaires indiens descendus des Andes, et des domaines de dimension moyenne nés dans des zones d’irrigation plus récentes. Ceux-ci appartiennent souvent à des métis, mais ne subsistent guère en raison du système d’héritage qui les morcelle et les fait passer très vite dans la catégorie des trop petites propriétés.

Les oasis côtières abritent des cultures irriguées variées : le coton a été pendant longtemps la principale culture commerciale ; il s’accompagne aujourd’hui de la canne à sucre et du riz ainsi que d’un certain nombre de plantes vivrières et, autour de Lima, de cultures maraîchères et fruitières.

La forêt orientale ne connaît guère d’autres activités que la cueillette. Aussi le sol cultivé n’occupe-t-il que 2,1 p. 100 de l’ensemble de la superficie du Pérou, et les pâturages naturels, 21 p. 100. Le reste du territoire est soit livré à la forêt et aux broussailles, soit le domaine du désert dans la partie côtière.

Cette faiblesse de l’utilisation du sol relève de deux causes : la première est liée à l’importance des terrains naturellement improductifs par suite du climat désertique de la côte ou de la vigueur du relief andin ; la seconde est due à l’inégale distribution de la population, presque totalement absente sur les 60 p. 100 du territoire représentés par la forêt amazonienne. Faute d’un véritable mouvement de colonisation, celle-ci n’a connu aucun défrichement systématique suivi d’une véritable mise en valeur. Certes, un certain nombre d’exploitations tentent non seulement de tirer de la forêt les ressources immédiatement accessibles, mais de pratiquer quelques cultures. Cependant, d’une façon générale, le grand territoire oriental reste en dehors de la superficie agricole.

Le Pérou dispose néanmoins d’un cheptel important où prédomine le mouton, mieux adapté aux conditions d’élevage des Andes, et de trois grandes productions commerciales, riz, canne à sucre et coton, qui dépassent les besoins limités de l’économie péruvienne et sont partiellement destinées à l’exportation. À toutes ces activités agro-pastorales s’ajoute l’exploitation des fonds marins, qui, près du littoral, sont extrêmement poissonneux par suite de la remontée des eaux froides. Aussi existe-t-il une économie de pêche à partir de petits ports qui ont reçu, certaines années, plus de 10 Mt de poissons, traités surtout dans des usines fabriquant des farines et autres produits. Cette abondance du poisson a provoqué la présence de nombreux oiseaux de mer qui vivent sur les côtes et dont les déjections ont donné le guano, jadis exploité comme engrais et exporté vers l’Europe.