Perier (les) (suite)
Son fils Auguste Casimir-Perier (Paris 1811 - id. 1876), député de la Seine sous la monarchie de Juillet, de l’Aube sous la IIe République, se révèle rapidement un opposant résolu à l’Empire. Maire de Vizille, battu aux élections législatives de 1863, malgré le ralliement des républicains à sa candidature, il est l’objet de poursuites pour délit de presse, mais acquitté. Il prône le non au plébiscite de 1870. Député de l’Aube sous la IIIe République, il se rallie à la république conservatrice, prend le portefeuille de l’Intérieur à deux reprises et suit Thiers dans sa chute en mai 1873.
Jean Casimir-Perier (Paris 1847 - id. 1907), fils aîné du précédent, député de l’Aube, devient président de la Chambre en 1893. En décembre de cette année, il est chargé de constituer le nouveau cabinet, qu’il oriente nettement à droite. Son gouvernement est marqué par la répression du mouvement anarchiste, les « lois scélérates » et l’apaisement religieux inspiré par le ministre de l’Instruction publique et des Cultes, Eugène Spuller. Président de la République le 27 juin 1894 à la suite de l’assassinat de Sadi Carnot, Casimir-Perier braque la gauche en manifestant un autoritarisme maladroit. Condamnant implicitement la pratique constitutionnelle, qui voue le chef de l’État à l’impuissance, et clamant sa volonté d’utiliser tous les pouvoirs que lui confie sa charge, le nouveau président laisse percer d’inquiétantes préoccupations. Il démissionne pourtant à la surprise générale le 16 janvier 1895, en donnant comme motif officiel l’impossibilité d’appliquer ses conceptions.
La politique de Casimir Perier
« Les principes que nous professons, et hors desquels nous ne laisserons aucune autorité s’égarer, sont les principes mêmes de notre révolution. Nous devons les établir nettement, sans les exagérer, sans les affaiblir. Le principe de la révolution de Juillet et par conséquent du gouvernement qui en dérive, ce n’est pas l’insurrection. Le principe de la révolution de Juillet, c’est la résistance à l’agression du pouvoir [...], le respect de la foi jurée, le respect du droit, voilà donc le principe de la révolution de Juillet [...]. Il faut que l’ordre soit maintenu, les lois exécutées, le pouvoir respecté. C’est d’ordre légal et de pouvoir que la société a besoin car c’est faute d’ordre et de pouvoir qu’elle se laisse gagner par la défiance, source unique des embarras et des périls du moment [...]. Nous soutiendrons le principe de non-intervention en tout lieu par la voie des négociations. Ce principe a été posé, nous l’adoptons. Est-ce à dire que nous nous engageons à porter nos armes partout où il ne sera pas respecté ? Messieurs, ce serait renouveler les prétentions de la Sainte-Alliance, ce serait tomber dans la chimérique ambition de tous ceux qui ont voulu soumettre l’Europe au joug d’une seule idée et réaliser la monarchie universelle. Ainsi entendu, le principe de non-intervention servirait de masque à l’esprit de conquête [...]. Nous ne concédons à aucun peuple le droit de nous forcer à combattre pour sa cause, et le sang des Français n’appartient qu’à la France. »
Discours à la Chambre des députés, 18 mars 1831.
J. L. Y.
S. Charléty, la Monarchie de Juillet, t. IV et V de l’Histoire de la France contemporaine, sous la dir. d’E. Lavisse (Hachette, 1921 ; 2 vol.). / G. de Bertier de Sauvigny, la Restauration (Flammarion, 1955). / C. de Rémusat, Mémoires de ma vie, présentés et annotés par C. Pouthas (Plon, 1958-1967 ; 5 vol.). / P. Barral, les Perier dans l’Isère au xixe siècle, d’après leur correspondance familiale (P. U. F., 1964).
