Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Périclès (suite)

Le système des clérouquies notamment fut développé, permettant aux thêtes qui acceptaient de s’expatrier (sans perdre, du fait de leur installation en terre étrangère, leurs droits de citoyen) de devenir zeugites, puisqu’on leur donnait une propriété dont le revenu équivalait au cens de cette troisième classe ; le corps social ainsi se démocratisait. Mais, désormais, trop d’Athéniens ne vivaient plus que par l’Empire ; sa perte ne pouvait s’admettre et aurait ébranlé les fondements mêmes de la société démocratique.

Pourtant, trop de sujets étaient mécontents, et la puissance d’Athènes était fragile. Mais la grandeur de l’Athènes de Périclès tient peut-être justement à ce qu’elle risquait de disparaître pour le plaisir de connaître la gloire d’avoir dominé le monde.


La guerre

La guerre en effet qui finit par abattre Athènes (en 405, après la bataille d’Aigos-Potamos) naquit de l’Empire, acceptée par Périclès comme par Sparte, qui y voyait comme un moyen de donner à juger aux dieux et aux hommes de la valeur de leurs institutions.

En 441, Samos avait eu l’audace de s’attaquer à Milet, la patrie d’Aspasie. Périclès, après avoir voulu imposer un arbitrage diplomatique entre les deux cités, avait envoyé quarante vaisseaux qui prirent la ville ; les alliés, qui en avaient profité pour se détacher d’Athènes, furent, eux aussi, soumis. En 433, Athènes ordonna à Potidée de raser ses murailles : la cité, colonie de Corinthe, fit appel à la métropole et fonda avec les autres cités de Chalcidique une ligue qui se dressa contre Athènes (Potidée résista jusqu’en 429 aux assauts des troupes athéniennes). Ce fut lorsque Périclès ordonna que se fermassent aux navires de Mégare, ville de l’Isthme favorable à Sparte, l’ensemble des ports de l’Empire et les marchés d’Athènes que les Spartiates et leurs alliés péloponnésiens se décidèrent à en découdre (poussés par Corinthe, qui songeait au sort de sa colonie de Thrace).

Les Péloponnésiens envisageaient une victoire rapide, confiants en la valeur traditionnelle de leur infanterie ; d’ailleurs, l’état de leurs finances leur interdisait en principe de prolonger les hostilités. Périclès, lui, devait envisager autrement le déroulement de la guerre : il lui fallait compter avec la médiocrité éventuelle du soldat-citoyen et avec sa clientèle populaire dans une cité où l’hoplite n’était pas nécessairement un partisan de sa démocratie ; sa situation s’était quelque peu détériorée (son autorité s’affaiblissait de ses quinze ans de pouvoir ininterrompu), puisque depuis le retour de Thucydide (433) s’étaient reconstitués les clubs d’aristocrates (hétairies) et que l’on intentait des procès à ses familiers en espérant l’atteindre (à Phidias, à Anaxagore, à Aspasie elle-même).

Il fit se replier toute la cité sous la protection des Longs Murs ; l’Attique fut abandonnée à l’ennemi. Ce fut à la flotte que revint la charge de nourrir la cité, d’inquiéter l’adversaire en harcelant ses côtes. Les risques d’une telle stratégie étaient grands : on pouvait craindre de voir la cité se démoraliser à veiller, inutile, aux remparts, tandis que l’ennemi brûlait récoltes et villages, mais surtout, à long terme, on provoquait la destruction de la classe des petits propriétaires fonciers qui, depuis l’époque de Pisistrate, avaient fait la puissance, la santé et l’équilibre d’Athènes. Périclès espérait pouvoir, par sa présence, garantir le moral des citoyens, par la victoire enrichir assez Athènes pour que ses pertes ne lui fussent rien.

La première année de guerre parut lui donner raison : les Spartiates et leurs alliés envahirent l’Attique, mais durent se retirer sans avoir pu combattre, Périclès ayant refusé une sortie de l’armée athénienne. En revanche, la flotte sema la terreur le long des côtes péloponnésiennes et des garnisons s’installèrent sur les sites stratégiques (Égine). La puissance de l’Empire, l’invulnérabilité de la flotte semblaient promettre une victoire facile ; Périclès disait sa confiance aux citoyens rassemblés pour l’éloge aux morts à la fin de la campagne.

L’année 430 vit arriver, par un vaisseau d’Égypte, la peste qui, dans la ville surpeuplée, fit des ravages (un tiers de la population d’Athènes périt). Le peuple vit en Périclès le responsable de ses souffrances ; il fut déposé, il lui fallut rendre des comptes sur ses quinze années de pouvoir et il ne put justifier l’emploi de tous ses fonds secrets. Le tribunal populaire le condamna à une amende de cinquante talents. Pourtant, sa disgrâce n’apportait nul soulagement, les défaites s’accumulèrent.

Dans la cité affaiblie, il restait l’homme nécessaire : au printemps de 429, il fut réélu stratège. Durant l’été, il eut la joie de voir la flotte athénienne remporter les victoires de Potidée et Naupacte. Ses deux fils étaient morts et il était lui-même usé par les charges qu’il avait assumées ; il mourut en septembre.

« Tout le temps qu’il fut à la tête de la cité pendant la paix, il la dirigeait avec modération et sut veiller sur elle de façon sûre... et de même, lorsqu’il y eut la guerre, il apparaît que là aussi il apprécia d’emblée sa puissance. » Thucydide, II, 65-5 (trad. J. Romilly.)

Mais nul ne pouvait assurer sa succession ; ce grand homme trop puissant semblait avoir fait autour de lui le vide.

J.-M. B.

➙ Athènes / Grèce / Sparte.

 V. Ehrenberg, Sophocles and Pericles (Oxford, 1954). / L. Homo, Périclès (Laffont, 1954). / F. Schachermeyr, Perikles (Stuttgart, 1969). / M. Nouhaud, Panorama du siècle de Périclès (Seghers, 1970). / E. Will, le Monde grec et l’Orient, t. I : le ve siècle 510-403 (P. U. F., 1972).

Perier (les)

Famille d’industriels, de négociants et d’hommes politiques français du xixe s.


À l’origine de cette dynastie, dont le berceau fut l’Isère, se trouve Jacques Perier, un mercier enrichi dans le commerce des toiles de Voiron, et déjà préoccupé par une ascension sociale qu’il entame en achetant des terres et en occupant des charges municipales.