Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pépin le Bref (suite)

Écartant Drogon, jeune fils de Carloman, Pépin, par mesure de clémence, libère aussitôt son demi-frère Griffon. Mais celui-ci suscite une révolte des Saxons, puis usurpe le duché de Bavière à la mort d’Odilon le 18 janvier 748. Imposant alors par la force un tribut aux Saxons en 748, le maire du palais occupe en 749 la Bavière, capturant Griffon et assurant la succession du duché à son neveu Tassilon III, fils d’Odilon, sous la régence de la veuve du défunt, la Carolingienne Hiltrude (749-763).


Le roi des Francs (751-768)


L’avènement de la dynastie carolingienne

Redoutant d’éventuelles prétentions de Drogon au majorat, voire à la royauté, constatant que Griffon, encore une fois libéré, se réfugie en Aquitaine pour y inciter Hunaud a se révolter de nouveau, Pépin le Bref obtient alors du pape Zacharie (741-752) le droit d’asseoir son pouvoir sur des bases plus sûres en substituant à l’antique et mystérieuse « virtus regia », détenue par la race mérovingienne, une légitimité nouvelle qui mette les principes en accord avec les faits : est roi celui qui détient la réalité du pouvoir. Approuvé en 750 par le pape, il fait déposer Childéric III par l’assemblée de Francs de Soissons, qui l’élit aussitôt roi en novembre 751. Sacré avec de l’huile sainte par Boniface, il scelle avec l’Église l’alliance qui lui permet, sans trouble intérieur, de substituer à la dynastie des Mérovingiens celle des Carolingiens, en qui s’efface le souvenir des Pippinides.


L’intervention en Italie

Sollicité par le pape Étienne II (752-757), qu’il accueille à Ponthion le 6 janvier 754, d’intervenir en Italie contre le roi des Lombards Aistolf (749-756), Pépin le Bref obtient d’être sacré une seconde fois à Saint-Denis, avec ses fils Charles et Carloman, par le pontife le 28 juillet 754 : ainsi est instaurée l’hérédité de la royauté. Créé, en même temps que ses fils, « patricius Romanorum », titre qu’il ne portera jamais personnellement par crainte de mécontenter l’empereur byzantin, il entame la première campagne d’Italie, dont il a fait accepter difficilement le principe par l’assemblée des Francs réunie à Quierzy en avril 754. Passant par le Mont-Cenis, il assiège Aistolf dans Pavie et le contraint à la paix. Mais celui-ci n’en ayant pas exécuté les clauses territoriales, il entame une seconde campagne d’Italie. De nouveau enfermé dans Pavie, Aistolf fait sa soumission à Pépin, lui paye indemnité et tribut, et lui « restitue » enfin l’exarchat de Ravenne, Narni et Comacchio, dont le Carolingien fait aussitôt donation écrite à Saint-Pierre, dont il assure désormais la protection contre les ambitions du nouveau roi des Lombards Didier (756-774).


Extension et consolidation de la puissance franque

Arbitre reconnu de l’Italie en 763, Pépin le Bref conquiert la Septimanie en 752, occupe Narbonne en 759, soumet l’Aquitaine au terme de huit campagnes annuelles (de 760 à 763 et de 765 à 768), qui s’achèvent par l’assassinat de Waifre le 2 juin 768, par la substitution de comtes francs aux comtes nommés par les ducs nationaux et par la promulgation à Saintes d’un capitulaire qui doit y faire régner la sécurité individuelle et la personnalité du droit.

Aux frontières du monde germanique, il n’impose que très difficilement aux Saxons le versement d’un tribut annuel de trois cents chevaux au terme de deux expéditions en 753 et en 758 ; surtout, il ne peut empêcher en 763 Tassilon III de se rendre indépendant, bien que ce dernier lui ait prêté hommage en 757 et qu’il l’ait servi fidèlement depuis lors.

Plus heureux dans ses rapports avec le clergé, il s’entend avec l’héritier spirituel de saint Boniface, l’évêque de Metz Chrodegang, pour réunir à Ver en 755, à Verberie en 756, à Compiègne en 757 et à Attigny en 762 des conciles qui reconnaissent son autorité sur l’Église franque au nord de la Loire et facilitent l’alignement institutionnel et disciplinaire sur Rome.


Le bilan

Recevant trois ambassadeurs byzantins entre 757 et 767, ouvrant un grand débat avec l’Église orientale lors du concile de Gentilly, qu’il préside personnellement en 767, envoyant en 765 une ambassade à Bagdad, recevant enfin en 768 les représentants du calife ‘abbāsside al-Manṣūr, Pépin le Bref élargit l’horizon de la monarchie franque après avoir restauré l’unité de l’État, rétabli le prestige et l’autorité de son souverain, et scellé l’alliance de sa dynastie avec Rome. Quand il disparaît le 24 septembre 768, il laisse donc ouvertes les voies de l’avenir à ses héritiers Carloman et Charles, entre lesquels il vient de partager son royaume.

P. T.

➙ Aquitaine / Carolingiens / Charlemagne / Mérovingiens.

 F. Lot, F.-L. Ganshof et C. Pfister, les Destinées de l’Empire en Occident de 395 à 888 (P. U. F., coll. « Histoire générale » sous la dir. de G. Glotz, 1934). / G. Fournier, l’Occident de la fin du ve s. à la fin du ixe s. (A. Colin, coll. « U », 1971). / R. Folz, A. Guillou, L. Musset et D. Sourdel, De l’Antiquité au monde médiéval (P. U. F., 1972).

perçage

Opération d’usinage destinée à réaliser des trous cylindriques, passants et borgnes, généralement en pleine matière.



Introduction

Les machines-outils spécialement conçues pour cet usinage sont appelées perceuses, mais les opérations de perçage peuvent être également réalisées sur des tours, des fraiseuses, voire des aléseuses.

L’outil utilisé, appelé foret ou encore mèche, présente généralement deux tranchants et ressemble aux fraises à queue à deux tailles avec deux tranchants en hélice. Il est fixé dans la broche de la perceuse de manière que son axe soit rigoureusement confondu avec l’axe de rotation de la broche. Entraîné par cette broche, il tourne sur lui-même autour de son axe longitudinal (mouvement de coupe) et avance axialement dans la pièce à percer (mouvement d’avance). La vitesse de rotation du foret doit être telle que la vitesse linéaire au point de l’arête le plus éloigné de l’axe soit compatible notamment avec la vitesse de coupe de la matière usinée. Le perçage des trous d’assez grand diamètre se fait presque toujours en plusieurs opérations, en utilisant des forets de diamètre croissant. Les trous intermédiaires sont appelés avant-trous. En effet, plus le diamètre d’un foret est grand, plus son noyau central est important et plus il est difficile à ce foret de pénétrer en pleine matière sans avant-trou. L’opération de perçage s’accompagne d’un grand dégagement de chaleur, et il faut abondamment lubrifier avec un mélange d’huile soluble et d’eau. Certains forets, notamment ceux qui sont utilisés pour le perçage des trous profonds, sont creux, ce qui permet d’envoyer l’huile soluble sous pression dans la zone de coupe.