Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Péloponnèse (suite)

L’histoire

(Pour l’histoire ancienne v. Grèce et Sparte.)

L’ancienne province grecque d’Élide, sur la côte occidentale du Péloponnèse, prit au Moyen Âge le nom de Morée en raison de l’importance de ses plantations de mûriers (morea) ; cette appellation s’étendit bientôt à l’ensemble du Péloponnèse.

Lorsque la quatrième croisade* eut abouti à la conquête de l’Empire byzantin en 1204 par les Latins, le nouvel empereur, Baudouin Ier de Flandre, distribua en fiefs, selon la coutume féodale, de nombreux territoires aux seigneurs francs qui l’avaient aidé dans son expédition.

L’un d’eux, Guillaume de Champlitte, fut investi de la Morée, dont la conquête avait été commencée par Geoffroi de Villehardouin aidé par un seigneur byzantin, Jean Cantacuzène, qui régnait en Messénie. Ces régions appartenaient en fait depuis longtemps à des despotes byzantins, pratiquement indépendants de l’empereur de Constantinople.

Le Péloponnèse était sous le joug d’un tyran, Léon Sgouros. Guillaume de Champlitte et Geoffroi de Villehardouin s’en emparèrent en deux ans (1205-1207) ; après le départ (1208) de Guillaume de Champlitte en France et après la mort de son neveu Hugues, Geoffroi de Villehardouin fut élu prince de Morée ou d’Achaïe en 1209.

La principauté fut divisée en douze grands fiefs, et un régime seigneurial, codifié dans les Assises de Romanie, s’y installa à l’image de celui qui existait dans la métropole, si bien qu’en 1224 le pape Honorius III pouvait parler de cette « Nouvelle France » qu’était la Morée. Geoffroi Ier de Villehardouin avait fait hommage de sa principauté à Venise, qui avait occupé des ports d’escale, comme Coron et Modon dans le sud du pays.

Dès 1262, toutefois, après la chute de l’Empire latin de Constantinople, le prince Guillaume II de Villehardouin du céder aux Byzantins le sud-est de la Morée avec les places fortes de Monemvasie (Malvoisie) et de Mistra*. À la mort de Guillaume II en 1278, la Morée franque passait aux mains du roi de Sicile, l’ambitieux Charles Ier* d’Anjou, grâce au mariage, en 1271, de son fils Philippe avec la fille unique de Guillaume II, Isabelle.

Après la mort de son beau-père, Isabelle de Villehardouin régna sur la Morée jusqu’à sa mort en 1311. Au xvie s., la principauté, que se disputaient divers princes européens, comme les rois de Sicile et d’Aragon, fut la proie à la fois du despote byzantin qui régnait à Mistra et de bandes de mercenaires catalans ou navarrais, et succomba finalement sous leurs coups au début du xve s., lorsqu’en 1429 le despote Thomas Paléologue dépossédait le dernier prince latin d’Achaïe, Centurione Zaccaria († 1432).

Le despotat byzantin de Morée devint au xive s. une province autonome aux mains de la famille Cantacuzène. Démétrios Cantacuzène ayant voulu secouer le joug de Byzance, l’empereur Jean V (1341-1391) envoya contre lui en 1383 son fils Théodore Paléologue, qui s’empara du pays et en devint le despote jusqu’en 1407.

Désormais, la Morée allait être gouvernée jusqu’à la chute de l’Empire par des cadets de la famille impériale. Sous leur impulsion, cette province devint un brillant foyer culturel, et Mistra fut le véritable centre d’attraction des artistes byzantins, qui dotèrent la ville de nombreux chefs-d’œuvre, notamment de superbes mosaïques.

À partir du début du xve s., les Turcs attaquèrent la Morée, qu’ils ravagèrent à plusieurs reprises. En 1452, une expédition militaire des Ottomans empêcha les derniers despotes, les frères Thomas et Démétrios Paléologue, de venir au secours de Constantinople, qui succombait l’année suivante.

En 1456, Mehmed II envahissait la Morée malgré l’héroïque résistance de ses habitants. Thomas et Démétrios Paléologue furent définitivement vaincus en 1460, et, désormais, toute la Morée était sous la domination turque, à l’exception de Modon, de Coron et de Monemvasie ; mais, en 1499, Venise, après une défaite sur mer, perdait Modon et Coron ; elle ne conservait plus en Morée que Nauplie, Patras et Monemvasie, qui devait succomber en 1540.

De 1684 à 1687, grâce à un grand stratège maritime, Francesco Morosini (1617-1694), Venise parvenait à reconquérir la Morée presque tout entière, mais une nouvelle guerre commencée en 1714 lui fit reperdre bientôt toutes ses conquêtes (traité de Passarowitz, 1718).

La Morée végéta sous le joug turc jusqu’au début du xxe s., lorsqu’une expédition française, commandée par le maréchal Maison (1771-1840), la délivra définitivement des Ottomans en 1828. Elle fit dès lors partie du royaume de Grèce.

P. P.

➙ Byzantin (Empire) / Grèce / Mistra / Sparte.

 R. Grousset, l’Empire du Levant (Payot, 1946). / J. Longnon, l’Empire latin de Constantinople et la principauté de Morée (Payot, 1949). / F. Thiriet, la Romanie vénitienne au Moyen Âge (de Boccard, 1959). / A. Bon, la Morée franque (de Boccard, 1969). / J. Longnon et P. Topping, Documents sur le régime des terres dans la principauté de Morée au xive siècle (Mouton, 1969).

Peltier (effet) et effet Thomson

Noms donnés à deux phénomènes utilisés en calorimétrie*.



Effet Peltier

Lorsqu’un conducteur métallique est formé de deux parties homogènes de natures différentes à la même température, chacune des parties est un volume équipotentiel, mais il existe entre elles une différence de potentiel de contact u = V1 – V2. Dans le cas des métaux conducteurs, elle est de quelques millivolts : 3 mV pour fer/cuivre, 21 mV pour bismuth/cuivre. Lorsqu’il passe un courant d’intensité I dans ce conducteur, il se produit un dégagement de chaleur si le courant passe du conducteur au potentiel le plus élevé vers celui au potentiel le plus bas et une absorption de chaleur dans l’autre cas ; la puissance calorifique est toujours P = uI. Ce phénomène calorifique réversible a reçu le nom d’effet Peltier. Pour qu’il soit observable, il faut que l’effet Joule, non réversible, soit négligeable, c’est-à-dire qu’on utilise des conducteurs de faible résistance.