Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Péguy (Charles) (suite)

Ce sont dès lors les chants alternés des Tapisseries et d’Ève qui offrent la vision d’un monde neuf. Un élan créateur continu, dont les jaillissements ordonnent une phrase qui retourne sur elle-même pour y puiser de nouvelles forces, magnifie l’ordre de Dieu. Émotions, images, rythmes, dans l’insistant piétinement d’une poésie incantatoire, épousent fidèlement la ligne sinueuse d’une inspiration toute chrétienne. Et pourtant que de déceptions ! Les Mystères connaissent l’insuccès, et Péguy est attaqué de toutes parts, autant par les « catholiques mondains » que par le « parti intellectuel ». Un nouveau théologien, puis l’Argent n’épargnent ni les uns ni les autres.

Péguy partira pour la « dernière des guerres » avec un détachement mystique, conscient de combattre encore une fois pour une juste cause. Déjà, neuf ans plus tôt, dans Notre patrie, il avait dit son sentiment de filiation au sol natal, terre des valeurs incarnées. « Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle. »

A. M.-B.

 J. et J. Tharaud, Notre cher Péguy (la Palatine, Genève, 1943). / J. Delaporte, Connaissance de Péguy (Plon, 1944 ; 2 vol.). / R. Rolland, Péguy (A. Michel, 1944 ; 2 vol.). / A. Rousseaux, le Prophète Péguy (A. Michel, 1946 ; 2 vol.). / B. Guyon, Péguy, l’homme et l’œuvre (Hatier, 1960) ; Péguy devant Dieu (Desclée De Brouwer, 1974). / J. Onimus, la Route de Charles Péguy (Plon, 1962). / P. Duployé, la Religion de Péguy (Klincksieck, 1965). / T. Quoniam, Péguy (Bordas, 1967). / A. Robinet, Péguy entre Jaurès, Bergson et l’Église (Seghers, 1968) ; Métaphysique et politique selon Péguy (Seghers, 1971). / J. Bastaire, Péguy tel qu’on l’ignore (Gallimard, 1973) ; Péguy l’insurgé (Payot, 1975). / Les Critiques de notre temps et Péguy (Garnier, 1973).
On peut également consulter les Cahiers de l’Amitié Charles Péguy, publiés depuis novembre 1947 (la Bergerie, trimestriel).

Jalons biographiques

1873

Naissance à Orléans de Charles Péguy (7 janv.). Son père meurt quelques mois après.

1885

Après ses études primaires, Péguy entre comme boursier au lycée d’Orléans, où il fait d’excellentes études.

1891

Il prépare l’École normale supérieure au lycée Lakanal.

1892-93

Après un échec au concours, il fait son service militaire.

1893

Élève au collège Sainte-Barbe, il se lie avec Marcel Baudouin, Jérôme et Jean Tharaud, Joseph Lotte, Pesloüan, etc.

1894

Reçu à l’École normale, il s’inscrit au parti socialiste et commence sa Jeanne d’Arc.

1895-96

En congé à Orléans, il apprend la typographie et fonde un groupe socialiste. Mort de Marcel Baudouin (juill. 1896).

1897

Péguy épouse la sœur de Marcel Baudouin (oct), Charlotte. Il écrit dans la Revue socialiste. Publication de Jeanne d’Arc (déc.), sous la signature de Marcel et Pierre Baudouin.

1898

Fondation de la « Librairie Georges Bellais », dite « Librairie socialiste » (mai). Batailles dreyfusistes. Publication de Marcel, premier dialogue de la cité harmonieuse (juin). Échec à l’agrégation de philosophie (août). Péguy quitte définitivement l’université.

1899

Il collabore à la Revue blanche. Rupture avec le parti socialiste.

1900

Fondation des Cahiers de la quinzaine (5 janv.). Ire série des Cahiers : De la grippe (févr.), Encore de la grippe (mars), Toujours de la grippe (avr.).

1902

IVe série : De Jean Coste (nov.).

1905

VIIe série : Notre patrie (oct.), les Suppliants parallèles (déc.), Louis de Gonzague (déc.).

1906

Début des Situations, analyses sur l’histoire et le monde moderne.

1908

Péguy retrouve la foi catholique.

1909

Xe série : À nos amis, à nos abonnés (juin). Péguy entreprend Clio, repris en 1912 et resté inédit à sa mort.

1910

XIe série : le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc (janv.) ; Notre jeunesse (juill.). XIIe série : Victor-Marie, comte Hugo (oct.).

1911

XIIIe série : Un nouveau théologien, M. Fernand Laudet (sept.) ; le Porche du mystère de la deuxième vertu (oct.).

1912

le Mystère des saints Innocents (mars). Pèlerinage de Péguy à Chartres (juin). XIVe série : la Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc (déc.).

1913

l’Argent (févr) ; l’Argent, suite (avr.) ; la Tapisserie de Notre-Dame (mai). Dernier pèlerinage de Péguy à Chartres (juill.). XVe série : Ève (déc.).

1914

Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne (avr.). Péguy commence la Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne. Le 4 août, il part pour le front et commande une compagnie d’infanterie. Il est tué le 5 septembre près de Villeroy.

peinture

Art de peindre ; ouvrage résultant de la pratique de cet art.



Introduction

Si la technique en peinture est bien déterminée essentiellement par le type des matériaux utilisés, elle est aussi directement dépendante de l’expression recherchée. Ainsi s’expliquent, à travers l’histoire de la peinture, bien des mutations d’une technique à l’autre (comme dans le passage de la tempera d’émulsion à la peinture à l’huile, par exemple), mais aussi tant de maniements différents d’une même « technique », de Van Eyck à Rembrandt, de Poussin à Nicolas de Staël...

L’histoire de la peinture est, en grande partie, celle des rapports entre ses quatre éléments matériels fondamentaux : des pigments de couleurs, un medium liquide (ou liant), qui a pour fonction de les véhiculer, de les associer, de les fixer au support et dont la nature conditionne étroitement la forme technique de l’œuvre ; un enduit qui facilite cette adhésivité, participe à l’effet final de la matière picturale et protège réciproquement le support et le liant de toute « interaction » qui pourrait souvent se révéler destructive. La texture même de l’enduit peut influencer la pose même de la couleur et la structure de la couche picturale ; combien de craquelures ne sont-elles pas dues à un mauvais enduit !