Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Argentine (suite)

Au sud de Tucumán commence le domaine de l’aridité et des oasis. À Mendoza se sont développés, grâce à l’irrigation, d’abord un grand vignoble qui couvre maintenant près de 250 000 ha et produit environ 20 Mhl de vin, puis, sur environ 100 000 autres hectares, des vergers, des oliveraies et des plantations de cultures fourragères pour le bétail. Qu’il s’agisse de Mendoza, de San Juan ou de San Rafael, ces oasis subandines se sont développées autour d’une ville. Cette région possède de surcroît des gisements de pétrole, de gaz naturel, des ressources hydro-électriques grâce auxquelles se sont développées des activités industrielles.


La région subtropicale orientale

La troisième région périphérique, qui couvre le nord et le nord-est de l’Argentine, était jadis le domaine de l’élevage extensif et de l’exploitation de l’arbre à tanin, le quebracho. Tandis que cette exploitation tombait en décadence, les grandes estancias d’élevage, au contraire, se morcelaient parfois, pour les cultures du coton principalement, du tabac, des oléagineux et des fruits. Du côté du Chaco, c’est la ville de Resistencia, avec environ 100 000 habitants, qui constitue le centre des activités. Plus à l’est, la région dite « des Misiones » a été pendant longtemps le domaine de la cueillette, et même de la plantation de l’herbe à maté. Avec la décadence de cette activité se sont développées des cultures d’agrumes ou de tabac, et même quelques plantations de thé. Mais on trouve aussi d’immenses estancias d’élevage extensif, témoins du caractère encore traditionnel et peu développé de cette région, dont la capitale, Posadas, reste une ville modeste et mal équipée.


La région de Buenos Aires

Contrastant avec ces régions périphériques de faible densité, dont la mise en valeur repose sur quelques spéculations liées à la capitale, la Pampa, plus précisément la région de Buenos Aires, constitue (avec l’axe du Río de la Plata) le cœur même de l’Argentine. La seule ville de Buenos Aires rassemble pratiquement le tiers des habitants de l’Argentine ; en y ajoutant les 7 ou 8 villes qui s’alignent sur la rive droite du Río de la Plata et du Paraná, on compte là plus de 10 millions d’habitants, employés essentiellement dans les secteurs industriels ou tertiaires, dans une zone qui concentre plus des trois quarts de la puissance industrielle du pays.

Hypertrophie de la capitale par rapport au reste de l’espace, concentration de l’essentiel des activités économiques, telles sont les caractéristiques principales de cet unique pôle de développement de l’Argentine. Autour de ce noyau, et grâce aussi bien à la proximité de Buenos Aires qu’à ses conditions naturelles, la Pampa est devenue le cœur agricole de l’Argentine. L’agriculture se pratique dans le cadre de petites propriétés, où les paysans s’efforcent maintenant d’associer la culture des céréales à celle des oléagineux et des plantes fourragères, destinées à l’élevage laitier. Il s’agit parfois de petites exploitations, nées du morcellement d’une grande propriété en petites unités de production, que le propriétaire foncier confie en métayage aux paysans.

En dépit du développement de ces cultures, la Pampa reste avant tout le domaine de l’élevage ; les herbages nourrissent en effet un troupeau s’élevant à 50 millions de bovins et 35 millions d’ovins. L’ensemble de la production converge vers Buenos Aires et ses alentours, où se trouvent les entrepôts, les minoteries, les abattoirs géants ; elle y est traitée en vue de la consommation intérieure, mais également en vue de l’exportation. Alors que dans l’Argentine périphérique la liaison avec Buenos Aires se fait par une voie de chemin de fer ou une route, dans la Pampa, au contraire, un véritable réseau ferroviaire et routier converge vers la capitale, symbole du développement de l’économie argentine.

M. R.

➙ Amérique latine / Andes / Buenos Aires / Córdoba / Rosario.

 J. Touchard, la République argentine (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949 ; 4e éd. par J. Touchard et A. Rouquié, 1972). / R. M. Albérès, Argentine, un monde, une ville (Hachette, 1957). / F. de Aparicio et H. A. Difrieri, La Argentina, suma de geografia (Buenos Aires, 1958-1963 ; 9 vol.). / O. N. U., El Desarrollo económico en la Argentine (Mexico, C. E. P. A. L, 1959). / A. Ferrer, La Economía argentina (Mexico, 1963). / H. Wilhelmy et W. Rohmeder : Die La Plata Länder (Brunswick, 1963). / J. Fuchs, Argentina, su desarrollo capitaliste (Buenos Aires, 1965). / P. Kalfon, Argentine (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1967).


La littérature

V. hispano-américain (domaine littéraire).


La musique. Le cinéma

V. Amérique latine.


L’art en Argentine


Époque coloniale

Durant cette époque (1515-1810), les arts jouent un rôle modeste. Ce n’est guère qu’au xviiie s. qu’apparaît, dans le domaine religieux, une architecture de valeur. À Buenos Aires, la cathédrale — bâtie en plusieurs étapes — et l’église de Santo Domingo sont surtout l’œuvre d’un Italien, Antonio Masella. Plus remarquables sont deux autres églises achevées en 1734, celle de San Ignacio, due à un jésuite allemand, le P. Johann Kraus, et celle du Pilar, due à un jésuite italien, le P. Andrea Blanqui. Ce dernier est aussi l’auteur de la Merced, de San Francisco, de las Catalinas, de San Telmo, toutes à Buenos Aires, du plan définitif de la cathédrale de Córdoba, ainsi que de l’église d’Alta Gracia et de la « ferme jésuitique » (estancia jesúitica) de Jesus-María. À Córdoba, il faut signaler aussi l’église jésuite de La Compañía, due à un Belge, le P. Philippe Lemer, qui la dota d’un magnifique plafond « en carène », réalisé avec du bois apporté par voie fluviale du Paraguay. À la frontière de ce pays, justement, on trouve encore la marque des Jésuites dans les ruines de San Ignacio, l’une des plus belles églises des Missions.

Pendant la durée de la colonie, la peinture ne se développa guère, la sculpture d’images — locale ou importée — lui étant toujours très supérieure.