Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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peau (suite)

• Tumeurs épithéliales malignes
De nombreuses causes favorisent leur survenue : microtraumatismes répétés (lunettes, bandage herniaire), cicatrices anciennes et étendues de brûlures, lumière (fréquence de ces tumeurs chez les paysans), radiodermites tardives scléro-atrophiques, facteurs chimiques (goudron, arsenic), certaines dermatoses préexistantes (xéroderma-pigmentosum, kératose sénile).
Maladie de Bowen. Elle est faite d’élevures pâles ou bistres, tantôt lisses, tantôt verruqueuses. L’atteinte des muqueuses est possible. Aux parties génitales, elle réalise l’érythroplasie (placards rouges velvétiques [comme du velours], à bords nets). D’évolution imprévisible, elle est parfois stationnaire pendant des années, d’autre fois accélérée avec survenue d’un épithélioma spino-cellulaire.
Maladie de Paget de la peau. V. Paget.
Épithéliomas baso-cellulaires. Respectant généralement les muqueuses, siégeant le plus souvent à la tête (80 p. 100 des cas), ce sont les plus fréquents des cancers cutanés. D’évolution lente, leur malignité est strictement locale, ne comportant ni métastase ni adénopathie maligne. Si la plupart d’entre eux débutent par une petite élevure lisse, opaline (perle épithéliomateuse), ils revêtent des aspects cliniques très divers : nodulaires, plan cicatriciel, pagetoïde, sclérodermiforme, pigmenté et ulcéreux. L’ulcération constitue la gravité locale, car tout épithélioma baso-cellulaire peut précocement ou tardivement devenir un « ulcus rodens ». Cet épithélioma térébrant peut provoquer d’énormes mutilations en détruisant aussi bien les parties molles que les cartilages et les os sous-jacents. Cette éventualité exige la destruction précoce des épithéliomas baso-cellulaires.
Épithéliomas spino-cellulaires. Moins fréquents que les précédents, pouvant siéger n’importe où sur la peau ou les muqueuses, ils ont une prédilection pour la lèvre inférieure et le pavillon de l’oreille. D’évolution plus rapide que celle des baso-cellulaires, leur pronostic est beaucoup plus réservé, car ils peuvent comporter des métastases, le plus souvent ganglionnaires. Cliniquement, on distingue des épithéliomas saillants, végétants, ulcéro-croûteux, métastatiques. Ces derniers siègent soit au voisinage du cancer primitif (cancer en cuirasse du sein), soit à distance. La localisation du cuir chevelu est la plus fréquente.

• Tumeurs mésenchymateuses bénignes
Fibrome en pastille (histiocytome). C’est une petite tumeur saillante, plane, enchâssée dans le derme. Tantôt uniques, tantôt multiples, les histiocytomes ne récidivent pas après destruction chirurgicale.
Chéloïdes. Ce sont des saillies élastiques ou dures, rouges au début, rosés ou blanches ultérieurement. Elles sont de taille et de forme variables ; leurs bords sont tantôt nets, tantôt découpés en « pince d’écrevisse ». Régressant très rarement, elles apparaissent soit spontanément (région présternale), soit secondairement sur des cicatrices traumatiques, chirurgicales ou de brûlures. Elles peuvent succéder à de l’acné (acné chéloïdienne), à des furoncles, au lupus et au zona. Parfois, elles sont provoquées chez les Noirs (chéloïdes rituelles). Elles nécessitent un « terrain chéloïdien » dont les facteurs conditionnés, métaboliques ou enzymatiques, sont mal connus.
Léiomyones. Développés aux dépens des muscles arrecteurs des poils ou des fibres contractiles des parois vasculaires, ce sont de petites saillies rosées ou rouges, isolées ou groupées, siégeant surtout à la face, sur le devant de la poitrine, au scrotum.
Tumeur glomique. Siégeant électivement (mais non toujours) sous les ongles, cette tumeur lenticulaire brunâtre est intensivement douloureuse au choc, à la pression, voire à l’effleurement.
Lipomes. Dus à l’hyperplasie du tissu adipeux, ils sont sous-cutanés, lobules, de grosseur variable, mous, indolents, mobiles sur les plans profonds. Les lipomes multiples, parfois disposés symétriquement sur les membres, aux lombes, aux fesses ou à l’abdomen, réalisent la lipomatose. La maladie de Dercum, ou neuro-lipomatose douloureuse, est souvent familiale, héréditaire et frappe surtout les femmes à la ménopause. L’adipose est diffuse ou nodulaire, mais respecte la face, les mains et les pieds. Elle est douloureuse spontanément ou à la pression.
Nodule douloureux de l’oreille. C’est un nodule observé surtout chez l’homme, siégeant sur le bord libre de l’hélix, plus souvent comme un « grain de plomb » enchâssé dans la peau, non mobile sur le cartilage.

• Tumeurs mésenchymateuses malignes
Sarcomes cutanés. Ce sont des tumeurs conjonctives relativement rares, mais d’une extrême malignité. Survenant d’emblée en n’importe quel point du tégument, sans succéder à des lésions bénignes préexistantes, les sarcomes offrent des aspects cliniques différents : nodule solitaire bleuté, dur, devenant lentement globuleux, mais ne donnant pas de métastases (sarcome fuso-cellulaire), tumeur rouge sombre s’ulcérant rapidement avec survenue de tumeurs secondaires de voisinage ou à distance. Ils aboutissent à la mort en quelques mois (sarcomes globo-cellulaires). Les sarcomes ne s’accompagnent pas d’adénopathies.
Angiosarcomatose de Kaposi. Son appartenance au groupe des sarcomes est discutée. Cette maladie peut être considérée comme une angioréticulose. Elle atteint surtout les hommes originaires d’Europe centrale ou du Bassin méditerranéen. Débutant soit par de l’œdème des membres inférieurs, soit par un placard angiomateux, ultérieurement elle est faite de placards infiltrés et bosselés de couleur variée dont le polychromisme est caractéristique. L’affection opère par poussées parfois fébriles. L’extension de l’œdème peut aboutir à l’éléphantiasis.
Dermatofibrome de Darier-Ferrand. Relativement rare, ce fibrosarcome est fait d’une plaque infiltrée, dure, bosselée de nodules. Indolent, le placard peut s’ulcérer, mais sans entraîner de métastases ou d’adénopathies. Malgré les récidives fréquentes après ablation chirurgicale, ce sarcome est de faible malignité.