Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pays-Bas (royaume des) (suite)

Écarté le 26 février 1965, le cabinet Marijnen est remplacé le 14 avril, par un cabinet de centre-gauche (avec prédominance des socialistes et des catholiques), présidé par le catholique Joseph Cals (1914-1971). Le mariage de l’héritière Béatrix avec un diplomate, des grèves ouvrières, le développement du mouvement des jeunes « provos » (hippies) créent des difficultés au gouvernement, qui démissionne le 14 octobre 1966 à propos d’un débat sur le budget.

Suit une longue crise qui est dénouée, le 21 novembre, par Jelle Zijlstra (né en 1918), mis à la tête d’un nouveau cabinet en l’attente de nouvelles élections. La chambre dissoute, 24 partis présentent des candidats aux élections du 15 février 1967 ; mais catholiques et socialistes restent, de loin, les plus importantes formations politiques. Nouvelle crise que dénoue, le 4 avril, le catholique Petrus De Jong (né en 1915), qui présente — sans les socialistes — un cabinet de coalition qui doit faire face au déclenchement de l’inflation et aussi à un certain discrédit jeté par les jeunes sur les partis traditionnels.

La formation d’un parti politique radical, avec des dissidents radicaux des partis catholique et protestant (chrétiens historiques), illustre cette relative désaffection de la jeunesse à l’égard des anciens jeux politiques (encore que l’Église catholique néerlandaise soit à la pointe des initiatives). En même temps, devant l’inflation et ses conséquences, l’aile gauche du parti socialiste prend ses distances avec les catholiques.

À la contestation de la rue, qui est le fait surtout des Kabouters (ou « Farfadets »), s’ajoute, en septembre 1970, une grave crise sociale, à Rotterdam notamment. Et l’inflation reste menaçante. Ce qui explique l’échec des partis confessionnels aux élections du 28 avril 1971 ; les socialistes passent en tête. C’est finalement Barend Biesheuvel (né en 1920), chef des antirévolutionnaires, qui est chargé de former le gouvernement : il démissionne dès le 17 juillet 1972, mais il reste en place jusqu’aux élections anticipées du 29 novembre. Le 29 août le Sénat adopte le projet de loi abaissant à dix-huit ans la majorité électorale.

Après cinq mois de crise ministérielle, Joop Den Uyl, chef du groupe parlementaire du parti du Travail, entre en fonction, le 11 mai 1973. Sa mission s’avère difficile, la mosaïque parlementaire restant confuse, le taux d’inflation des Pays-Bas étant élevé et la crise pétrolière frappant le pays (embargo pétrolier d’oct. 1973 à juil. 1974).

P. P.

➙ Empire colonial néerlandais / Hollande / Orange-Nassau / Pays-Bas / Provinces-Unies.

 J. A. De Bruyne, De geschiedenis van Nederland in onzen tijd, 1848-1886 (Schiedam, 1891-1901, 5 vol.). / N. Japikse, Staatkundige geschiedenis van Nederland, 1887-1917 (Leyde, 1918). / H. T. Colenbrander, Willem I, Koning der Nederlanden (Amsterdam, 1931-1935 ; 2 vol.). / H. Brugmans, Geschiedenis van Nederland onder de regering van Koningin Wilhelmina (Amsterdam, 1938). / G. J. Renier, The Dutch Nation (Londres, 1944). / P. J. Oud, Honderd jaren Hoofdzaken der Nederlandsche staatkundige geschiedenis, 1840-1940 (Assen, 1946 ; 3e éd., 1961). / W. L. Van Leeuwen, Honderd Jaar Nederland, 1848-1948 (Hengelo, 1948). / M. Braure, Histoire des Pays-Bas (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1951). / C. W. de Vries, Overgrootvader Koning, Willem III (Amsterdam, 1952). / I. et J.-C. Lambert, Pays-Bas (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1975).


Les hommes

Encore peu peuplés au Moyen Âge et même au xviie s., malgré l’essor d’Amsterdam, les Pays-Bas ont connu un accroissement démographique considérable depuis le début du siècle dernier ; ils le doivent au maintien d’une forte natalité, supérieure à celle des pays voisins, alors que la mortalité suivait l’évolution commune à tous les pays développés, atteignant des valeurs très basses grâce à la jeunesse de la population. On doit cependant constater actuellement une réduction du croît naturel annuel : régulièrement supérieur à 1 p. 100 tombé à 0,50 p. 100 en 1975, à la suite d’une diminution sensible du nombre d’une diminution sensible du nombre des naissances, que les années à venir confirmeront probablement. Le bilan migratoire n’a eu qu’une influence secondaire sur l’évolution démographique générale ; souvent négatif depuis un siècle à cause des nombreux départs de Néerlandais vers les colonies et les pays neufs, il a été parfois positif après la Seconde Guerre mondiale du fait des retours d’Indonésie, et tend à le devenir régulièrement maintenant par suite de l’entrée aux Pays-Bas d’une main-d’œuvre industrielle originaire du pourtour de la Méditerranée et dont l’assimilation commence à poser de graves problèmes.

Les trois provinces de l’Ouest abritent plus de 45 p. 100 de la population totale (avec une densité moyenne de 900 hab. au km2) et renferment les quatre plus grosses agglomérations du pays. Le processus de concentration, dont les origines remontent au xvie s., s’est toutefois arrêté depuis une dizaine d’années : la Hollande-Septentrionale et la Hollande-Méridionale, qui attiraient de nombreux ruraux des régions périphériques, connaissent maintenant un déficit croissant dans les migrations intérieures, presque compensé cependant par l’arrivée des étrangers qui continuent à s’y installer de préférence aux autres provinces. Celles-ci sont d’ailleurs loin de paraître sous-peuplées, les moins urbanisées d’entre elles présentant encore des densités de 140 à 180 habitants au kilomètre carré. La distinction entre population rurale et population urbaine a perdu ici beaucoup de sa signification : les faibles distances permettent d’aller travailler en ville et d’utiliser les services urbains tout en continuant à résider dans des « villages » ou en venant habiter dans des agglomérations suburbaines au cadre de vie plus agréable et aux logements moins chers ; les statistiques isolent ainsi une catégorie intermédiaire de communes, plus proches des villes parles activités et les genres de vie de leurs habitants que par leurs paysages, et dont la population croît aujourd’hui beaucoup plus rapidement que celle des centres urbains proprement dits.