Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pavese (Cesare) (suite)

Si Pavese appartient à la génération néo-réaliste et s’il a contribué à la diffusion du roman américain autant par ses traductions que par sa collaboration, avec E. Vittorini, à l’anthologie Americana, qui fut un peu la bible esthétique de cette génération, son œuvre est plutôt celle d’un poète lyrique nourri de classicisme. Certes, Pavese esquisse çà et là une représentation de la société italienne au lendemain de la guerre : monde paysan de Paesi tuoi, prolétariat urbain et petite bourgeoisie intellectuelle opposés aux classes aisées des grandes villes du Nord dans Prima che il gallo canti et La Bella Estate ; Tra donne sole annonce même l’imminente transformation de la société italienne par le « boom » économique des années 50. Mais cette représentation renvoie toujours, en dernière analyse, à des oppositions mythiques entre la ville et la campagne, les riches et les pauvres, le vice et la pureté. De même, lorsque Pavese aborde des thèmes tels que la lutte antifasciste (Il Carcere) ou la Résistance (Il Compagno, La Luna e i falo), la politique, pour lui, est avant tout prétexte à autobiographie (son engagement politique fut d’ailleurs tardif et ambigu : exilé, on l’a vu, par méprise, Pavese fut empêché par une santé fragile de participer à la Résistance, et son adhésion au parti communiste en 1945 se solde quelques années plus tard par un constat d’échec : « Je me suis engagé dans une responsabilité politique qui m’écrase »). Comme il le dit lui-même dans une interview en troisième personne accordée à la radio quelques semaines avant sa mort : « Quand Pavese commence un récit, une fable, un livre, il ne lui arrive jamais d’avoir en tête un milieu socialement déterminé, un personnage ou des personnages, une thèse. Ce qu’il a à l’esprit est presque toujours un rythme indistinct, un jeu d’événements qui sont avant tout des sensations et des atmosphères. Sa tâche consiste à saisir et à construire ces événements selon un rythme intellectuel qui les transforme en symboles d’une réalité donnée. » Métamorphose symbolique qu’accomplit la méditation mythologique des Dialoghi con Leuco, celui de ses livres que Pavese préférait entre tous.

J.-M. G.

 D. Fernandez, le Roman italien et la crise de la conscience moderne (Grasset, 1958) ; l’Échec de Pavese (Grasset, 1968). / D. Lajolo, Il Vizio assurdo storia di Cesare Pavese (Milan, 1960) ; Pavese e Fenoglio (Florence, 1971). / L. Mondo, Cesare Pavese (Milan, 1961). / G. Grana, « Cesare Pavese », dans Letteratura italiana, I Contemporanei, II (Milan, 1963). / F. Mollia, Cesare Pavese (Florence, 1963). / M. Tondo, Itinerario di Cesare Pavese (Padoue, 1965). / A. M. Mutterle, Ricerche sulla lingua poetica contemporanea (Padoue, 1966). / G. Venturi, Pavese (Florence, 1971). / P. Renard, Pavese, prison de l’imaginaire, lieu de l’écriture (Larousse, 1972).

Pavlov (Ivan Petrovitch)

Savant soviétique (Riazan 1849 - Leningrad 1936).


Après avoir reçu une instruction secondaire au séminaire de la ville, il s’oriente, sous l’influence, dit-il, de la littérature des années 60 et notamment de Pissarev, vers les sciences naturelles, qu’il va étudier à l’université de Saint-Pétersbourg. Quelques années plus tard, il entreprend d’obtenir le titre de docteur en médecine, indispensable pour pouvoir enseigner la physiologie. Il travaille alors plusieurs années comme assistant et comme chercheur, et durant cette période séjourne quelque temps à l’étranger. En 1890, il reçoit une chaire, un laboratoire personnel, et désormais son activité est entièrement consacrée à son enseignement et à ses recherches. Celles-ci, qui avaient d’abord concerné la régulation nerveuse du système cardio-vasculaire, portent surtout, pendant une première période, sur la physiologie des glandes digestives ; un prix Nobel de médecine vient dès 1904 reconnaître leur importance.

C’est en étudiant le rôle du système nerveux dans le fonctionnement de ces glandes, et plus particulièrement le déterminisme de la sécrétion « psychique », que Pavlov est conduit à découvrir l’existence du réflexe conditionnel ; son rapport au Congrès médical international de Madrid, présenté sous le titre la Psychologie et la psychopathologie expérimentales sur les animaux, date de 1903. Ces travaux prennent peu à peu une extension considérable et, en dépit de difficultés matérielles dues à la guerre et à la guerre civile, ils ne cessent de se développer.

En 1921, Lénine signe lui-même un décret spécial destiné à permettre l’établissement des conditions les plus favorables aux recherches de Pavlov ; Gorki est nommé président de la commission créée à cet effet, et la station biologique de Koltouchi, équipée notamment pour l’étude des singes anthropoïdes, est construite peu après.

Pendant vingt-cinq ans encore Pavlov poursuit et élargit ses recherches, accordant notamment un intérêt grandissant à la physiopathologie et à la psychopathologie. Il a de nombreux élèves et collaborateurs et développe une véritable école, animée par les vives discussions qui marquent ses séminaires des « Mercredis ».

Ses travaux sont développés en Union soviétique par la pléiade de chercheurs de grande valeur qu’il avait formés. Dans les années 50, un mouvement doctrinal en faveur d’un « pavlovisme » conçu de façon assez étroite se développe, notamment autour d’Ivanov-Smolenski, mais ses caractéristiques demeurent modérées, sans doute en raison de la valeur intrinsèque des principes de Pavlov dont il se réclame. À l’heure actuelle, la postérité de Pavlov s’est beaucoup diversifiée et elle couvre pour l’essentiel les champs de la neurophysiologie et de la psychophysiologie contemporaines.

La notion fondamentale dans l’œuvre de Pavlov est celle d’activité nerveuse supérieure, notion qu’il utilise de façon continue pendant la plus grande partie de sa vie. C’est à tort que l’on utilise à son propos le terme de réflexologie, qui renvoie plutôt aux conceptions de Bekhterev.