Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pau (suite)

Le musée des Beaux-Arts conserve des toiles des diverses écoles européennes (notamment l’espagnole) et de l’école française du xviie s. à nos jours. Signalons un Saint François en extase de l’atelier du Greco et le Bureau du coton de La Nouvelle-Orléans de Degas. Une salle est consacrée à Eugène Devéria (1805-1865), qui vécut à Pau à partir de 1841.

J. P.


Quelques jalons historiques

D’abord humble bourgade, la ville s’est lentement développée autour du château des vicomtes de Béarn. Gaston Phébus († 1391), séduit par le site, y résida souvent. Capitale du Béarn à partir de 1460, Pau connut une période faste au temps de Marguerite* d’Angoulême, épouse d’Henri d’Albret, roi de Navarre. Le 14 décembre 1553, au château, sa fille Jeanne donna naissance à un garçon qui deviendra Henri IV, roi de France. Protestante convaincue, elle traqua impitoyablement les catholiques et donna à Pau un visage austère. Henri de Navarre séjourna à Pau en 1579 avec sa maîtresse Diane, « la belle Corisande », comtesse de Guiche, qui l’aida à payer ses troupes en vendant ses bijoux et ses domaines.

En octobre 1620, Louis XIII rétablit à Pau le culte catholique, incorpora le Béarn au royaume en s’engageant à respecter ses « fors et coutumes » et créa un parlement. En 1697, Louis XIV fit de la ville le siège d’une intendance. Louis XV réunit l’intendance à celle d’Auch et créa une université à Pau en 1722.

C’est à Pau que Bernadotte, maréchal d’Empire, puis roi de Suède (Charles XIV), naquit en 1763.

L’essor véritable de Pau, qui n’avait que 8 000 habitants en 1796, quand il devint chef-lieu du département des Basses-Pyrénées, commença à l’époque romantique : une riche clientèle anglaise adopta la ville pour des séjours d’hiver. Alfred de Vigny, lieutenant au 55e de ligne, y rencontra Lydia Bunbury et l’épousa le 8 février 1825. Il y composa le Cor. En 1863, la colonie anglaise comptait 3 000 personnes sur 20 000 habitants. La reine Marie-Amélie, puis l’impératrice Eugénie, qui se plaisaient au château, contribuèrent à l’essor du tourisme pyrénéen.

À la fin du xixe s. et au début du xxe, Pau attira plusieurs écrivains : Taine, Barrès, Bremond, Coppée, Maurice Martin du Gard. Francis Jammes et Paul-Jean Toulet y ont vécu enfants, Louis Barthou, Saint-John Perse et Joseph Peyré ont été élèves de son lycée.

J. P.

Paul (saint)

(Tarse, Cilicie, entre 5 et 15 apr. J.-C. - Rome v. 67). Surnommé l’Apôtre des gentils (c’est-à-dire des païens) il a joué un rôle capital dans la propagation du christianisme dans le monde gréco-romain.


Les sources essentielles de la vie de Paul sont les Actes des Apôtres et des Épîtres, auxquelles on peut joindre quelques éléments puisés chez les Pères de l’Église. La littérature apocryphe le concernant ne saurait être utilisée qu’avec d’infinies précautions.


Le chemin de Damas

Saint Paul est né à Tarse, ville de Cilicie fortement hellénisée, opulente et commerçante, célèbre pour ses écoles de rhétorique. Sa famille, de vieille souche juive, appartenait à la tribu de Benjamin et était ralliée au parti des pharisiens. La date de sa naissance doit se situer au début de notre ère. Son nom était Saulos, forme grécisée de l’hébreu Sha‘ul, auquel Paul avait joint un cognomen latin, Paulus, du fait qu’il était citoyen romain de naissance.

Si l’on en croit un discours qui lui est prêté dans les Actes des Apôtres, Paul aurait été élevé à Jérusalem et formé à l’exacte observance de la Loi à l’école de Gamaliel. Parallèlement, à cette éducation destinée à faire de lui un rabbin, il apprit, selon une règle recueillie par la Mishna, un métier manuel, en l’occurrence la fabrication des tentes, qui lui permettra de subsister au cours de sa vie apostolique.

Pharisien intransigeant, il commence par persécuter les chrétiens, et il apparaît pour la première fois dans les Actes des Apôtres gardant les vêtements des Juifs qui lapident Étienne. À la suite de cela éclate une persécution, et on voit Paul « allant dans les maisons, en arrachant hommes et femmes qu’il traînait en prison ».

Tandis qu’il se rend à Damas pour y persécuter la communauté chrétienne, Paul a une vision du Christ qui provoque sa conversion à la religion de ses adversaires. Il est baptisé par un disciple, Ananie, fait une retraite dans le désert d’Arabie, revient à Damas, où il prêche et où les Juifs veulent le faire périr, ce qui l’oblige à s’enfuir caché dans une corbeille que l’on descend par les murailles. Il se rend à Jérusalem, où Barnabé l’introduit auprès de Pierre et de Jacques. Pour échapper aux machinations des Juifs hellénistes, il est conduit à Césarée par les « frères » et, de là, il repart pour Tarse. On ignore ses activités pendant ce séjour en Cilicie. Barnabé, chargé d’organiser l’Église d’Antioche, va tirer Paul de sa retraite pour se l’adjoindre : pendant un an, ils prêchent tous deux dans la grande capitale syrienne.


Les grands voyages missionnaires

À la suite d’une famine qu’on peut situer vers l’an 45 de notre ère, Paul et Barnabé portent à Jérusalem des secours envoyés par les chrétiens d’Antioche à leurs frères de Judée. De retour à Antioche, on décide que les deux hommes iront porter le message en terre païenne. Ainsi va commencer la première mission de Paul, qu’on place entre 45 et 49. L’apôtre embarque à Séleucie avec Barnabé pour l’île de Chypre. À Salamine de Chypre, tous deux commencent à prêcher dans les synagogues ; à Paphos Paul combat un faux prophète juif et magicien, Bar Jésus ou Elymas, et convertit le proconsul de l’île, Sergius Paulus. De là, ils passent en Asie Mineure, à Perge de Pamphylie, à Antioche de Pisidie, et à Iconium. Alors que, jusqu’à Chypre, Barnabé est cité le premier et apparaît comme le chef de la mission, Paul prend dès lors la première place, et c’est lui qui a l’initiative de la prédication. Il prêche dans les synagogues, mais il a plus de succès auprès des païens, et à Lystres, en Lycaonie, après avoir guéri un impotent, les prêtres de Zeus veulent lui offrir des sacrifices comme à un dieu. Mais tout ne va pas toujours aussi bien, et, dans cette même ville de Lystres, les Juifs accourus lapident Paul et le laissent pour mort. Sans se décourager, celui-ci repart pour Derbé avec Barnabé, traverse la Pisidie et la Pamphylie, et va à Attalia s’embarquer pour Antioche. Dans cette ville s’engage alors une querelle avec les judaïsants, qui veulent qu’on impose aux gentils nouvellement convertis les rites judaïques, à commencer par la circoncision. Paul tient tête aux judaïsants et reproche à Pierre* sa pusillanimité. Afin de régler la question, on tient une assemblée à Jérusalem ; ce « concile des apôtres » a lieu vers l’an 50, et, à la suite de l’intervention de Pierre et de Jacques, on décide de ne pas imposer les observances mosaïques aux convertis venus de la gentilité.