patrologie (suite)
Étudier l’univers mental de ces hommes, pour la plupart convertis au christianisme à l’âge adulte et souvent baptisés après la fin de leurs séjours dans les universités de ce temps, revient donc à reconstituer sur le vif, élément par élément, la symbiose étonnante du génie sémitique avec celui de la Grèce antique et de la Rome classique, d’où, pour une part décisive, l’Occident moderne est né. Ces mêmes Pères ayant préparé de la sorte, voire hâté et facilité l’accession des Barbares germaniques ou nordiques à la culture ainsi comprise, tout comme ils avaient opéré une promotion culturelle assez spectaculaire hors des frontières de l’Empire, au royaume d’Édesse ou en Arménie pour ne citer que ces deux cas, on devine aisément tous les faits de langue, de société ou d’invention spéculative qui peuvent entrer dans le champ des études patristiques du type universitaire.
D’une part, il s’agit d’établir ces faits avec une clarté probante, et, à cet égard, la recherche des documents demeure toujours l’objectif prioritaire. Ainsi, en France, le Centre national de la recherche scientifique comporte un institut de recherche et d’histoire des textes essentiellement consacré à l’établissement des microfilms de tous les manuscrits anciens connus, latins ou grecs ; en Allemagne, des fonds considérables sont investis pour aider à microfilmer et à étudier dans un institut de Thessalonique le trésor des manuscrits du mont Athos* ; des initiatives américaines du même genre se sont concentrées naguère sur l’antique monastère Sainte-Catherine du mont Sinaï ou favorisent à présent la création d’un centre patristique sur l’île de Pátmos.
Enfin, il est clair que la rencontre des cultures, accomplie sous le signe d’une religion aussi singulière et aussi universelle que le christianisme, fascine de nos jours tous ceux qui s’interrogent sur le destin idéologique et spirituel d’un Occident émancipé de cette religion.
À l’heure où la crise des herméneutiques dénonce les limites de conceptions de l’homme coupées de leur tradition nourricière et où l’idée même de Dieu ne semble plus concevable au sein de la philosophie occidentale, un regain d’études porte les chercheurs à scruter la genèse de la pensée religieuse dans l’Occident et l’Orient christianisés.
C. K.
➙ Chrétiennes (littératures) / Christianisme / Église catholique.
G. Bardy, la Vie spirituelle d’après les Pères des trois premiers siècles (Bloud et Gay, 1935 ; nouv. éd., Desclée et Cie, 1968, 2 vol.). / M. J. Rouët de Journel, Textes ascétiques des Pères de l’Église (Lethielleux, 1949). / J. Quasten, Patrology (Utrecht, 1950-1960, 3 vol. ; trad. fr. Initiation aux Pères de l’Église, Éd. du Cerf, 1955-1963, 3 vol.). / H. von Campenhausen, Griechische Kirchenväter (Stuttgart, 1955 ; trad. fr. les Pères grecs, Éd. de l’Orante, 1963) ; Lateinische Kirchenväter (Stuttgart, 1960 ; trad. fr. les Pères latins, Éd. de l’Orante, 1967). / G. L. Prestige, Dieu dans la pensée patristique (Aubier, 1955). / B. Altaner, Patrologie (Fribourg, 1960 ; trad. fr. Précis de patrologie, Salvator, Mulhouse, 1961). / A. Hamman, Guide pratique des Pères de l’Église (Desclée De Brouwer, 1967). / J. Bernardi, la Prédication des Pères cappadociens (P. U. F., 1969). / J. Liebaert, les Enseignements moraux des Pères apostoliques (Duculot, Gembloux, 1970). / P. P. Verbraken, les Pères de l’Église (Épi, 1970). / La Bible et les Pères (P. U. F., 1971).