Patinkin (Don) (suite)
Sur le marché des produits, la demande est fonction du niveau du revenu* national, du taux de l’intérêt de l’argent et du stock de monnaie existant, déflaté par le niveau des prix : cette analyse particulière permet de faire dépendre la demande de produits non seulement de variables physiques comme le revenu national (cher à l’analyse keynésienne) mais aussi de facteurs monétaires qui fournissent une analyse plus satisfaisante pour l’étude des phénomènes économiques contemporains. L’offre des produits est, elle, une fonction du stock de capital existant et du niveau des salaires réels.
Sur le marché monétaire, l’offre de monnaie est fixée par les autorités monétaires ; c’est, dans le cadre de l’analyse, une donnée. La demande d’encaisse exige une explication un peu plus affinée : Don Patinkin analyse non pas la demande d’encaisse en général, mais la demande d’encaisse réelle, c’est-à-dire celle qui est exprimée en pouvoir d’achat dans une courte période (pour lui, l’encaisse nominale demandée doit être déflatée par le niveau des prix). Cette demande d’encaisse réelle est fonction du revenu national, du taux de l’intérêt et du stock de monnaie en circulation.
Sur le marché des titres, qui connaît aussi son équilibre particulier, la demande est une fonction du revenu national, du taux d’intérêt et du montant des encaisses détenues par les ménages (ou par tout agent économique offreur d’épargne), tandis que l’offre de titres est une fonction du revenu national, de l’inverse du taux d’intérêt et des encaisses détenues par les organismes émetteurs de titres.
L’équilibre global dynamique passe par l’équilibre dynamique de chacun de ces marchés, et tout déséquilibre sur l’un d’eux se traduit par une modification des équilibres des autres et, par conséquent, de la détermination d’un nouvel équilibre au niveau global.
Il faut souligner l’importance que Patinkin attache à la notion d’encaisse réelle, c’est-à-dire à la notion de monnaie détenue exprimée en pouvoir d’achat. Cette notion permet de jeter un pont entre l’analyse strictement monétaire et l’analyse économique physique. La dichotomie, par ailleurs, entre le secteur monétaire et le secteur non monétaire n’est pas nécessaire pour expliquer les mouvements de prix entraînés par une hausse de la quantité de monnaie en circulation (théorie quantitative de la monnaie). En effet, dans la théorie classique, on supposait que, si la demande n’était pas indépendante des prix, toute augmentation de monnaie se traduirait par une variation du comportement des agents économiques qui fausserait l’analyse. Si l’on considère qu’à une augmentation de la monnaie en circulation correspond une augmentation parallèle des encaisses détenues et des prix, la monnaie n’a pas d’influence sur les transactions, car le montant d’encaisses, exprimé en pouvoir d’achat, n’a alors pas varié.
Outre de nombreux articles, Patinkin a publié Studies in Monetary Economics en 1972.
A. B.
➙ Monnaie.
