argenterie (suite)
Il en sera de même sous le second Empire et durant toute la fin du xixe s. On ne crée plus, on pastiche avec plus ou moins de bonheur, mais avec une habileté consommée, que favorise une technique de plus en plus perfectionnée. Les noms des frères Fannière, Auguste (1818-1900) et Joseph (1822-1897), de François Désiré Froment-Meurice (1802-1855) et de son fils Émile (1837-1911) méritent cependant de ne pas tomber dans l’oubli, de même que celui de Placide Poussielgue-Rusand (1824-1889) pour l’orfèvrerie religieuse.
Le xxe siècle
Il faudra attendre la venue du xxe s. pour assister à un véritable renouveau dans les arts plastiques, auquel l’orfèvrerie se devait de ne pas rester étrangère. Ce fut le modern style aux curieuses élucubrations à base d’arabesques, de végétaux, de femmes nues échevelées. Après la Première Guerre mondiale, une pléiade de jeunes artistes, par réaction contre les débordements de la génération précédente, tenta d’affirmer la prééminence de la forme sur le décor, à peu près totalement aboli. Jean Puiforcat (1897-1945) en fut le chef de file, mais eut de nombreux émules de talent. L’Exposition des arts décoratifs de 1925 mena contre ce style dépouillé une offensive qui se solda par un échec, les créations de cette période, dite « Art déco », nous paraissant aujourd’hui totalement démodées. Il serait vain de nier que, depuis quelques décennies, l’argenterie subit une éclipse, due pour une part à un mode de vie différent, aux lourdes taxes qui viennent grever des prix déjà élevés du fait que l’orfèvrerie d’argent est un métier de main-d’œuvre, le coût de la matière première excluant la grande série, et pour une autre part aux matériaux de remplacement qui, peu à peu, tendent à supplanter l’argenterie : métal argenté, chromé, acier inoxydable, matières plastiques, etc. Aussi, devant l’extrême rareté des pièces anciennes, doit-on savoir gré aux collectionneurs qui ont permis de conserver des chefs-d’œuvre d’argenterie. Parmi les plus importantes collections d’argenterie ancienne, on doit citer celle de l’orfèvre Puiforcat, acquise en grande partie par l’armateur grec S. Niarchos, qui ne s’en réserve que l’usufruit et doit la léguer au Louvre, celle du banquier P. David-Weill et de Mme Arturo Lopez ; mentionnons enfin le musée des Arts décoratifs, installé au pavillon de Marsan, et qui est certainement le mieux fourni, notamment en argenterie française du xixe s.
J. S.
➙ Orfèvrerie.
J. Lanllier, le Corps des orfèvres-joailliers de Paris (Chambre syndicale de la joaillerie et de l’orfèvrerie de Paris, 1931). / L. Lanel, l’Orfèvrerie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1944 ; 3e éd., 1964). / J. Babelon, l’Orfèvrerie française (Larousse, 1946). / S. Grandjean, l’Orfèvrerie du xixe siècle en Europe (P. U. F., 1962).

