Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pascal (Blaise) (suite)

 R. Guardini, Die Schildgenossen. Christliches Bewusstsein. Versuch über Pascal (Leipzig, 1935 ; trad. fr. Pascal ou le Drame de la conscience humaine, Éd. du Seuil, 1951). / H. Lefebvre, Pascal (Nagel, 1949-1955 ; 2 vol.). / J. Laporte, le Cœur et la raison selon Pascal (Elsevier, 1950). / A. Béguin, Pascal par lui-même (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1952). / J. Steinmann, Pascal (Éd. du Cerf, 1954 ; nouv. éd., Desclée De Brouwer, 1962) ; les Trois Nuits de Pascal (Desclée De Brouwer, 1963). / Blaise Pascal, l’homme et l’œuvre (Éd. de Minuit, 1956). / L. Goldmann, le dieu caché (Gallimard, 1956). / J. Mesnard, Pascal, l’homme et l’œuvre (Boivin, 1956 ; nouv. éd., Hatier, 1965 ; les « Pensées » de Pascal (C. D. U., 1976). / Pascal et Port-Royal (Fayard, 1962). / H. Gouhier, Blaise Pascal : commentaires (Vrin, 1966). / M. Le Guern, l’Image chez Pascal (A. Colin, 1969) ; Pascal et Descartes (Nizet, 1971). / T. M. Harrington, Vérité et méthode dans les « Pensées » de Pascal (Vrin, 1972). / M. et M. R. Le Guern, les « Pensées » de Pascal. De l’anthropologie à la théologie (Larousse, 1972). / E. Morot-Sir, Pascal (P. U. F., 1973). / P. Magnard, Nature et histoire dans l’apologétique de Pascal (Les Belles Lettres, 1975).

Repères chronologiques

1623

Naissance à Clermont-Ferrand (19 juin) de Blaise Pascal, fils d’Étienne Pascal, président à la cour des aides de Montferrand.

1626

Mort de sa mère.

1631

Étienne Pascal s’installe à Paris avec ses enfants et se consacre à leur éducation.

1635

Blaise Pascal fréquente le cercle scientifique des amis de son père.

1640

Impression de l’Essai sur les coniques.

1642

Pascal conçoit sa machine arithmétique. Première atteinte de la maladie.

1646

« Première conversion ». Avec son père, Pascal renouvelle à Rouen les expériences de Torricelli sur le vide.

1647

Publication des Expériences nouvelles touchant le vide. La santé de Pascal est compromise. Entretiens avec Descartes.

1648

Rédaction en latin d’un Essai sur la génération des sections coniques. Pascal entre en relation avec Port-Royal.

1651

Rédaction d’un Traité du vide. Mort du père de Pascal.

1652

« Période mondaine » de Pascal, qui se lie avec le duc de Roannez, Damien Mitton, le chevalier de Méré.

1653

Rédaction de traités scientifiques.

1654

Nuit de la conversion (23 nov.).

1655

Retraite à Port-Royal. Entretien avec M. de Saci.

1656

Première Lettre provinciale (23 janv.). Miracle de la sainte épine (24 mars).

1657

Mise à l’index des Provinciales (6 sept.).

1658

Première Lettre circulaire relative à la cycloïde. Correspondance avec tous les savants d’Europe. Conférence à Port-Royal sur le plan de l’Apologie.

1659

La maladie de Pascal s’aggrave.

1660

Pascal écrit sans doute à cette époque sa Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies.

1661

Affaire du Formulaire (1er fév.). Pascal « fait retraite » de toute controverse.

1662

Mort de Pascal (19 août).

Pascoli (Giovanni)

Poète italien (San Mauro di Romagna 1855 - Bologne 1912).


Longtemps considéré comme un poète mineur — quoique très lu, surtout à l’école —, Pascoli a bénéficié, dans les années 50, d’une radicale réévaluation de la part de quelques-uns parmi les poètes et critiques italiens les plus avancés, qui ont retrouvé dans son œuvre nombre de préoccupations, en particulier linguistiques, qui sont les leurs. « Mineur », Pascoli ne l’est guère, par analogie, qu’au sens musical du terme : par son refus — verlainien — de l’éloquence ; par son goût — flaubertien — des nomenclatures et du quotidien ; par sa poétique de l’attendrissement et de la « puérilité ».

Rien d’étonnant d’ailleurs à ce qu’il n’ait cessé d’aspirer à l’enfance comme à un paradis perdu : la sienne avait été aussi heureuse que studieuse jusqu’au jour (10 août 1867) où — il n’avait pas douze ans — son père fut assassiné par un inconnu au retour de la foire (Pascoli est revenu à plusieurs reprises dans son œuvre, en particulier dans « La Cavalla storna » — dans Canti di Castelvecchio —, sur le souvenir de la jument ramenant au logis la charrette chargée du cadavre paternel). L’année suivante, il perdait sa mère et une sœur aînée, et, peu après, deux de ses frères. Après une brève parenthèse de révolte dans les rangs socialistes, coïncidant avec ses premières études universitaires (à Bologne), interrompues par trois mois de prison (1879), sa vie s’écoule apparemment tranquille, en compagnie d’abord de ses deux sœurs Ida et Maria, puis, à partir de 1895, de la seule Maria (la chère « Mariu ») ; elle est partagée entre l’enseignement, la poésie et de longs séjours à la campagne et scandée par les étapes d’une carrière universitaire lente et besogneuse en dépit du renom croissant que lui valent son œuvre et de nombreux prix au concours de poésie latine d’Amsterdam, dont il est lauréat dès 1892 : enseignement aux lycées de Matera (1883), de Massa (1885) et de Livourne (1887-1895), chaire de latin-grec à l’université de Bologne (1895), de littérature latine à Messine (1897-1903), puis à Pise (1903-1905), enfin à Bologne à la chaire de littérature italienne laissée vacante par la mort de Carducci*.

Intemporelle et soustraite à toute évolution dialectique, la poésie de Pascoli présente cependant une grande variété de ton et d’inspiration : de l’effusion bucolique et des tableaux rustiques de Myricae (1re éd., 1891) et des Poemetti (1897), plus tard dédoublés en Primi Poemetti (1904) et Nuovi Poemetti (1909), au lyrisme intime des Canti di Castelvecchio (1re éd., 1903), où le mythe de l’enfance s’allie au sentiment de la mort, à l’héroïsme mythique des Poemi conviviali (1904) et jusqu’à la geste « civile » des Odi e Inni (1906), des Canzoni di re Enzio (inachevées, 1908-09), des Poemi italici (1911) et des Poemi del Risorgimento (posthumes, 1913), où, nouveau chantre national, Pascoli s’essaye à rivaliser avec Carducci. Mais il suffit de se rappeler que Pascoli n’a cessé d’ajouter de nouvelles pièces aux Myricae et aux Canti di Castelvecchio, respectivement jusqu’en 1903 et 1912, pour hésiter à assigner aux différentes étapes de sa production poétique des cadres chronologiques trop rigides. D’autre part, la concomitance d’éléments stylistiques qui s’excluent réciproquement selon la plupart des poétiques (aussi bien postérieures qu’antérieures à Pascoli) est un trait caractéristique et constant de son œuvre. Si l’on définit par grammatical le statut normal de la langue italienne, on observera — avec G. Contini — que, pour transgresser la norme, le plurilinguisme de Pascoli recourt à la fois (non seulement dans une même pièce, mais d’un vers à l’autre ou à l’intérieur même d’un seul vers) à des procédés prégrammaticaux (innombrables onomatopées), grammaticaux (extension de la langue à ses dialectes « couleur locale » ou à certains de ses états antérieurs « couleur temporelle » des archaïsmes) et postgrammaticaux (litanies de noms propres empruntés à des langues étrangères). En outre, l’art de Pascoli oscille sans cesse entre une poétique de la nomenclature et de la détermination et une poétique de la pure évocation.

Dans les deux volumes de ses Carmina (publiés posthumes en 1914 et réédités, accompagnés de traductions, en 1951), non seulement Pascoli, nourri de Catulle et d’Horace, s’affirme comme un des plus savants poètes modernes en langue latine, mais aussi il fait preuve de la même invention linguistique que dans sa poésie en langue vulgaire.

Pascoli est aussi l’auteur de plusieurs lectures dantesques (Conferenze e studi danteschi, 1915 et 1952), conduites dans une perspective essentiellement symbolique, et de nombreux essais et proses, dont l’évaluation critique est encore en cours (Miei Pensieri di varia umanita, 1903 ; Pensieri e discorsi, 1907).

J.-M. G.