Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

partage (suite)

Modalités du partage

Le partage est l’acte qui met fin à une indivision, à une copropriété, à une communauté, à une société*, par l’attribution à chaque ayant droit de la portion qui lui revient, soit en nature si le bien est partageable, soit en argent. Les biens possédés en nue-propriété peuvent être partagés, mais il n’y a pas d’indivision entre nu-propriétaire et usufruitier : ces deux droits sont essentiellement distincts comme représentant le démembrement du droit de propriété.

Bien que les pactes sur succession future soient prohibés, les ascendants peuvent, de leur vivant, faire donation de leurs biens à leurs descendants, sous la condition qu’il soit procédé immédiatement au partage de ces biens soit en pleine propriété, soit en nue-propriété seulement. C’est l’acte dit « de partage d’ascendant » ou « donation-partage » (v. donation). Il est aussi possible à un ascendant de procéder à la répartition de ses biens par testament. Ce partage testamentaire présente l’inconvénient d’entraîner, dès la présentation du testament à la formalité de l’enregistrement* le paiement des droits de mutation par décès*. Pour favoriser le règlement des successions*, les soultes de partage et les cessions de droits successifs, ou licitations entre héritiers, ne sont plus soumises qu’au droit proportionnel de 1 p. 100.

Le partage peul être amiable ou judiciaire. La forme du partage judiciaire, qui aboutit bien souvent, après expertise*, à une adjudication au tribunal, est celle qui est prescrite pour les partages où sont intéressés des mineurs ou des incapables majeurs. Mais, actuellement, la vente* des biens des incapables peut avoir lieu par vente amiable avec l’autorisation et sous le contrôle du juge des tutelles.

Pour éviter les dangers d’une demande intempestive d’un indivisaire, comme aussi pour éviter les regrets parfois amers des cohéritiers évincés par une attribution préférentielle, la mise en société civile d’un patrimoine familial peut être utilement conseillée.

J. V.

➙ Copropriété.

parthénogenèse

Terme créé par Richard Owen en 1849 pour désigner un mode de reproduction par un ovule non fécondé. (On dit aussi reproduction virginale.)



Introduction

La parthénogenèse est considérée comme une anomalie de la fécondation ou une déviation de la reproduction sexuée, qui assure la formation de l’œuf fécondé par l’union des deux gamètes mâle et femelle. Dans la parthénogenèse animale, le développement s’effectue toujours à partir de l’ovule, gamète plus volumineux que le spermatozoïde et qui contient les réserves nutritives nécessaires aux premiers stades de l’embryogenèse. Au cours de la spermatogenèse, les cellules reproductrices produisent deux cellules filles ayant les mêmes dimensions, tandis que, dans l’ovogenèse, elles sont fort dissemblables par suite de l’émission des minuscules globules polaires.

La parthénogenèse naturelle s’observe dans des groupes variés d’animaux. Mais, par des techniques appropriées, il est possible de provoquer chez certains animaux une parthénogenèse expérimentale.


Parthénogenèse naturelle chez les animaux

Elle ne représente pas un accident, mais participe à la multiplication normale de l’espèce dans différents groupes.

La reproduction sans accouplement, bien que soupçonnée depuis longtemps, a été prouvée par Charles Bonnet (1720-1793) en 1740. Où Réaumur avait échoué, Bonnet allait réussir. Le 20 mai 1740, il isole un Puceron nouveau-né (hôte du Fusain) ; il constate qu’entre le 1er et le 21 juin 1740 ce Puceron produit « nonante-cinq petits » tous vivants. Les Pucerons se reproduisaient donc sans accouplement, et cela pendant plusieurs générations, sans apparition de mâles.

La reproduction parthénogénétique peut engendrer uniquement des mâles (parthénogenèse arrhénotoque, du gr. arrhenotokein, « enfanter un mâle »), ou uniquement des femelles (parthénogenèse thélytoque, du gr. thêlutokein, « enfanter une femelle »), ou les deux sexes simultanément (parthénogenèse deutérotoque). Le déséquilibre des proportions numériques des deux sexes s’explique souvent par une parthénogenèse. Chez certaines espèces, la parthénogenèse thélytoque est constante ; les femelles seules maintiennent l’espèce, dont les mâles sont inconnus, parce que fort rares ; il y a spanandrie (du gr. spanios, « rare », et anêr, « mâle »). La parthénogenèse est alors obligatoire (Rotifères, Daphnies, Phasmes, Thrips...).

La parthénogenèse naturelle revêt diverses formes.


Parthénogenèse rudimentaire ou abortive

Chez les Poissons, quelques Oiseaux (Dindes, Poule) et même des Mammifères, l’ovule non fécondé commence parfois à se développer ; les débuts de la segmentation s’effectuent, mais tout s’arrête aux stades initiaux. La parthénogenèse est rudimentaire ou abortive. Quelques cas sont bien connus. Les œufs non fécondés de Poules présentent souvent une segmentation comportant plusieurs centaines de blastomères. L’incubation chez la Dinde est de 28 jours ; des ovules non fécondés de Dindes ont atteint 26 jours d’incubation ; les embryons étaient diploïdes et de sexe mâle. Des ovules vierges de Truie, Lapine, Furet, Cobaye commencent de se segmenter ; les ovaires de jeunes femelles vierges de Cobaye peuvent même contenir des vésicules blastodermiques ; dans l’espèce humaine, de rares cas de parthénogenèse auraient été signalés, mais les observations ne sont pas très claires. Le même phénomène se retrouve chez des Insectes, notamment le Ver à soie, des Nématodes.


Parthénogenèse facultative

Chez les Insectes hyménoptères sociaux, l’ovule est capable de se segmenter soit après fécondation, soit sans fécondation ; une partie des ovules présentera un développement sexué normal alors que l’autre partie se développera parthénogénétique-ment. Le cas de l’Abeille* en fournit un bon exemple.

La jeune femelle d’Abeille (la reine) est capable d’être fécondée entre le 3e et le 20e jour après sa sortie de l’alvéole ; la fécondation s’effectuera au cours du vol nuptial ; plusieurs mâles (faux bourdons) inséminent successivement la reine. Les spermatozoïdes mis en réserve dans le réceptacle séminal (ou spermathèque), conserveront leur activité pendant trois ou quatre ans, durée de la vie reproductrice de la reine. La spermathèque est une sorte de poche à paroi musculeuse qui communique par un court canal avec le vagin de la reine ; un sphincter assure l’ouverture ou la fermeture du canal lors du passage des spermatozoïdes. Lors de l’ouverture, les spermatozoïdes rencontrent les ovules et peuvent les féconder. L’œuf fécondé produira une femelle, reine ou ouvrière, selon l’alvéole où il sera déposé ; pondu dans un alvéole normal, l’œuf engendrera une ouvrière stérile en raison de l’atrophie de ses ovaires ; mais si l’œuf fécondé est placé dans un grand alvéole, nommé loge royale, il produira une reine féconde porteuse d’ovaires bien constitués. La loge royale contient une substance sécrétée par les ouvrières, la gelée royale, dont se nourrissent les larves qui donneront les reines. Les larves productrices d’ouvrières reçoivent peu de gelée royale ; elle est remplacée par un aliment moins fin, composé de pollen et de miel.