Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Parme (suite)

 G. Lombardi, Il Ducato di Forma nella storia del Risorgimenio italiano (Parme, 1911). / N. Grimaldi, Le Origini del ducato farnesiano di Parma e Piacenza (Parme, 1926). / H. Bédarida, Parme et la France de 1748 à 1789 (Champion, 1930) ; À l’apogée de la puissance bourbonienne : Parme dans la politique française au xviiie s. (Alcan, 1930).

Parmesan (le)

En ital. il Parmigianino, surnom de Francesco Mazzola, peintre italien (Parme 1503 - Casalmaggiore 1540).


Un des grands maîtres du maniérisme*, il Parmigianino fit de sa ville natale, qui lui valut son surnom, un des centres du nouveau style.

Élève du Corrège*, dont l’influence reste sensible dans toute son œuvre, il manifesta très jeune des dispositions étonnantes et une virtuosité qui lui valurent une rapide célébrité bien au-delà des limites de Parme. On peut tenir pour certain que dans sa formation comptaient aussi des influences comme celles du Beccafumi et de son luminisme (par l’intermédiaire de Michelangelo Anselmi) et celle de Raphaël*, dont il disait que l’esprit était passé en lui.

Il se rendit à Rome dès 1524 et y affirma aussitôt un style très personnel, qui, tout en surenchérissant parfois sur la grâce du Corrège, cherche à exprimer on ne sait quel mystérieux rêve intérieur, avec une distinction suprême et une sorte de détachement. C’est la maniera, et le Parmesan est bien le créateur inspiré de ce style élégant et sophistiqué, très éloigné du réel, mais traitant certains détails avec un goût précieux et minutieux. Il ne dédaigne pas les recherches hermétiques, comme dans son Autoportrait au miroir convexe (1524, Vienne, Kunsthistorisches Museum), et son imagination n’est jamais en défaut.

Le sac de Rome de 1527 le chassa vers Bologne, où il peignit Saint Roch avec un donateur (église San Petronio). De cette époque date aussi la Vision de saint Jérôme (1526-27, Londres, National Gallery), où il montre son goût pour les rythmes contrastés, les éclairages étranges, les plans volontiers illogiques, et où apparaît le type de Vierge qu’il affectionne, grande dame un peu hautaine dont il va s’ingénier à rendre le corps plus souple et plus élancé. Ainsi la Madone à la rose (1528-1530, Dresde, Gemäldegalerie) avec des recherches hardies dans les obliques et des mouvements onctueux de draperies, la Madone avec saint Zacharie (Florence, Offices). Ainsi surtout la Madone au long cou, son œuvre la plus connue (v. 1535, Florence, palais Pitti), délicieusement affectée dans sa ligne « serpentine » et dont les blondeurs dorées et délicates contrastent avec les bleus profonds du manteau.

Mazzola revint à Parme en 1531 et on lui commanda des fresques. Avant son départ, il avait déjà donné un témoignage de son talent en décorant deux chapelles à San Giovanni Evangelista et en peignant l’Histoire d’Actéon au plafond du château de Fontanellato (1523). Les fresques de l’église de Santa Maria della Steccata (1531-1539) montrent que son style s’est amplifié et qu’il n’a pas renoncé à des solutions insolites. Le champ principal est occupé par des personnages purement décoratifs, des porteuses de vases d’une élégance souveraine, cependant que les figures de l’histoire sainte sont reléguées dans les parties accessoires. Il exécuta aussi quelques portraits où sa fantaisie agit de même, où l’artifice, dans une forme raffinée à l’extrême, atteint à une poésie subtile et enchantée. Citons, entre autres, Malatesta Baglioni (Vienne), Galeazzo Sanvitale (1524, Naples, Musée national) et la mélancolique femme au renard, dite Antea (Naples, Musée national).

Peintre d’une sensualité plus morbide que celle du Corrège, il illustre les tendances intellectuelles et alambiquées des artistes de son temps, mais son souci de la beauté et sa sensibilité délicate lui ont permis de créer une œuvre rare et fascinante, que l’on ne peut certes pas traiter de décadente. Elle eut un retentissement considérable grâce à la gravure, non seulement en Italie, mais en Europe. Le Primatice* et Nicolo Dell’Abate propagèrent en France son influence (v. Fontainebleau). Le maniérisme européen lui doit le goût de la ligne sinueuse, l’étirement et la gracilité des formes féminines, le raffinement aristocratique des attitudes. Une mort précoce, à l’âge de Raphaël, ajoute une note de mélancolie au charme de l’artiste, d’autant qu’il disparaissait en pleine gloire.

F. S.

 M. Fagiolo dell’Arco, Il Parmigianino (Rome, 1970).

Parnasse (le)

École de poètes français qui, à partir de 1866, publièrent leurs œuvres dans le Parnasse contemporain.


Le culte de la beauté et une aspiration à la plénitude formelle, le dédain des effusions sentimentales et la volonté d’une poésie aristocratique, la recherche de l’union de l’art et de la science dans une reconquête des civilisations d’autrefois, tels sont les caractères généraux de la poésie parnassienne définis et précisés par son chef de file, Leconte de Lisle (1818-1894). Des Poèmes antiques de ce dernier au troisième recueil du Parnasse contemporain de 1876, près de vingt-cinq ans s’écoulent, salués par les réussites de poètes qui refusent aussi bien l’héritage romantique que les premières œuvres du symbolisme* naissant, jusqu’à ce que, plus tard, leurs divergences s’accusent et fassent éclater le groupe.

Fidèle à l’image qu’il avait donnée de son art dans la préface des Poèmes antiques (1852), Leconte de Lisle poursuivra une œuvre hautaine et pessimiste (Poèmes barbares, 1862 ; Poèmes tragiques, 1884). À ses yeux, le poète remplit un sacerdoce dans la cité, loin des rumeurs de la foule, et vise à atteindre un idéal de perfection. Cette quête de la beauté et de l’ordre, ce mépris des tentations mondaines ne sont pas sans grandeur ; cette solitude de l’écrivain qui se tient à l’écart (misanthropie ? sentiment de la vanité de toute chose ?) est assez émouvante. Il reste qu’on ne fait pas œuvre de poète avec des attitudes. Si Leconte de Lisle parvient parfois à montrer la vie universelle par la suggestion de ses formes et de ses forces enfouies dans le cours des âges, la raideur savante de l’ensemble a aujourd’hui peu de chances de toucher. La mémoire retient sans peine quelques grands vers : mais les cadences monotones de ces quatrains dans la formule constamment privilégiée de l’alexandrin, les excès d’une rime trop riche, l’abondance des adjectifs qui ne disent plus rien en voulant trop dire, les allitérations systématiques, tout ce mécanisme simpliste d’une création qui se voudrait poétique et qui finalement échappe à la poésie paraît dater et ne peut trouver sa place que dans les anthologies.