Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Parme (suite)

La ville est divisée en deux parties. Le centre urbain, ceinturé d’un boulevard circulaire, correspondant aux anciens remparts, est subdivisé en quatre quartiers par l’intersection de la via Emilia et du torrent Parme. À l’ouest, Parma vecchia groupe des quartiers populaires au sud et le palais ducal au nord. À l’est, Parma nuova, plus commerçante, rassemble des unités résidentielles au sud et un ensemble monumental au nord. Les quartiers périphériques sont surtout réservés à la résidence et aux unités industrielles.

E. D.


L’histoire

Cité étrusque devenue colonie romaine en 183 av. J.-C., Parme commande un riche terroir de l’Empire romain. Fondé dès le ive s. apr. J.-C., l’évêché de Parme est en proie aux luttes entre romains et ariens. Peu à peu, l’autorité épiscopale prend le pas sur la puissance laïque. En 1035-36, l’empereur Conrad II confère à l’évêque de Parme le titre de comte ; mais son pouvoir sera constamment réduit par les privilèges de la commune.

Durant trois siècles (xie-xiiie s.), Parme est en proie aux luttes entre guelfes* et gibelins. La ville, qui se couvre de monuments remarquables (dôme, baptistère romano-gothique), s’attache fortement au parti de l’empereur, jusqu’au moment où la famille des Rossi, gagnée à la cause papale, s’empare en 1247 de la ville, que Frédéric II ne peut reprendre (1248). Après maintes luttes intestines, la seigneurie de Parme devient terre papale (1322). Mais bientôt les Visconti et les Sforza se la disputent et la soumettent tour à tour (xive-xve s.). Louis XII* l’occupe durant douze ans (1500-1512), puis le Saint-Siège se la fait céder par Maximilien Sforza (1512) et la reprend après une nouvelle occupation française (1515-1521). Cette période agitée est caractérisée par un remarquable essor artistique (le Corrège*, le Parmesan*).

En septembre 1545, le pape Paul III, détachant Parme et Plaisance de l’État pontifical, en fait un petit duché pour son fils Pier Luigi Farnèse, fondateur d’une dynastie de bâtisseurs et de mécènes qui s’appuieront sur l’alliance autrichienne et espagnole au xvie s., puis sur celle de la France au xviie s.

À Pier Luigi Farnèse (1545-1547) succède son fils Ottavio (1547-1586), qui épouse une fille de Charles Quint, Marguerite d’Autriche. C’est surtout à Alexandre Farnèse (1586-1592), fils d’Ottavio, et à son fils Ranuccio Ier (1592-1622) que le duché de Parme doit son éclat culturel (palais de la Pilotta, collège des Nobles). Régnent ensuite, de père en fils, Odoardo (1622-1646), Ranuccio II (1646-1694), Francesco (1694-1727) : celui-ci a comme successeur son frère Antonio, prince indolent, qui meurt sans enfants dès 1731.

La succession des Farnèse, en vertu du traité de Quadruple-Alliance (1718), passe à Charles Ier de Bourbon (1731-1735) [futur Charles III* d’Espagne], infant d’Espagne et fils aîné de Philippe V et d’Élisabeth Farnèse. Mais, à la suite de la guerre de la Succession de Pologne — au cours de laquelle les Franco-Sardes battent les Impériaux à Parme même (29 juin 1734) —, le traité de Vienne (1738) donne le duché de Parme et Plaisance à François de Lorraine. Dix ans plus tard, le traité d’Aix-la-Chapelle (1748) cède le duché — grossi de celui de Guastalla, sans titulaire depuis 1746 — au cadet de Charles Ier, Philippe, fondateur de la dynastie des Bourbons-Parme. Celui-ci règne à Parme de 1748 à 1765, appuyé sur son ministre François Guillaume du Tillot (1756-1771), qui pratique un joséphisme actif (il expulse les Jésuites du duché en 1767) et garde son poste sous Ferdinand (1765-1802). L’épouse de celui-ci, Marie-Amélie d’Autriche, obtient la démission de Du Tillot et rend à l’Église une influence qui s’exerce au détriment des idées françaises et du despotisme éclairé caractéristiques du règne précédent.

Ayant adhéré à la coalition contre la France (1793), le duc Ferdinand est rançonné durement par Bonaparte (9 mai 1796), qui le maintient cependant sur son trône. Lors de la signature du traité franco-espagnol d’Aranjuez (21 mars 1801), Ferdinand renonce au duché en faveur de la France, qui, à sa mort (1802), nomme à Parme un administrateur, Médéric Louis Moreau de Saint-Méry : celui-ci y introduit la législation napoléonienne mais essuie une révolte qui est durement réprimée (1806). Tandis que le duché de Guastalla, reconstitué, est donné à Pauline Bonaparte (1806), le titre de duc de Parme est attribué à Cambacérès, et celui de Plaisance à Lebrun (1806). En 1808, le double duché est annexé à l’Empire français, sous le nom de département du Taro : il est administré notamment par le préfet Dupont-Delporte (1810-1815).

Les traités de 1815 donnent Parme, Plaisance et Guastalla à l’ex-impératrice des Français Marie-Louise ; le traité de Paris du 10 juin 1817 prévoit qu’à la mort de cette princesse les duchés reviendront aux Bourbons. Marie-Louise et son second mari, le comte von Neipperg, embellisent la capitale ; en 1831, Marie-Louise doit momentanément fuir la révolution. À sa mort, en 1847, Parme et Plaisance reviennent à Charles II de Bourbon, tandis que Guastalla est rattaché au duché de Modène*.

En mars 1848, les Parmesans s’insurgent contre une intervention de troupes hongroises ; le 9 avril, un gouvernement provisoire proclame l’annexion des duchés au Piémont. Mais les Autrichiens ramènent Charles II, qui doit de nouveau affronter la révolution, le 12 mars 1849 : cette fois, il abdique (20 mars) en faveur de son fils Charles III, réfugié à Londres. Le général La Marmora s’installe à Parme, qui s’est donné au Piémont ; mais le désastre piémontais de Novare (23 mars) provoque la rentrée des Autrichiens (5 avr.), qui font régner à Parme une dictature militaire jusqu’à l’arrivée de Charles III (29 mai).

Ce dernier ayant été assassiné le 26 mars 1854, sa veuve, Marie-Louise de Bourbon, régente au nom de son fils Robert Ier, âgé de six ans, poursuit une politique réactionnaire qui provoque le soulèvement de 1859, le départ de la régente et l’union temporaire du duché de Parme à ceux de Reggio et de Modène sous le dictateur Luigi Carlo Farini (18 août 1859). L’union des duchés avec le Piémont est consacrée par un plébiscite massif (11 mars) [63 000 oui, 500 non] et le décret du 18 mars 1860.

P. P.

➙ Émilie-Romagne / Italie.