Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paris (suite)

La composition par âge de la population parisienne se caractérise depuis fort longtemps, par rapport à la moyenne française, par un excédent d’adultes, un déficit de jeunes et de vieux. Le pourcentage de jeunes s’élève en général au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre. Cette structure s’explique d’abord par l’attraction du marché travail (fortes arrivées de 18 à 34 ans) et les départs à l’âge de la retraite. Elle ne peut donc se maintenir que par ces migrations de sens opposé selon l’âge. La composition par sexe accuse une prédominance féminine très nette.

La natalité est inférieure à la moyenne française, ce qui s’explique par les conditions de vie : travail féminin, déplacements, exiguïté du logement. La population parisienne est particulièrement peu féconde malgré le fort pourcentage d’adultes. La nuptialité est au contraire élevée, mais les divorces sont nombreux (taux double de la moyenne française).

Les déplacements internes caractérisent aussi cette population. De longue durée, ils consistent dans de nombreux changements de résidence à dominante centrifuge : la crise du logement, par toutes ses conséquences, chasse de Paris les classes déshéritées, mais, dans le centre, les arrivées de populations plus aisées jouent en partie un rôle compensateur.

La structure sociale de l’agglomération est très hétérogène et très contrastée, avec renforcement des classes extrêmes. Il existe une nette opposition entre l’ouest de Paris (VIIe, VIIIe, XVIe, XVIIe arrondissements bourgeois), et le reste de la ville, plus populaire, ainsi que, dans leur ensemble, entre Paris et la banlieue.

Les nettes différences de structures démographiques et de mouvement naturel proviennent de la formation plus récente et plus rapide de la population de la banlieue (qui est en moyenne plus jeune), mais aussi d’une relative ségrégation entre Paris et la banlieue dans leur ensemble.

Au recensement de 1968, la région parisienne comptait 1 100 000 immeubles et 3 600 000 logements, dont 820 000 immeubles et 3 200 000 logements dans l’agglomération étendue, (y compris 80 000 immeubles et 1 200 000 logements dans Paris, sur lesquels 100 000 chambres d’hôtels meublées). Ce parc de logements est ancien, surtout dans Paris, et encore plus dans son centre.

Dans l’agglomération étendue, on a construit en moyenne 80 000 à 100 000 logements par an depuis 1959 et près de 2 millions au total depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, soit près de la moitié du parc actuel.

Dans Paris, depuis 1960, on a démoli en moyenne 1 500 logements par an et on en a construit 10 000. Paris se densifie : chaque fois que l’on y démolit 1 m2 de plancher, on en construit 2,5, et, durant ces quinze dernières années, le gain a certainement été de plus de 10 millions de mètres carrés de plancher, dont près de 2 millions de mètres carrés de bureaux, principalement dans les quartiers d’affaires, ainsi que dans les opérations comme Maine-Montparnasse, le quartier Italie (XIIIe) ou le Front de Seine (XVe). On constate, dans l’ensemble, une extension du sol bâti et une élévation en hauteur : le plus souvent, des immeubles de 8 à 12 étages en remplacent qui n’avaient que 1 à 6 étages, et, par ailleurs, se multiplient les niveaux en sous-sol, en particulier pour les garages.

Vers 1900 avaient été délimités dans Paris 17 îlots insalubres. Ils couvraient 258 ha et renfermaient 180 000 habitants. Aujourd’hui, on estime qu’à long terme la rénovation publique devrait s’étendre au moins à environ 1 500 ha du sol parisien. Mais elle est très lente, n’ayant entraîné dans Paris, pour 28 secteurs de rénovation, que la démolition de 15 000 logements et la construction d’un nombre sensiblement équivalent.

Le rythme de renouvellement du patrimoine immobilier de l’agglomération, et particulièrement du parc de logements, estimé à 0,80 p. 100 par an, reste insuffisant ; d’où une grande vétusté de bien des immeubles, ce qui n’est pas en contradiction avec la densification actuellement en cours, y compris dans Paris, qui tend, à long terme, à utiliser au maximum les possibilités laissées par les règlements d’urbanisme.


L’avenir proche

De plus en plus, tout rend nécessaire un aménagement volontaire coordonné de l’agglomération dans le cadre de prévisions à long terme. Surtout à partir de 1954, début de la forte poussée de croissance de l’après-guerre, une administration régionale chargée de concevoir et de coordonner l’aménagement de la région se révéla de plus en plus nécessaire, et c’est ainsi que furent créées en août 1961 la délégation générale du district, puis la Préfecture de la région.

Leur action, d’abord psychologique, se traduisit dans de nombreuses déclarations ou publications afin de développer dans la population diverses prises de conscience relatives :
1o à l’unité de l’agglomération de Paris et à la nécessité d’un organisme étudiant les problèmes généraux d’aménagement et préparant des solutions d’avenir à l’échelle de la région ;
2o au caractère inéluctable de la croissance démographique de l’agglomération ;
3o à l’obligation de voir grand et, en premier lieu, de prévoir une extension spatiale inévitable et importante (les besoins d’espace urbain croissent rapidement, et une densification dans les limites actuelles devient impossible ; il faut réaliser de nombreux équipements collectifs pour rattraper un grand retard et faire face à des besoins nouveaux) ;
4o à la nécessité de rompre le radio-concentrisme et d’atténuer le monopole du centre de Paris, en suscitant le développement de pôles secondaires.

De 1962 à 1965, on effectua de nombreuses études et l’on prépara le Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région de Paris, qui répond à ces prises de conscience. Il se situe dans une perspective à long terme, un quart de siècle, l’an 2000, avec l’idée d’une croissance importante, 6 millions d’habitants et environ 1 000 km2.

Le Schéma directeur prend parti pour une région urbaine unique d’un seul tenant ou presque, irradiée par un réseau dense de moyens de transport en commun et d’autoroutes comportant, à côté du centre de Paris, d’autres centres urbains très importants.

L’expansion spatiale urbaine devra être dirigée le long d’axes d’urbanisation tangents à l’agglomération actuelle et reprenant aussi des espaces déjà urbanisés : essentiellement deux axes parallèles orientés S.-E.-N.-O., celui du nord ayant 75 km de long environ et celui du sud étant un peu plus long (90 km).