Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paris (suite)

La banlieue

La banlieue, c’est treize à quatorze fois la superficie de Paris, une population deux fois plus nombreuse et un monde varié. Ses paysages peuvent être différenciés par la nature et l’âge de l’habitat, en quatre types principaux.

La proche et vieille banlieue à dominante d’habitat collectif ancien est soit industrielle et ouvrière (La Plaine-Saint-Denis, Ivry-Port), soit résidentielle mixte et commerçante (Asnières, Montrouge), soit de résidence bourgeoise (Neuilly-sur-Seine, Saint-Mandé). On retrouve le même type d’habitat dans les vieux noyaux de communes plus éloignées, comme Antony, ou de vieilles petites villes comme Saint-Germain-en-Laye ou Choisy-le-Roi.

La banlieue d’habitat individuel est faite de lotissements serrés de pavillons modestes et hétéroclites à jardinets (Savigny-sur-Orge et Aulnay-sous-Bois), si caractéristiques de la période de l’entre-deux-guerres et de loin les plus répandus, de cités-jardins déjà vieillies (Suresnes, la Butte-Rouge à Châtenay-Malabry), de lotissements uniformes récents (La Haie-Bergerie à Villepreux), d’une banlieue verdoyante et aérée de belles propriétés et de très beaux pavillons (de Garches à Louveciennes).

La banlieue d’habitat collectif récent correspond aux grands et moyens ensembles, depuis les plus populaires (le domaine gazier à Choisy, le Clos-Saint-Lazare à Stains) en passant par ceux de standing moyen (les Lozaits à Villejuif), puis de bon standing (parc Montaigne et parc Saint-Cyr à Bois-d’Arcy) jusqu’aux plus luxueux, comme Parly 2 (Le Chesnay) ou Élysées 2 (La Celle-Saint-Cloud). Ces deux derniers types sont beaucoup plus nombreux en banlieue ouest et sud-ouest.

La banlieue du sous-prolétariat est formée de cités d’urgence, de centres d’accueil et de relogement, de groupements de caravanes et de baraquements, de bidonvilles (Champigny, Nanterre).

Les paysages de banlieue se diversifient encore en fonction de l’importance des arrière-gardes rurales (surtout cultures maraîchères et fruitières), des noyaux anciens de villages et de bourgs, de l’étendue des espaces verts publics, des parcs privés et des espaces non bâtis (terrains vagues), de la place des équipements pour les besoins de l’agglomération tout entière (gares de triage, aéroports, autoroutes, etc.), des zones industrielles récentes, de l’implantation des supermarchés, derniers et puissants pôles d’attraction (Belle-Épine, Parly 2, etc.). Il n’y a pas de paysages plus composites que ceux de la banlieue.

• La proche et vieille banlieue d’habitat collectif ancien ne présente pas en général, et de loin, la même densité de population que les quartiers résidentiels de Paris, mais seulement en moyenne la moitié. C’est que l’espace est en partie utilisé par des usines, des entrepôts ou de grands équipements et que, même si l’habitat en occupe la plus grande partie, les immeubles sont en général moins élevés — trois ou quatre étages au lieu de six ou sept —, ce qui est la conséquence d’une urbanisation plus récente, d’une moindre valeur du sol, de l’utilisation de matériaux plus médiocres, de règlements d’urbanisme moins généreux en raison d’une voirie souvent plus étroite. Cette proche banlieue correspond aux communes limitrophes de Paris ; au nord-ouest il s’y ajoute quatre ou cinq communes de la seconde couronne, de Saint-Cloud à Asnières. Peu à peu, cette proche banlieue se densifie par la démolition des bâtiments industriels, remplacés par des immeubles d’habitation et par la construction d’immeubles plus élevés. Dans certains secteurs, comme Neuilly, elle se différencie de moins en moins des quartiers voisins de Paris, de même composition sociale.

Dans cette proche banlieue, des différences sont introduites :
— par la plus ou moins grande importance des usines et des ateliers ou, à l’inverse, des espaces verts (dans l’ensemble plutôt rares) ;
— par la qualité des immeubles (la pierre de taille devient rare en dehors de Neuilly, de Boulogne, de Saint-Mandé ou de Vincennes), dont découle évidemment le contenu social (dans ces communes, comme à Paris, c’est en bordure des bois de Boulogne et de Vincennes que l’on rencontre les immeubles de plus grand standing) ;
— par la plus ou moins grande densité des commerces, qui se concentrent encore dans les vieux noyaux, comme à Villejuif, ou les grandes artères partant d’une porte de Paris, comme l’avenue de Neuilly à Neuilly, l’avenue de Paris à Vincennes, la rue de la République à Montrouge ;
— par les liaisons avec Paris — une distinction s’établit entre la proche banlieue desservie par le métro (Boulogne, Neuilly, Levallois-Perret, Pantin, Montreuil, Vincennes, Ivry, Issy-les-Moulineaux) et celle qui ne l’est pas (par exemple Aubervilliers, Bagnolet, Villejuif, Montrouge, Malakoff), la première participant bien plus à la vie de Paris.

• La banlieue d’habitat individuel se caractérise par ses plus faibles densités, ses paysages plus verdoyants et aérés, la longueur démesurée de la voirie, la raréfaction des commerces et des activités, donc des emplois, la rareté des transports en commun, la polarisation de la vie autour des gares. Mais elle peut correspondre à toutes les qualités d’immeubles à tous les niveaux sociaux.

• La banlieue d’habitat collectif récent constitue un tout autre univers, son expression la plus achevée étant le « grand ensemble ». Mais il existe des ensembles de toutes les dimensions et de toutes les qualités. Pratiquement, aucun secteur de la banlieue n’a été épargné par cette invasion et cette densification, puisque, depuis 1945, et surtout à partir de 1954, on a construit plus de 1 500 000 logements, dont 90 p. 100 sont en immeubles collectifs. Il a été réalisé à ce jour plus de 300 ensembles dépassant les 500 logements, dont 150 dépassent les 1 000, et une douzaine de véritables ensembles-villes en ont plus de 3 500. Les plus importants sont Sarcelles (12 000), Massy-Antony (8 500), le Val-d’Yerres, Créteil-Mont-Mesly et, dans la catégorie de luxe, Parly 2 (plus de 5 000) près de Versailles.

D’un point élevé, comme du belvédère de Châtillon-sous-Bagneux, le paysage de la banlieue apparaît complètement modifié : tours et barres géométriques aux couleurs claires se dressent au-dessus de la mer quasi uniforme des petits pavillons de teinte plus sombre et du vert de leurs jardinets ombragés.