Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paris (suite)

• L’ouest résidentiel se caractérise par ses avenues et ses boulevards larges et bordés d’arbres, ses commerces de luxe, groupés dans certaines rues seulement, comme la rue de Passy, ses immeubles en pierre de taille en général bien entretenus, avec souvent une porte cochère, d’aspect cossu. Les larges trottoirs ombragés sont de plus en plus transformés en parkings. La plus belle avenue de Paris va de l’Étoile au bois de Boulogne ; c’est l’avenue Foch, ex-avenue de l’Impératrice, large de 140 m, avec une double contre-allée. Sont restés très résidentiels et fort recherchés les quartiers du parc Monceau, des jardins du Ranelagh, les avenues Henri-Martin et Victor-Hugo, la bordure du bois de Boulogne, plus récente et datant pour l’essentiel de l’entre-deux-guerres. Mais cet ouest bourgeois se transforme et se densifie. Les petits immeubles ou hôtels particuliers avec leurs jardins disparaissent pour céder la place à de hauts immeubles de grand standing aux teintes claires, aux larges baies, avec garages en sous-sol. Ce sont les quartiers des ambassades, des administrateurs de sociétés, des médecins spécialistes, des hauts fonctionnaires, des hommes politiques, des vedettes du spectacle, du « Tout Paris ».

• Le Paris populaire périphérique comprend l’essentiel des arrondissements X à XX, (sauf le XVIe, la moitié sud du XVIIIe et quelques îlots bourgeois dispersés), c’est-à-dire plus de la moitié de Paris. C’est celui dont le parc immobilier se transforme le plus vite. Il devient de plus en plus contrasté, perd peu à peu ses activités industrielles et artisanales, et, dans l’ensemble, s’embourgeoise. Les quartiers les plus périphériques, comme dans le XIIIe arrondissement, Maison Blanche et la Gare, sont plus industriels et plus ouvriers, comportent davantage de gros établissements mais des activités moins variées. Les emprises ferroviaires occupent de vastes étendues, en particulier au nord (de la Villette à la Chapelle et aux Batignolles) et au sud-est (Lyon-Bercy, quartier de la Gare dans le XIIIe). Ces quartiers sont souvent peu différents des communes de banlieue limitrophes. Mais, malgré de nombreuses disparitions récentes, ce Paris populaire renferme encore une très forte densité d’activités industrielles.

La majorité des immeubles, bien que beaucoup plus récents que ceux du centre de Paris, sont en très mauvais état. Les rues, en dehors de quelques grandes avenues, ressemblent à celles du vieux centre de Paris. Ateliers et petites usines sont imbriqués entre les immeubles d’habitation, occupent les rez-de-chaussée et les cours, se groupent dans des cités (impasses d’ateliers) ; parfois surgit encore une cheminée d’usine. Les commerces sont beaucoup plus dispersés que dans l’ouest, et il s’y ajoute, deux ou trois fois par semaine, les marchés volants sur le trottoir, tel celui de la rue Lecourbe. Les cafés sont fort nombreux à l’angle des rues, et les espaces verts sont très rares.

Mais, de plus en plus, un habitat récent apparaît ; alors aspect et contenu social changent. Aucun arrondissement n’y échappe : par exemple le XIIIe avec les opérations Deux-Moulins et Glacière. Un véritable grand ensemble s’insère dans l’ancien tissu urbain avec ses barres et ses tours, ses pelouses et ses parkings, son centre commercial récent ou ses enfilades de commerces modernes à certains rez-de-chaussée. Ailleurs, surtout dans le XVe, c’est la juxtaposition d’opérations privées, comme avenue Émile-Zola, qui introduisent habitat de luxe et bureaux, changent l’aspect du quartier. De très grandes opérations d’urbanisme sont réalisées ou en voie de réalisation : Montparnasse, Front de Seine, bientôt Bercy.

La vie de ces quartiers périphériques s’organise autour des grandes radiales, anciennes grandes routes, comme l’avenue du Général-Leclerc (XIVe), l’avenue d’Italie (XIIIe), l’avenue de Clichy (XVIIe), ou, à défaut, autour des rues jouant le même rôle, telles la rue de Flandre (XIXe), la rue de Vaugirard (XVe). Les immeubles qui les encadrent sont très hétérogènes ; tantôt fort vieux, même s’ils ont au rez-de-chaussée des commerces très prospères ; tantôt remplacés par des bâtiments modernes (grands magasins [le Printemps-Nation], cinémas, commerces de luxe, stations-service, bureaux, banques, logements confortables). Ces avenues et ces rues sont très commerçantes, jalonnées de stations de métro et débouchent à d’anciennes portes de Paris. Souvent terminus du métro, têtes de ligne de multiples lignes d’autobus divergeant les unes dans Paris, les autres en banlieue, sorties du périphérique, points de rupture obligé, ces « portes » offrent une forte concentration de cafés-tabac-P. M. U., de restaurants, d’hôtels. Là, comme dans les gares, transite matin et soir la foule des banlieusards, mais ceux-ci, en général, viennent de moins loin.

L’emplacement des anciennes fortifications présente des caractères particuliers. Il s’agit d’une couronne de 35 km de long et d’environ 350 m de large. Le paysage tranche avec ce qui l’entoure et marque une coupure dans le tissu urbain, soulignée aujourd’hui par la double ceinture des boulevards des Maréchaux et du boulevard périphérique, véritable autoroute circulaire intra-urbaine, qui matérialise la limite entre Paris et la banlieue. L’espace intercalaire entre les deux boulevards se caractérise par la variété des types d’occupation : casernes, bâtiments publics divers, cimetières, terrains de sports, halls d’exposition (porte de Versailles), cité universitaire du boulevard Jourdan (XIVe), aujourd’hui des établissements scolaires récents. Malgré des projets de ceinture verte, il y a très peu d’espaces plantés. Ce qui frappe le plus souvent, surtout aux « portes », ce sont les grands immeubles H. B. M., puis H. L. M. construits par blocs compacts : 40 000 logements dans l’entre-deux-guerres (par exemple porte d’Aubervilliers), la plupart en briques rouges, brunes ou ocre, et plus de 10 000 encore après la dernière guerre (par exemple porte de Vincennes et porte d’Italie) aux teintes plus claires, blanche ou grise. Par moments, c’est un véritable mur qui ceint Paris. Toute cette périphérie de Paris ne s’aère vraiment qu’en bordure du bois de Boulogne ou de celui de Vincennes et ne reçoit guère de touristes.