Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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parasitisme (suite)

Le parasitisme dans le règne végétal

L’état de parasitisme définit les rapports entre deux êtres, l’un profitant de la présence de l’autre, tandis que ce dernier souffre de l’existence du premier. Très généralement, un individu prélève sa nourriture sur un hôte, qui ainsi accuse un déficit trophique ; ce déficit est compensé par une assimilation plus intense ou conduit à un affaiblissement progressif.

De telles associations se réalisent entre végétaux seuls ou entre végétaux et animaux ; à l’inverse, des espèces animales empruntent leur nourriture à des végétaux vivants. Bactéries et Virus variés peuvent également vivre sur des plantes.


Exemples de parasitisme intervégétal

On connaît de très nombreux cas où un végétal s’installe sur un autre et vit aux dépens de ses tissus : le Gui fixé sur un arbre (Pommier, Peuplier, Chêne) tire de l’eau et des sels minéraux de son hôte à l’aide d’un suçoir ; la petite Cuscute, au port lianoïde, enserre son support (Trèfle, diverses Légumineuses fourragères, Vigne, Lin, Ortie, Houblon...) et y envoie des suçoirs dont les vaisseaux se raccordent à ceux du bois et du liber de la plante parasitée, lui permettant ainsi de prélever eau, sels minéraux et substances organiques. Le Cytinus vit sur les racines de Cistes, les Orobanches sur les Gaillets, le Genêt, les Éryngiums, le Thym... Les Mélampyres, quoique pourvus de chlorophylle, sont accrochés aux racines de diverses plantes, auxquelles ils sont reliés par des suçoirs issus de l’assise pilifère. On trouve dans les familles des Balanophoracées, des Santalacées et des Rafflésiacées de nombreuses plantes parasites (souvent tropicales) qui envahissent les racines ou les tiges de leurs hôtes et qui manifestent uniquement leur présence par une floraison brillante et abondante au niveau du sol.

Mais c’est le groupe des Champignons qui renferme le plus de parasites ; ceux-ci peuvent, suivant les espèces, attaquer des Angiospermes ou d’autres groupes. On peut citer parmi les maladies les plus connues provoquées par des Champignons dans nos régions, les rouilles, les charbons, l’ergot du Seigle... Ces diverses maladies des végétaux sont redoutées des agriculteurs et des jardiniers, qui s’emploient à lutter activement contre les épidémies qui ravagent les cultures.

La rouille du Blé, par exemple, possède un cycle de développement assez compliqué ; sur le Blé, un thalle provenant d’une spore apportée de l’extérieur se développe, pénètre entre les cellules et forme sous l’épiderme une masse roussâtre constituée de filaments porteurs de spores ; l’épiderme éclate, et ses spores infestent d’autres parties de la plante ou les feuilles des pieds voisins ; à la fin de l’été, des urédospores apparaissent, capables de résister pendant la période hivernale sur les sols ou les chaumes ; au printemps, leur germination est à l’origine des sporédies, qui ne pourront se développer que sur l’Épine-Vinette (Berbéris), arbrisseau épineux fréquent dans nos régions. Le développement du Champignon sur les feuilles de ce nouvel hôte aboutira à la formation, à la face supérieure des feuilles, de spores qui ne germent que sur l’Épine-Vinette. Mais après une fécondation entre deux thalles apparaissent à la face inférieure des feuilles de petites spores (écidiospores) capables d’envahir le Blé et lui seul. La nécessité de deux hôtes est aussi courante chez d’autres Urédinées, qui passent successivement sur les Euphorbes et le Pois ou le Trèfle, l’Avoine et les Rhamnus, le Pin sylvestre et le Peuplier blanc, le Poirier et la Sabine, le Pommier et le Genévrier... Quelques espèces, cependant, n’ont qu’un seul hôte, comme le Framboisier, l’Épicéa.

Un grand nombre d’autres Champignons attaquent de très nombreuses Angiospermes : arbres fruitiers à noyau ou à pépins, arbres forestiers, plantes potagères appartenant à différentes familles. Ils y provoquent l’apparition de nombreux troubles : taches, gonflements, pourriture des feuilles ou des fruits, parfois des racines ; parmi les plus importants, on peut citer également le mildiou, dû à Plasmopara viticola (Phycomycète), d’origine américaine ; il a été introduit en France avec les plants destinés à lutter contre l’invasion du Phylloxéra. Dans le même groupe, on trouve une maladie analogue de la Pomme de terre, due à Phytophthora infestans, et l’on peut aussi en rapprocher l’encre du Châtaignier (due à Blepharospora cambivora), qui a ravagé au siècle dernier les cultures de Châtaigniers ; c’est ici le tronc et les grosses racines qui sont atteints. Certains Basidiomycètes se fixent sur des arbres ; ce sont par exemple les Polypores, qui prélèvent leur nourriture sur leur hôte. Ils sont charnus ou coriaces, parfois même s’étalent en plaque.


Exemples de végétaux parasitant des animaux

C’est encore chez les Champignons que l’on trouve les exemples les plus typiques de parasitisme utilisant un hôte animal. Le muguet (plaques blanchâtres se développant sur la muqueuse buccale pharyngée ou œsophagienne et pouvant même s’étendre à tout le tube digestif) est dû à un Champignon (Endomyces albicans) ; de forme filamenteuse, celui-ci bourgeonne en donnant des éléments courts et arrondis. Dans le groupe des Levures, on connaît des espèces capables de se développer sur la muqueuse buccale (provoquant des sortes d’angines) ou dans la peau (qui est érodée ou tuméfiée) ; certaines se fixent dans les poumons. Les Aspergillus peuvent également se localiser dans la peau, dans les voies respiratoires des Oiseaux et de l’Homme, et y provoquer des troubles assez difficiles à éliminer. Parmi bien d’autres exemples, on peut citer les Trichophyton, qui parasitent les poils, les rendent cassants et provoquent l’apparition de plaques dénudées (teigne).


Exemples d’animaux parasitant des végétaux

Ce sont les Insectes qui fournissent les cas les plus typiques et qui occasionnent les dégâts les plus graves aux cultures. On peut citer parmi eux le Doryphore (Coléoptère), qui attaque la Pomme de terre et dont la larve, rose et vorace, fait bien plus de dégâts sur les feuilles que l’adulte ; cet Insecte d’origine américaine est arrivé, par avance régulière, de l’est de l’Europe jusqu’en France. Le Phylloxéra (Puceron de petite taille) a détruit le vignoble français : les générations parthénogéniques attaquent la feuille ou les racines, où elles constituent des nodules dangereux pour la plante ; en fin de saison apparaissent des Insectes ailés des deux sexes, qui sont à l’origine des œufs d’hiver qui infesteront les plants l’année suivante. D’autres Insectes pondent dans les fleurs des arbres fruitiers ; la larve se développe dans le fruit, le rendant véreux ; d’autres encore pondent sur les feuilles, y provoquant l’apparition de galles variées. Parfois, c’est la racine qui héberge les larves, communément appelées vers. La liste des divers dégâts causés par les Pucerons, les Hannetons, les Charançons, les Cochenilles, les Buprestes, les Scolytes, les Chenilles, les Mouches, les Thrips, les Pyrales, les Altises... est immense et porte sur presque toutes les espèces végétales, sauvages ou cultivées.