Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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parasitisme (suite)

Comme adaptation biochimique des parasites, il convient de signaler l’existence d’antienzymes, substances protéiques qui inhibent l’activité enzymatique de l’hôte chez divers helminthes intestinaux (Ascaris et autres Nématodes, Cestodes). On ne peut dire, cependant, que ce sont ces substances seules qui empêchent les helminthes d’être digérés par les enzymes de l’hôte, car la composition chimique de leur cuticule intervient également. Il en est de même chez divers Protozoaires intestinaux (Grégarines) dont la paroi externe est recouverte de mucosubstances. D’autres parasites (Amibes, Ankylostomes, etc.) possèdent des enzymes protéolytiques. Ajoutons que certains endoparasites peuvent vivre dans des liquides toxiques (bile, urine, etc.) sécrétés par l’hôte et que certains d’entre eux supportent l’absence d’oxygène (anaérobiose), bien que la plupart soient aérobies.


Cycles évolutifs

Les cycles évolutifs des parasites offrent une grande diversité. Nous en donnerons ici quelques exemples, en allant des plus simples aux plus compliqués.


Parasites monoxènes (c’est-à-dire hébergés par un seul hôte)

• Cycle direct simple. C’est le cycle des parasites qui ne quittent guère leur hôte. C’est le cas, chez les Protozoaires, des Amibes et des Flagellés intestinaux, qui se transmettent d’un hôte à un autre par des kystes (stades de résistance) expulsés avec leurs excréments. Chez les helminthes, on observe un tel cycle direct chez la plupart des monogènes et chez les Oxyures. Il en est de même des Copépodes parasites et des Insectes ectoparasites de Vertébrés (Poux, Puces). Certains Acariens (par exemple le Sarcopte de la gale) effectuent tout leur cycle dans le même micromilieu, à savoir l’épiderme de la peau de l’hôte.

• Cycle direct avec migrations. C’est le cas de l’Ascaris de l’Homme, dont les œufs ingérés avec les aliments éclosent dans l’intestin, libérant une larve qui traverse sa paroi, se laisse entraîner dans le torrent circulatoire, gagne le foie, puis le poumon, la trachée, l’œsophage et l’intestin, où elle devient adulte.

Un autre exemple est fourni par le monogène Polystoma integerrimum, parasite de la vessie de la Grenouille. Les œufs, pondus dans l’eau par l’adulte, donnent des larves qui se fixent sur des têtards de Grenouille au niveau des branchies. Lorsque les têtards se métamorphosent en adultes, ces larves quittent les branchies, qui vont s’atrophier, et, par le tube digestif, atteignent la vessie, où elles deviennent adultes au bout de quatre ans, puis le cycle recommence.


Parasites hétéroxènes (c’est-à-dire hébergés par plusieurs hôtes)

Nous prendrons des exemples dans les divers groupes zoologiques.

• Protozoaires
Les Plasmodium, Sporozoaires agents du paludisme de l’Homme et de divers Vertébrés, effectuent une partie de leur cycle chez les Moustiques du genre Anopheles. Le germe infestant, vermicule nucléé appelé sporozoïte, introduit dans le sang par la piqûre du Moustique, pénètre dans les cellules du foie, où il devient un schizonte qui se découpe en schizozoïtes (cette partie du cycle, qui a lieu en dehors des hématies, est dit « exoérythrocytaire »). Les schizozoïtes pénètrent dans les hématies, où a lieu une nouvelle schizogonie libérant de nouveaux schizozoïtes. Plusieurs générations asexuées peuvent ainsi se succéder jusqu’à ce que des schizontes deviennent des gamontes réniformes, qui sont absorbés avec du sang par le Moustique. Chez ce second hôte, les gamontes libérés dans l’intestin donnent des gamètes mâles et femelles. La fécondation a lieu dans la lumière et donne un œuf mobile (oocinète) qui traverse l’épithélium intestinal, sous lequel il s’entoure d’une membrane. Cet œuf s’accroît, multiplie ses noyaux et devient une spore (oocyste) contenant des milliers de sporozoïtes, qui s’accumulent dans les glandes salivaires du Moustique. Lorsque ce dernier pique l’Homme, le cycle recommence.

Comme autres Protozoaires parasites évoluant chez deux hôtes, on peut citer les Trypanosomes, Flagellés du sang des Mammifères, qui sont transmis par un Insecte piqueur (Mouche Tsé-Tsé, Taon, Punaise), mais ici le cycle est plus simple du fait de l’absence de schizogonie et de sporogonie (les Trypanosomes se multiplient par division binaire longitudinale).

• Vers
Cycle à deux hôtes. La Douve du foie (Fasciola hepatica) est un Trématode qui vit à l’état adulte dans le foie (canaux biliaires) des Ruminants (Ovins et Bovins) et qui peut parfois infester l’Homme. Les œufs, rejetés avec les excréments de l’hôte, éclosent dans l’eau et donnent une larve ciliée, ou miracidium, qui va pénétrer chez la Limnée (Mollusque gastropode), où elle devient un sporocyste, dans lequel vont se développer d’autres larves appelées rédies (nommées ainsi en l’honneur du naturaliste italien Francesco Redi [1626-1698], qui fut un pionnier de la parasitologie*). Celles-ci produisent des rédies filles, puis un autre type de larves pourvues d’une queue, les cercaires, qui vont quitter le Mollusque et nager jusqu’à la rencontre avec un végétal. Elles perdent alors leur queue, s’enkystent et deviennent des métacercaires, qui seront ingérées par l’hôte définitif.
Cycle à trois hôtes. La petite Douve du foie (Dicrocœlium lanceolatum), parasite du Mouton, a un cycle très voisin : les miracidiums pénètrent chez un Gastropode terrestre. Les cercaires sont absorbées par des Fourmis et s’y transforment en métacercaires, qui infesteront l’hôte définitif lorsque celui-ci les avalera avec de l’herbe.

Le Bothriocéphale (Diphyllobothrium latum, Cestode) a également trois hôtes. L’adulte vit dans l’intestin de l’Homme et pond des œufs éclosant dans l’eau pour donner une larve appelée coracidie, qui est ingérée par un Copépode (Cyclops), chez qui elle se transforme en larve procercoïde. Lorsque le Crustacé aura été mangé par un Poisson, le procercoïde se transformera en plérocercoïde, que l’Homme absorbera en mangeant le Poisson insuffisamment cuit et qui deviendra adulte en cinq à six semaines dans l’organisme humain. Notons que, chez certaines espèces, seules les larves sont parasites, l’adulte menant une vie libre. Tel est le cas de certains Crustacés (Monstrillides, Gnathiides), Nématodes (Mermithidés), Gordiacés (Vers voisins des Nématodes), Mollusques (larves glochidium des Moules d’eau douce), Insectes (Diptères œstrides et tachinides, Hyménoptères entomophages). C’est le parasitisme protélien.