Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Panamá (canal de) (suite)

Morceau des États-Unis en terre tropicale, la zone du canal pèse d’un poids considérable sur la vie économique et politique de la république de Panamá. Elle fait vivre, directement ou indirectement, près de la moitié des Panaméens, moins par les redevances versées par les États-Unis que par sa symbiose économique avec la partie adjacente du Panamá. En 1966, plus de 21 000 Panaméens travaillaient dans la zone du canal, attirés par des salaires qui, tout en étant très inférieurs à ceux des ressortissants nord-américains, étaient doubles de ceux qui étaient pratiqués dans la ville de Panamá. Ces salaires, les achats de denrées panaméennes par les touristes et surtout par les « zoniens », les prestations de services à la zone du canal par des sociétés panaméennes comblent le déficit considérable de la balance commerciale du Panamá. Une zone franche de 40 ha établie près de Colón est un point de débarquement et d’embarquement de marchandises à destination de l’Amérique du Sud, un centre de conditionnement de denrées par une main-d’œuvre à bon marché. Les villes situées aux extrémités du canal, où se concentre l’activité économique liée à celui-ci, sont des organismes doubles coupés par la frontière. L’inégalité est flagrante entre la zone du canal et le territoire panaméen.

La susceptibilité nationaliste du Panamá s’est accrue, et dès 1956 le président panaméen revendiquait la souveraineté sur le canal. Un traité rédigé en 1967 abrogea celui de 1903. Panamá obtint la souveraineté sur le canal, la limitation des privilèges commerciaux des États-Unis ; la redevance était portée à 18 millions de dollars ; les États-Unis pourraient faire un canal à niveau à 16 km du canal actuel. Mais ce traité n’a toujours pas été ratifié, et le problème des relations entre la zone du canal et le Panamá demeure. Bien que le canal ait perdu beaucoup de sa valeur stratégique, les États-Unis refusent de céder à l’essentiel des revendications panaméennes ; les bénéfices qu’ils tirent du canal sont considérables (175 millions de dollars en 1970). La redevance versée au Panamá (1,9 M de dollars) est très faible en comparaison. De plus, la pénétration en franchise des marchandises nord-américaines gêne le commerce panaméen, et les installations du canal attirent techniciens et cadres panaméens, freinant d’autant le développement du pays. Mais, dans l’immédiat, la situation est avantageuse pour le Panamá, qui, en 1970, a tiré 74 millions de dollars des activités en relation avec le canal. Le problème posé dépasse le cadre national, et, des décisions qui interviendront quant à la création d’un nouveau canal, dépendra l’évolution économique du Panamá, et surtout de sa capitale.

R. P.

➙ V. Panamá (république de).

Panamá (république de)

État de l’Amérique centrale.


La géographie


Le milieu

Le Panamá s’étend sur la partie la plus étroite de l’isthme d’Amérique centrale. Son territoire s’étire sur plus de 600 km, du Costa Rica à l’ouest à la Colombie à l’est, bordé au nord par la mer des Caraïbes, au sud par l’océan Pacifique. L’absence de relief important et la très faible distance entre les deux côtes (50 km) font du centre du pays une zone privilégiée pour la traversée de l’isthme.

Ce rôle de « route transisthmique » est le facteur principal dans l’évolution historique du pays. Depuis son indépendance (1903), le Panamá est divisé en deux parties par le canal interocéanique et sa zone (1 432 km2, sous la juridiction des États-Unis). Le canal joue un rôle considérable dans la politique et l’économie du pays et a favorisé le développement de sa capitale, Panamá. L’importance de cette région centrale ne doit cependant pas faire oublier l’existence de provinces rurales contrastées tant par leurs caractères physiques que par leur peuplement.

Les aspects du relief et les données climatiques caractéristiques de l’Amérique centrale se prolongent à travers le territoire panaméen ; l’axe volcanique s’étire jusqu’à la zone du canal ; le climat tropical chaud et humide s’accentue vers le sud-est, favorisant une plus grande emprise de la forêt dense. Le versant caraïbe de la Cordillère centrale, très humide (plus de 3 000 mm de précipitations annuelles), ne connaît pas de saison sèche, les montagnes, couvertes de forêt dense, atteignent la mer formant une côte à falaises ; les rares plaines sont les plaines alluviales. Le versant pacifique, moins humide (1 500 à 3 000 mm de précipitations par an), connaît une saison sèche de janvier à avril : la plaine côtière est étroite, mais entre la péninsule d’Azuero et la chaîne centrale s’étend une dépression couverte de savanes, « El Interior ». L’opposition entre les deux versants est nette dans la partie occidentale du pays ; elle s’atténue dans la partie orientale pour disparaître à l’extrême sud-est dans le Darién. Là, les formes de paysage et les types de climat s’apparentent déjà à ceux du continent sud-américain ; la densité de la végétation interdit toute communication terrestre avec la Colombie.


La population

La population (1 670 000 hab. en 1975) est composée de métis (plus de 65 p. 100), de Noirs (15 p. 100), de Blancs (12 p. 100), d’Indiens (6 p. 100). Les Espagnols, éleveurs de bétail, s’établirent surtout dans la zone de savanes, qui est encore la principale région rurale du Panamá. Les ethnies indiennes qui occupaient le territoire se sont, pour la plupart, mélangées aux conquérants ou à leurs esclaves noirs. Certains groupes indiens se sont retirés dans les forêts des hautes terres centrales, à l’ouest du pays, ou sur la côte des Caraïbes. Les descendants non métissés des vieilles familles espagnoles vivent surtout dans la capitale et constituent les hautes classes de la société panaméenne. À la fin du xixe s., des Noirs des Antilles britanniques furent installés dans les plantations de bananes de la province de Bocas del Toro sur la côte caraïbe. D’autres vinrent au début du xxe s. pour travailler à la construction du canal ; leurs descendants vivent aujourd’hui dans la zone du canal et dans les villes de Colón et de Panamá.