Panamá (canal de) (suite)
Morceau des États-Unis en terre tropicale, la zone du canal pèse d’un poids considérable sur la vie économique et politique de la république de Panamá. Elle fait vivre, directement ou indirectement, près de la moitié des Panaméens, moins par les redevances versées par les États-Unis que par sa symbiose économique avec la partie adjacente du Panamá. En 1966, plus de 21 000 Panaméens travaillaient dans la zone du canal, attirés par des salaires qui, tout en étant très inférieurs à ceux des ressortissants nord-américains, étaient doubles de ceux qui étaient pratiqués dans la ville de Panamá. Ces salaires, les achats de denrées panaméennes par les touristes et surtout par les « zoniens », les prestations de services à la zone du canal par des sociétés panaméennes comblent le déficit considérable de la balance commerciale du Panamá. Une zone franche de 40 ha établie près de Colón est un point de débarquement et d’embarquement de marchandises à destination de l’Amérique du Sud, un centre de conditionnement de denrées par une main-d’œuvre à bon marché. Les villes situées aux extrémités du canal, où se concentre l’activité économique liée à celui-ci, sont des organismes doubles coupés par la frontière. L’inégalité est flagrante entre la zone du canal et le territoire panaméen.
La susceptibilité nationaliste du Panamá s’est accrue, et dès 1956 le président panaméen revendiquait la souveraineté sur le canal. Un traité rédigé en 1967 abrogea celui de 1903. Panamá obtint la souveraineté sur le canal, la limitation des privilèges commerciaux des États-Unis ; la redevance était portée à 18 millions de dollars ; les États-Unis pourraient faire un canal à niveau à 16 km du canal actuel. Mais ce traité n’a toujours pas été ratifié, et le problème des relations entre la zone du canal et le Panamá demeure. Bien que le canal ait perdu beaucoup de sa valeur stratégique, les États-Unis refusent de céder à l’essentiel des revendications panaméennes ; les bénéfices qu’ils tirent du canal sont considérables (175 millions de dollars en 1970). La redevance versée au Panamá (1,9 M de dollars) est très faible en comparaison. De plus, la pénétration en franchise des marchandises nord-américaines gêne le commerce panaméen, et les installations du canal attirent techniciens et cadres panaméens, freinant d’autant le développement du pays. Mais, dans l’immédiat, la situation est avantageuse pour le Panamá, qui, en 1970, a tiré 74 millions de dollars des activités en relation avec le canal. Le problème posé dépasse le cadre national, et, des décisions qui interviendront quant à la création d’un nouveau canal, dépendra l’évolution économique du Panamá, et surtout de sa capitale.
R. P.
➙ V. Panamá (république de).