Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pagode (suite)

Les pagodes chinoises, d’abord en bois, sont construites, à partir du vie s., le plus souvent en brique ou en pierre (influence indienne). La plus ancienne pagode en brique (523) subsistant en Chine se dresse sur le mont Songshan (Song-chan), au Henan (Ho-nan). Sa toiture, de forme conique, divisée en quinze faux étages par des corniches, imite les tours indiennes appelées śikhara. Autre exemple d’un édifice d’inspiration occidentale, la grande pagode des Oies sauvages fut commencée à Chang’an (Tch’ang-ngan), actuelle Xi’an (Si-ngan), en 652, après le retour de l’Inde du célèbre pèlerin Xuan Zang (Hiuan Tsang). Comme la tour-reliquaire de Bodh-Gayā, la forme générale, de plan carré, évoque une pyramide tronquée en brique, divisée par des encorbellements en zones horizontales pourvues de niches ou d’ouvertures sur chaque face. Le même langage simple et clair, caractéristique de l’époque Tang (T’ang*), apparaît à la petite pagode des Oies sauvages (707), construite pour un autre monastère de la capitale.

Datant des Cinq Dynasties et des Song* (xe-xiiie s.), il reste environ soixante pagodes, le plus souvent octogonales, dont l’architecture imite les édifices en bois contemporains (pagodes « jumelles » de Suzhou [Sou-tcheou], au Jiangsu [Kiang-sou], fin du xe s.). Parfois, brique et bois sont employés en même temps, la brique pour le corps principal, le bois pour les consoles, les balustrades et les toitures. En Chine du Nord subsiste encore à Yingxian (Ying-hien), dans le Shānxi (Chan-si), la plus ancienne pagode en bois (1056), mais l’exemple type de l’époque Liao (Leao) est la pagode en brique du Tianningsi (T’ien-ning-sseu, début du xiie s.) à Pékin. Elle comprend trois parties distinctes : une base octogonale, une zone centrale aux sculptures en haut relief entourant de fausses ouvertures, une toiture à treize étages avec consoles imitant des structures en bois.

Ces principes fondamentaux se maintiennent sous les Yuan*, puis sous les Ming* avec plus d’ampleur. À côté des formes traditionnelles apparaît, en outre, le « dagoba lamaïque », traduction tibétaine du stūpa indien. Cette construction à dôme renflé, puis étranglé vers le haut, connaît une vogue particulière sous les Qing (Ts’ing*) [dagoba blanc de Bei-hai (P’ei-hai), 1652, Pékin].


Transmission de la pagode en Corée et au Japon

Les pagodes coréennes et japonaises, inspirées de types continentaux, sont beaucoup moins diversifiées qu’en Chine.

En Corée, la pagode de pierre connaît un développement original. Le Nord ne conserve plus de vestiges, mais, à Puyŏ, près de la dernière capitale de Päk-če (ou Paiktche, viie s.), un petit édifice carré, en pierre, à cinq étages, constitue l’exemple le plus ancien d’un genre qui se perpétuera au cours des siècles. À Sil-la, de nombreuses pagodes ont subsisté, carrées et de forme massive à l’imitation des constructions Tang (pagodes du Pul-kuk-sa, non loin de Kyŏng-ču, et du Kamun-sa, sur le littoral de la mer du Japon).

À la différence des Coréens, les Japonais montrent une prédilection pour la pagode (tō) en bois, de plan carré, à pavillons superposés. Le type de base a survécu au Hōryū-ji (début du viie s.), près de Nara. La pagode à cinq étages, marqués par des toits largement débordants, est couronnée d’un haut mât de bronze comprenant neuf anneaux. Au Yakushi-ji, près de Nara également, la pagode de l’est (fin du viie s.) n’a que trois étages réels, mais les toits de tuile, très espacés, permettent l’adjonction d’auvents, caractéristiques des bâtiments de l’époque. La pagode du Murō-ji (ixe s.) constitue un exemple de petite dimension particulièrement élégant, où se révèle le goût des Japonais pour des structures sobres sans décor sculpté. La charpente peinte en rouge s’harmonise avec le crépi blanc des murs et les bardeaux brunâtres des toitures en écorce de cèdre. Ce style prévaudra désormais.

Le tahōtō, ou « pagode des nombreux trésors », combine la structure carrée à toiture débordante et galerie avec la demi-sphère aplatie du stūpa. À la partie inférieure, une chapelle abrite une statue de divinité (Ishiyama-dera, v. 1200).


Emplacement de la pagode dans les sanctuaires

La pagode occupait, à l’origine, une position dominante, devant la salle du Bouddha, sur l’axe médian du sanctuaire. Cette disposition, dont il n’y a plus traces aujourd’hui en Chine, se retrouve dans le plan d’un temple de la région de Puyŏ, en Corée. Elle apparaît également au Shitennō-ji d’Ōsaka, la plus ancienne fondation bouddhique japonaise (fin du vie s.).

Sous les Sui et les Tang, la pagode se dédouble et deux édifices sont construits, symétriquement, de part et d’autre de la voie médiane. La pagode est du Yakushi-ji de Nara, qui, seule, demeure, rappelle cette organisation spatiale.

À partir du xe s., en dehors de quelques exceptions (pagodes « jumelles » de Suzhou), la pagode est reléguée à l’arrière de la salle du Bouddha ou sur un des axes latéraux de l’ensemble monastique. Perdant peu à peu sa signification première avec le déclin du bouddhisme, elle abritera souvent l’autel d’une divinité tutélaire ou sera un lieu de réunion pour des fêtes populaires.

F. D.

➙ Chine / Japon.

 Z. Sickman et A. C. Soper, The Art and Architecture of China (Harmondsworth, 1956). / M. Pirazzoli et t’Serstevens, Chine (Office du livre, Fribourg, 1970).

Pagure

Crustacé décapode, communément appelé Bernard-l’Ermite, qui loge son abdomen mou dans la coquille vide d’un Gastropode.


On connaît environ quatre cents espèces de Pagures, représentant la plus grande part du groupe des Anomoures ; les formes typiques vivent près du littoral, mais on en rencontre également dans les grandes profondeurs ; les Cénobites et le Crabe des Cocotiers sont des Pagures à habitat terrestre.


Adaptation du corps à la coquille-gîte