Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Oursins (suite)

Écologie et subdivisions

Les Oursins se trouvent dans toutes les mers, à toutes les profondeurs et dans tous les milieux. Les Réguliers se nourrissent surtout d’Algues, d’Éponges, de Gorgones ; les Irréguliers absorbent, avec le sable ou la vase, toutes sortes de détritus, de petits Mollusques et de Foraminifères.

Les parasites et les commensaux appartiennent aux mêmes groupes, souvent aux mêmes espèces, que ceux des autres Échinodermes, surtout des Astérides. Des blessures infligées au test par des prédateurs sont rapidement cicatrisées, et les pièces réparées portent les mêmes ornements et organes que celles qui sont restées intactes. D’ailleurs, il y a régénération de tous les appendices, piquants, podia, pédicellaires, sphéridies.

Les Échinides se divisent en deux sous-classes : Regularia et Irregularia.

La sous-classe Regularia comprend cinq ordres actuels. Chez les Lepidocentroida, seule la famille des Échinothuriidés a des formes actuelles ; ce sont des Oursins mous, au corps aplati et flexible, la plupart abyssaux. Les Cidaridés portent de très longs et souvent gros piquants qui, lorsqu’ils sont enlevés, découvrent un test de grande beauté, aux gros tubercules des plaques interradiaires entourés d’un cercle de petits mamelons.

La forme des dents de la lanterne et des épiphyses sert à différencier les trois autres ordres ; les dents des Aulodontes sont sans carène interne, alors qu’elles sont carénées chez les Stirodontes et les Camarodontes ; les épiphyses des premiers ne se réunissent pas au-dessus de la grande fenêtre des mâchoires, alors qu’elles sont soudées chez les seconds.

La sous-classe Irregularia renferme tous les Oursins dont le périprocte et l’anus ont émigré hors du système apical. Elle se divise en Holectypoïdes, Cassiduloïdes, Clypéastroïdes et Spatangoïdes, ces deux derniers ordres, dont il a déjà été parlé, renfermant la très grande majorité des espèces actuelles. Les Spatangoïdes se scindent en deux sous-ordres : le plastron ventral des Amphisternates touche le labrum par deux plaques, celui des Méridosternates se terminant par une seule plaque. Ce dernier sous-ordre renferme des Oursins presque tous abyssaux aux formes très curieuses, notamment les Pourtalésiidés, à test très mince, en forme de bouteille ou de sabot.

La plupart des très nombreux Échinides fossiles diffèrent peu des espèces actuelles. Cependant, les Mélochinoïdés (Paléozoïque) ont leur test constitué par plus de vingt colonnes de plaques coronales ; celui des Bothriocidaris (Ordovicien) n’en a que quinze, dont seulement cinq colonnes de plaques interradiaires.

G. C.

ouverture

Pièce instrumentale précédant une série de danses ou une partition lyrique, ou encore page symphonique se suffisant à elle-même.


« J’ai pensé que l’ouverture devait éclairer les spectateurs sur l’action et en être pour ainsi dire l’argument et la préface. » Ainsi s’exprimait Gluck* à propos d’Alceste. Au cours des cent cinquante années qui venaient de s’écouler depuis la création de l’opéra en Italie, l’ouverture — quelle qu’ait été la forme adoptée : sinfonia, ouverture « à la française » (grave suivi d’un fugato), ouverture « à l’italienne » (vif, lent, vif) — ne débouchait pas sur l’action elle-même, mais sur un prologue allégorique. Son caractère décoratif ne peut donc surprendre. Pas davantage le fait qu’elle ait échappé à cette règle quand l’action commençait directement. Dans le cas de Didon et Énée de Purcell*, l’ouverture lullyste prépare à l’atmosphère du drame ; dans Zoroastre de Rameau*, l’ouverture, conçue cette fois « à l’italienne », décrit « la lutte des forces du bien contre les forces du mal ».

La réforme opérée par Gluck en vue d’un resserrement de la musique autour de l’action ne pouvait qu’accentuer cette démarche. Gluck ira même jusqu’à la fusion organique de l’ouverture avec le premier acte dans Alceste, Iphigénie en Aulide (Mozart se chargera d’écrire une « coda » pour l’exécution en concert) et Iphigénie en Tauride, cette dernière décrivant l’orage selon les indications du compositeur. Les ouvertures de Mozart*, excepté celle de Don Giovanni, sans aller jusqu’à un pareil rattachement formel, prépareront l’auditeur au mouvement (les Noces de Figaro) ou à la nature (la Flûte enchantée) de l’action. Dans certains cas, il sera fait usage de thèmes empruntés à la partition (l’Enlèvement au sérail). La tendance à préparer l’auditeur au décor deviendra presque générale au début du xixe s. : décor historique (l’oppression et le soulèvement libérateur dans Egmont de Beethoven*) ou géographique (Turandot de Weber* ; l’Auberge de Bagnères de Charles Simon Catel [1773-1830]) avec recours à des thèmes folkloriques du pays où se déroule l’action. Quant à l’ouverture-synopsis du drame futur (Coriolan de Beethoven), elle menait tout droit au poème symphonique. Exception faite des Maîtres chanteurs, Wagner*, à partir de l’Anneau du Nibelung, concevra des préludes rattachés organiquement au drame et bâtis sur un ou deux motifs, sujets à développements ou variations, et dont la répétition envoûtera le spectateur jusqu’à l’introduire dans le décor ou l’atmosphère psychologique (l’Or du Rhin, la Walkyrie, Parsifal). Verdi* optera pour cette forme d’introduction, mais en la ramenant à des proportions plus brèves, limitant aussi les effectifs instrumentaux pour mieux rendre le lieu et l’ambiance des scènes à venir (tableaux de la prison du Trouvère ; de la chambre de Desdémone d’Othello). Ses successeurs, et en premier lieu Puccini*, agiront exactement de même. Et le rideau en viendra à se lever pendant, voire avant les premières mesures d’orchestre.

Parallèlement à cette évolution de l’ouverture étroitement liée à l’action, d’autres ouvertures, faites d’assemblages disparates de thèmes pris à la partition, auront vu le jour dans l’opérette et l’opéra-comique. Une solution particulière et troublante aura été proposée par Bizet*, à mi-chemin de ces deux attitudes, avec le prélude de Carmen, résumé incomplet du quatrième acte : incomplet parce que la première partie décrit tout le défilé de la quadrilla (cette scène populaire dans la forme elle-même populaire du rondeau) et parce que la deuxième, qui commence après un long silence, est un grand crescendo dramatique construit sur le thème de Carmen (thème symbolique de la fatalité), mais est brutalement interrompue sur un accord dissonant non résolu.