Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Ours (suite)

La formule dentaire des Ours est celle des Carnivores :

Les canines sont énormes, mais, les Ursidés étant capables de s’adapter à un régime omnivore, les carnassières (qui sont chez les Carnivores la quatrième prémolaire supérieure et la première molaire inférieure, soit perdent leur fonction tranchante pour devenir broyeuses, avec des tubercules sur leur surface triturante.


L’Ours brun d’Europe

L’Ours brun d’Europe est l’animal qui a frappé le plus l’imagination de nos ancêtres de la préhistoire et qui plus tard a inspiré le plus de légendes et de mythes.

C’était pour eux un animal redoutable. Il a une force prodigieuse. Rapide (de 40 à 50 km/h), il peut se déplacer très vite même en terrain varié et rocheux. Il a l’air lourdaud, mais peut grimper comme un Chat.

Il est très fin, réfléchi, doué d’un excellent odorat, d’une bonne ouïe, mais d’une vue médiocre. Il est connu pour son intelligence, facilement éducable, peu sociable, mais sournois et dangereux, car il est capable de grands accès subits de fureur difficiles à contrôler.

À l’heure actuelle, il est difficile d’observer un Ours dans la nature, car cet animal vit solitaire dans les grandes forêts des régions montagneuses. Il est plutôt nocturne, fuit l’approche de l’Homme, qu’il évente à plus de 200 pas. L’Homme n’est que très rarement attaqué par l’Ours, sauf si lui-même l’a attaqué et blessé, ou encore quand une Ourse suitée de sa nichée se juge menacée par un intrus.

L’Ours est un carnivore et un omnivore. Sa nourriture est très variée : de petits Mammifères, des Marcassins, des Cervidés, des Rongeurs, des Grenouilles, des Poissons, des Chenilles, des Fourmis, des Escargots ; des fruits, pommes, poires, myrtilles, qu’il ramasse avec ses griffes comme avec un peigne, mûres, prunes, fraises, noisettes, glands ; des Champignons (Bolets) ; des végétaux variés ; racines d’Angélique, Pommes de terre, Maïs, Seigle. Au printemps, il broute même la jeune herbe comme une Vache. Parfois, il vole un Mouton, parfois il pille une ruche car il adore le miel.

Il s’abrite dans une tanière, repaire souterrain situé sous une vieille souche d’arbre ou dans une anfractuosité de rocher. Il adore se baigner dans les ruisseaux de montagne, il nage très bien. En hiver, il se repose longuement dans sa tanière, où il dort très souvent, mais n’hiberne pas. Il vit alors sur ses propres réserves. Il a notamment sur le garrot une bosse de graisse qui, chez un Ours moyen, peut peser jusqu’à 13 kg.

L’Ours vit en solitaire. Les accouplements ont lieu vers les mois de mai-juin, et c’est en hiver, en janvier-février, que la femelle met bas deux ou trois oursons, après une gestation de 30 à 36 semaines, dans une tanière confortable, tapissée de mousse, de feuilles sèches, de brindilles fines. Ces oursons sont minuscules, de la taille de gros rats. Presque nus et aveugles, ils pèsent environ 300 g. Ce n’est que vers l’âge de 3 semaines qu’ils commencent à y voir clair. La mère ourse s’en occupe très tendrement, les réchauffe, les cache dans ses aisselles et les allaite régulièrement. Elle porte trois paires de mamelles en position abdomino-pectorale. Elle garde ses oursons auprès d’elle et les surveille étroitement jusqu’en avril. Elle les emmène alors dans la nature et les oblige à marcher docilement auprès d’elle. Si l’un d’eux s’écarte un peu trop, il est aussitôt remis dans le droit chemin par une taloche bien appliquée !

Les oursons passent leur deuxième hiver avec leur mère. Celle-ci les quitte à l’époque des accouplements, les retrouve bientôt, mais ne s’en sépare qu’au début du troisième hiver. Les Ours sont adultes vers l’âge de 3 ans. Leur longévité peut atteindre de 30 à 35 ans.

L’Ours brun existe en France, dans les Pyrénées, où il est protégé. On en compte encore 80 têtes. Il n’y en a que 40 sur le versant espagnol, plus aride, où il y a moins de nourriture. Ils sont encore nombreux en Europe. Voici quelques estimations : Alpes italiennes, 200 ; Yougoslavie, 700 ; Grèce, 100 ; Roumanie, 500 ; Bulgarie, 1 300 ; Suède, de 200 à 300. C’est en Russie que se trouve le peuplement le plus abondant. Il est protégé un peu partout.


Autres espèces

Les Ours se rencontrent partout, sauf en Afrique et en Australie. La plupart se trouvent en Asie.


Les Ours asiatiques

L’Ours à collier, avec une marque blanche en forme de V sur la poitrine, aime manger des fruits. On le rencontre du centre au sud de l’Asie.

L’Ours malais, ou Ours des Cocotiers, d’Indochine et d’Indonésie, est également excellent grimpeur. Il mange les pousses de Cocotiers et ravage souvent les plantations de Cacao.

L’Ours lippu vit en Inde, à Ceylan, au pied de la chaîne de l’Himālaya. Mangeur de fruits et de miel. La femelle met ses petits sur son dos quand elle va quêter sa nourriture.


Les Ours américains

L’Ours baribal noir, dont la fourrure sert à faire les bonnets à poils de la garde royale anglaise.

L’Ours grizzli, dangereux animal, Carnivore redouté du gibier. Il pêche aussi le Saumon dans les fleuves de l’Amérique du Nord, lors de la remontée de ces Poissons pour frayer.

L’Ours blanc vit dans les régions boréales circumpolaires et peut peser 800 kg. Il vit sur les glaces dérivantes. Il est excellent nageur et va souvent à plusieurs kilomètres des côtes. Il mange des Phoques, des Crustacés, des coquillages et quelques végétaux. La femelle se creuse une tanière dans la neige pour y abriter ses petits, qui naissent en plein hiver. Dans ce véritable igloo, la température intérieure peut monter jusqu’à 20 °C.

L’Ours d’Alaska, ou Ours Kodiak, est un Ours géant. Il mesure 3 m de long et peut peser de 700 à 800 kg. C’est un animal redoutable.

P. B.

 G. S. Miller, Catalogue of the Mammals of Western Europe (Londres, 1912). / R. Didier et P. Rode, Catalogue systématique des mammifères en France (Lechevalier, 1935). / R. Hainard, Mammifères sauvages d’Europe, t. I : Carnivores, insectivores, cheiroptères (Delachaux et Niestlé, 1949 ; nouv. éd., 1961). / F. Bourlière, Vie et mœurs des Mammifères (Payot, 1951). / M. A. J. Couturier, l’Ours brun (l’auteur, Grenoble, 1954). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, tome XVII : Mammifères (Masson, 1955 ; 2 vol.).