Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

architecture (suite)

À partir de 1630-1650, l’architecture tend au magnifique : aile Gaston-d’Orléans au château de Blois (Mansart), Vaux-le-Vicomte (Le Vau*). Claude Perrault* construit la colonnade du Louvre après l’élimination du Bernin, construction importante par son parti et ses innovations techniques (armature métallique des colonnes et de l’entablement). Versailles*, réalisé en plusieurs campagnes, est une construction techniquement médiocre, mais dont les dimensions finales, le décor, le parc avec ses « fabriques » et ses jeux d’eau firent de ce « séjour divin » un modèle qu’auréolait la gloire du Roi-Soleil. Les Invalides, de Libéral Bruant (v. 1635-1697), ont un plan qui n’est pas sans rappeler celui de l’Escorial ; au dôme d’Hardouin-Mansart, la composition des masses et celle de la façade échappent à l’influence italienne.

Au Grand Trianon, de Robert de Cotte*, le corps de logis central est remplacé par un double péristyle ; cette construction à un seul niveau marque une évolution qui va s’affirmer lorsque, après la mort d’Hardouin-Mansart (1708), un classicisme dépouillé apparaît dans de nombreux hôtels de Paris : les plans se régularisent, la distribution est étudiée (hôtel de Soubise, hôtel de Rohan, etc.). Boffrand*, à l’hôtel Amelot, imagine une cour ovale et une façade à pilastres colossaux, mais, à l’hôtel de Torcy (auj. hôtel de Beauharnais), le décor est dû aux seuls éléments architectoniques. C’est Jacques-Ange Gabriel*, enfin, qui portera à son ultime perfection le classicisme français (École militaire à Paris, Petit Trianon).

En Europe, le classicisme est à rattacher au rayonnement politique de la France et à l’influence directe de ses architectes ou de leurs disciples ; toutefois, dans cette diffusion, le classicisme se trouve marqué par le goût particulier et les habitudes des différents pays.

En Allemagne, dès le xviiie s., l’écho de Versailles est évident à la résidence de Würzburg (Neumann sous contrôle de Boffrand) ; il se retrouve notamment à Berlin*, au château royal, et à Potsdam, où « Sans-Souci » interprète le Grand Trianon en style rococo. Au Danemark et en Suède, l’influence française est également marquante.

En Russie, la fondation de Saint-Pétersbourg (v. Leningrad) donne un essor nouveau à l’architecture. Un Italien, Domenico Trezzini (v. 1670-1734), diffuse un style apparenté au baroque néerlandais. Son compatriote Bartolomeo Francesco Rastrelli (v. 1700-1771), bien que de formation française, donne une œuvre non exempte de traits « baroquisants » (palais d’Hiver, église du couvent de Smolnyï). Sous Catherine II, l’Écossais Charles Cameron (v. 1740-1812) est l’introducteur du néo-classicisme, suivi par Andreian Dmitrievitch Zakharov (1761-1811).


Le xixe siècle

En matière d’architecture, le xixe siècle commence vers 1750, avec la révolution industrielle, et se termine en 1914, à la fin de la « Belle Époque ». La multiplicité de ses aspects et la complexité des tendances qui le traversent en rendent impossible une définition générale.

• Le progrès technique et la nostalgie du passé vont faire coexister les constructions métalliques, le néo-classicisme et le néo-gothique, mais le fer empruntera parfois des formes à cette dernière tendance. À l’Antiquité resurgie (Herculanum, Pompéi), au romantisme des styles nationaux (gothique troubadour, gothique victorien, « alt deutsch ») vont s’ajouter les documents photographiques et la connaissance directe des édifices, rendue possible par la « révolution des transports » ; en outre, l’expansion politique et économique de l’Europe va rendre plus faciles les contacts avec des civilisations lointaines (notamment d’Extrême-Orient). Enfin, les États-Unis d’Amérique vont, dès 1865, procéder à des réalisations totalement neuves dans leurs principes et dans leur mise en œuvre. Il n’est donc pas surprenant que l’on range sous l’étiquette incertaine d’éclectisme* des ouvrages dont les auteurs ont emprunté les modèles à toutes les époques et à tous les pays.

• Ce qui, par contre, peut surprendre, c’est qu’une architecture cohérente ait fini par sortir de cette chaotique incertitude. La raison en est, sans doute, que les programmes nouveaux ont fini par provoquer une sorte de décantation. Ces programmes résultent soit de conquêtes du progrès (gares, ponts), soit du mouvement économique (expositions* universelles, marchés urbains, grands magasins, Bourses), soit de l’évolution politique (assemblées parlementaires, administrations), soit de l’expansion de la culture (bibliothèques, musées, théâtres).


Le néo-classicisme

Il a retenu l’attention en raison de son apparition dans de nombreux pays presque à la même date, mais il ne marque de rupture que dans les régions où une architecture différente persistait (tel le baroque en Bavière ou le « colonial style » aux États-Unis) ; ailleurs, il apparaît comme une évolution (Grande-Bretagne, France) dont les limites sont incertaines.

C’est le néo-classicisme qui fournira des modèles pour les églises (Sainte-Geneviève [Panthéon] de Soufflot* à Paris), pour les Bourses (Paris, Londres, Saint-Pétersbourg), pour les musées (glyptothèque et pinacothèque de Munich*, British Museum à Londres), pour certaines gares (d’Euston à Londres), pour les palais parlementaires (Parlement de Dublin, « Capitole » de Richmond), pour des théâtres (Grand-Théâtre de Bordeaux, Covent Garden à Londres, Saint George’s Hall à Liverpool), pour des monuments ornementaux (arcs du Carrousel et de l’Étoile à Paris, Propylées à Munich, Porte de Brandebourg à Berlin). [V. classicisme.]

Bien entendu, de nombreuses habitations, du palais à la simple maison, suivent le goût antiquisant qu’annonçait déjà, au xviie s., Inigo Jones* et son néo-palladianisme. Les architectes néo-classiques procèdent soit par combinaison d’éléments antiques, comme le fait Ledoux (v. visionnaire [architecture]), soit par pastiche (lycée d’Édimbourg).