Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

Ortega y Gasset (José) (suite)

Dès lors, on conçoit que Leibniz ait préoccupé Ortega. Raison et relation signifient l’une et l’autre mesure ; mais, tandis que la raison leibnizienne règne heureusement et a priori sur le monde, la raison ortéguienne à tout instant corrige, relève, élève au-dessus de soi l’homme et la chose. Leibniz est optimiste au départ, Ortega met sa foi dans l’héroïsme. Il faut partir de ce qui est corrompu pour en avoir « raison ». La culture n’est pas mauvaise en soi. Œuvre d’art et d’artifice, elle émane des puissances vitales, les sert sans les asservir, les ordonne pour qu’elles s’épanouissent.

Ici se greffe la doctrine esthétique de l’écrivain. Comme Johan Huizinga (1872-1945), Ortega distingue entre l’homo faber, l’homo sapiens et l’homo ludens. Toute création durable, tout enrichissement du patrimoine des hommes se fait dans le respect des règles de l’art, des conventions du jeu que l’individu-artiste choisit. Les civilisations qui se sont succédé dans l’histoire ne sont que des parties menées jusqu’au bout, jusqu’à l’épuisement de leurs virtualités, dans le respect des prémisses (croyances) adoptées et dans l’acceptation collective d’un langage, logos, logique systématique qui est propre à chacune d’elles. Ortega en donne un exemple dans son fameux essai, moins paradoxal qu’il ne semble à première vue, l’Origine sportive de l’État.

Aussi bien, c’est en pleine lumière que le philosophe veut jouer sa partie. Il fuit le vocabulaire technique, inutile, des pédants. C’est un fait : l’Espagne célèbre en Ortega l’un de ses meilleurs écrivains, au style limpide, à la phrase cohérente et qui recourt à la rhétorique honnête de la persuasion sans chercher à en imposer par le mystère, à s’en faire accroire.

C. V. A.

 J. Ferrater Mora, Ortega y Gasset, an Outline of his Philosophy (Londres, 1956). / A. Guy, les Philosophes espagnols d’hier et d’aujourd’hui (Privat, Toulouse, 1956) ; Ortega y Gasset (Seghers, 1969). / C. Cascalès, l’Humanisme d’Ortega y Gasset (P. U. F., 1957). / J. P. Borel, Raison et vie chez Ortega y Gasset (la Baconnière, Neuchâtel, 1959). / J. Marías Aguilero, La escuela de Madrid (Buenos Aires, 1959).

orthodontie et orthopédie dento-faciale

L’orthodontie consiste à corriger les malpositions dentaires, particulièrement chez les enfants. L’orthopédie dento-faciale a pour but de corriger d’abord les malformations et les déformations des maxillaires, les malpositions dentaires se corrigeant le plus souvent spontanément par la suite. Non traitées, les malformations et les déformations des maxillaires ont un gros retentissement sur la santé de l’enfant : insuffisances respiratoires, troubles de la croissance, etc.



Introduction

Avant la fin du xixe s., on ne fit rien ou presque pour traiter les dents en malposition (mal placées) et les déformations des maxillaires, si ce n’est la pose de ligatures et des extractions.

Sous le règne de Louis XIV, Pierre Fauchard (1678-1761) avait appliqué quelques appareils à expansion transversale. Il avait obtenu des succès, mais également beaucoup d’échecs.

C’est en 1899 qu’un chirurgien-dentiste américain, Edward H. Angle (1855-1930), établit les bases de l’orthodontie et une méthode de diagnostic fondée sur l’occlusion molaire et l’articulation dentaire. Selon lui, à une occlusion dentaire normale devrait correspondre une bouche normale. Un autre Américain, Case, compléta l’examen des dents par celui de la bouche et des maxillaires.

Au début de notre siècle, un chercheur français, Robin, fut réellement le promoteur de l’orthopédie dento-faciale. Selon lui, les malpositions dentaires, les articulations déficientes étaient les manifestations de difformités des os maxillaires et de refoulement en arrière de la langue. Avec un appareil qu’il créa, appelé monobloc, il fit pression sur les dents et surtout sur les maxillaires afin d’élargir les fosses nasales et de supprimer les troubles respiratoires.

Toutes ces recherches ont permis d’établir les bases de l’orthopédie dento-faciale moderne, comprenant également des lois biologiques, esthétiques et organiques.

Les lois biologiques montrent l’indépendance et la dualité des maxillaires et des dents. D’après la loi de Wolff, la forme et la structure interne des os s’adaptent pour résister le plus efficacement avec le minimum de tissu aux forces subies ; la dysharmonie serait occasionnée par une modification initiale, qui détermine ensuite des déformations plus ou moins étendues des autres régions.

Les lois esthétiques montrent qu’une esthétique faciale normale est conditionnée par une normalité de la bouche.

Selon les lois organiques, il existe une unité profonde entre tout l’appareil respiratoire, depuis le nez et la bouche jusqu’aux poumons.

Les dysmorphoses (difformités) dento-faciales peuvent occasionner une infection banale, une infection spécifique (certains bacilles sont des hôtes privilégiés de la bouche), des troubles d’insuffisance respiratoire, des désordres corporels et pondéraux. L’orthopédie dento-faciale moderne a pour but : 1o d’améliorer les fonctions respiratoires en élargissant les régions naso-pharyngiennes et oro-pharyngiennes ; 2o de rétablir les fonctions métaboliques insuffisantes ; 3o d’orienter les facteurs biologiques de la croissance ; 4o de restituer un articulé dentaire et des fonctions masticatoires normales ; 5o d’améliorer l’esthétique bucco-dentaire et faciale.


Causes des troubles du développement dento-maxillo-facial

La formation des maxillaires s’effectue dès la quatrième semaine de la vie intra-utérine. Des troubles héréditaires ou acquis peuvent survenir dès cette période.


Troubles héréditaires

Ils se produisent dès la formation de l’œuf et engendrent certaines malformations dentaires difficiles ou impossibles à corriger, telles que la macrodontie (très grosses dents), la microdontie (très petites dents) ou l’anodontie (pas de dents) et des malformations maxillaires (divisions palatines, bec-de-lièvre, prognathie supérieure ou inférieure, rétrognathie).