destruction

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


En allemand : Destruktion.

Ontologie

Chez Heidegger, déconstruction de l'ontologie traditionnelle. La tradition de la métaphysique est ainsi comprise à partir de la question directrice de l'être de l'étant et reconduite vers la question fondamentale du sens de l'être.

Dans la mesure où la tradition, loin de rendre accessible ce qu'elle transmet, le recouvre le plus souvent, en livrant un contenu qui barre l'accès aux sources originaires, il convient de réactiver les expériences originaires où furent conquises les premières déterminations ontologiques qui ont par suite régi la tradition. Loin d'être une simple démolition et de se rapporter de façon négative au passé, la destruction vise à libérer l'initial vers un avenir, en montrant comment les philosophies du passé peuvent être non derrière mais devant nous. Elle peut être qualifiée de phénoménologique : si la réduction phénoménologique reconduit de l'étant vers l'être, la destruction phénoménologique est déconstruction critique des concepts communément admis visant à remonter aux sources où ils ont été puisés. Elle permet de comprendre la tradition (Uberlieferung) comme faisant l'objet d'une répétition qui fait retour vers des possibilités du Dasein ayant été là et se fonde sur l'historialité de ce dernier. Il ne s'agit ni d'une restitution ni d'un dépassement du passé, mais d'une remémoration en laquelle le Dasein se choisit ses propres héros. Sa tâche essentielle est alors d'interpréter l'ontologie traditionnelle à la lumière de la temporalité de l'être en dégageant la secrète structure temporelle des déterminations ontologiques telles qu'elles sont ordonnées à la présence subsistante.

Jean-Marie Vaysse

Notes bibliographiques

  • Heidegger, M., Sein und Zeit (Être et Temps), Tübingen, 1967, § 9, § 6.
  • Heidegger, M., Grundprobleme der Phänomenologie (Problèmes fondamentaux de la phénoménologie), Francfort, 1975.

→ être, historial, temporalité