Meles Zenawi

Homme d'État éthiopien (Adoua 1955-Bruxelles 2012).

En rébellion contre la dictature de Mengistu

D’origine tigréenne, Meles Zenawi interrompt ses études de médecine pour rejoindre en 1975 le Front populaire de libération du Tigré (FPLP), à dominante marxisante, qui prend le contrôle de cette province.

Le FPLP, dénué de volonté sécessionniste, fédère d’autres groupes rebelles, notamment amhara et oromo, au sein d'un Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), dont Zenawi devient président en 1989. Les troupes du FDRPE progressent rapidement vers Addis-Abeba et – avec l'aide du Front populaire de libération de l'Éryhtrée (FPLE) d'Issayas Afeworki – en chassent Mengistu Hailé Mariam, le « négus rouge », qui s'enfuit au Zimbabwe (1991).

La perte de l'Érythrée

Meles Zenawi, l'ex-guérillero, accède alors à la présidence intérimaire de l’État. En 1993, en remerciement de l'aide apportée par son compagnon d'armes Issayas Afeworki, il accepte un référendum qui donne l'indépendance à l'Érythrée. Mais en mai 1998, un différend frontalier avec le tout jeune État entraîne l'Éthiopie dans un conflit de deux ans faisant plus de 200 000 morts et sans qu'Addis-Abeba ne puisse récupérer son accès à la mer, perdu avec la province. Depuis, malgré un cessez-le-feu en 2000 et la médiation de l’Organisation de l'unité africaine, soutenue par le Conseil de sécurité de l’ONU et l'Union européenne, le processus de paix est dans l'impasse et les tensions restent très vives entre les deux pays : Meles Zenawi apporte son appui à l’opposition érythréenne en exil ; par ailleurs, Addis-Abeba et Asmara s'affrontent indirectement en Somalie.

L'homme fort de l'Éthiopie

Après l'instauration d'un régime parlementaire (1995), Meles Zenawi s'empare du poste clé de Premier ministre à la faveur de la large victoire du FDRPE aux premières élections nationales la même année. Depuis, le FDRPE s'impose systématiquement à tous les scrutins (2000, 2005 et 2010), faisant fi des contestations d'une opposition qui peine à s’affirmer. Partisan d'une forme d'économie de marché encadrée, le Premier ministre parvient à redresser l'économie de son pays. Toutefois, gouvernant sans partage, il dirige l'État d'une poigne de plus en plus autoritaire.

À la présidence du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement en Afrique) depuis 2007, Meles Zenawi acquiert également une stature politique internationale en jouant le rôle de négociateur en chef du continent africain sur le changement climatique (sommet de Copenhague, 2009). Sa mort, survenue en août 2012 après vingt et un ans de règne, ouvre une période d'incertitude pour l'Éthiopie et pour la Corne de l'Afrique où elle joue un rôle majeur.

Pour en savoir plus, voir l'article Éthiopie.