André Vésale

en néerlandais Andries Van Wesel et en latin Andreas Vesalius

André Vésale
André Vésale

Anatomiste flamand (Bruxelles 1514 ou 1515-île de Zante 1564).

Grâce aux nombreuses dissections de cadavres qu'il pratiqua, il a été à l'origine de très importants progrès en anatomie humaine. Il fut aussi un grand chirurgien.

Le descendant d'une lignée de médecins et de pharmaciens

Issu d'une famille flamande de médecins et de pharmaciens, André Vésale reçoit une solide éducation classique à Bruxelles, puis à l'université de Louvain. Après avoir décidé de suivre la tradition familiale, il vient en 1533 étudier la médecine à Paris, auprès notamment de Jean Guinter d'Audernach (1487-1574) et de Jacques Dubois, dit Jacobus Sylvius (1478-1555), bons hellénistes et fervents partisans des doctrines médicales de Galien. La guerre entre la France et le Saint Empire romain germanique l'oblige à quitter Paris en 1536.

De retour à Louvain, Vésale publie en 1537 son premier ouvrage, une paraphrase d'un livre du médecin arabe al-Razi (v. 860-925), puis il rejoint l'université de Padoue, où il obtient, en décembre, son doctorat en médecine et un poste de chargé de cours d'anatomie. Sa carrière universitaire durera moins de cinq ans, mais il fait sensation en pratiquant des dissections de cadavres humains. En 1538, il fait paraître à Venise Tabulae anatomicae sex, un recueil de six grandes planches anatomiques dessinées par son ami et compatriote Jan Stefan van Calcar (v. 1500-1546), élève de Titien.

Le père de l'anatomie moderne

En 1540, invité à Bologne pour des démonstrations d'anatomie, Vésale montre la nécessité, en anatomie humaine, de disséquer et d'observer le corps humain lui-même : en comparant le squelette de l'homme et celui du singe, il met en évidence certaines erreurs de Galien dans sa description des os, que le médecin grec n'aurait pas commises s'il avait pu travailler directement sur l'homme. Après trois ans de travaux, il publie à Bâle, en 1543, son œuvre majeure, un traité complet d'anatomie humaine, De humani corporis fabrica.. Fondé sur les dissections qu'il a pratiquées, cet ouvrage est illustré de nombreuses planches, exécutées par van Calcar. Vésale y réfute beaucoup d'erreurs de Galien et des Anciens : il établit, par exemple, qu'il n'y a pas de communication entre les moitiés droite et gauche du cœur, contrairement à ce qu'affirmait Galien. En introduisant une révolution dans le domaine de l'anatomie, Vésale s'attire l'hostilité d'un grand nombre de ses pairs.

Après un séjour à Pise, à l'invitation du grand-duc de Toscane, il rejoint l'Espagne et devient médecin à la cour de Charles Quint (1544), puis de son fils Philippe II. Grâce à ses connaissances anatomiques, il s'illustre comme chirurgien dans l'armée impériale. Sa réputation en ce domaine devient même si grande qu'en 1559, lorsque Henri II, roi de France, est blessé d'un coup de lance (qui lui sera fatal), il est appelé à son chevet, malgré la présence d'Ambroise Paré.

Lors d'un pèlerinage en Terre sainte, Vésale apprend qu'on lui offre une chaire d'anatomie à Venise, mais le vaisseau qui le ramène en Europe est jeté par la tempête sur l'île de Zante, où il meurt de faim et de fatigue et est inhumé en un lieu non identifié.

On a donné son nom à l'orifice que présente la grande aile du sphénoïde, l'un des os de la base du crâne(trou de Vésale).

Pour en savoir plus, voir l'article histoire de la médecine

Une source d'inspiration pour les artistes

L'œuvre d'André Vésale a connu un retentissement qui dépassa largement le cadre médical. Elle a notamment inspiré de nombreux peintres ou graveurs. Ainsi, au xviie s., Abraham Bosse utilisa les planches anatomiques de Vésale pour apprendre à dessiner le corps humain en perspective, tandis que François Tortebat (1616-1690) publia un Abrégé d'anatomie, premier traité d'anatomie à l'usage des artistes, illustré de planches inspirées de celles du célèbre médecin. Nicolas Poussin apprit aussi l'anatomie dans les ouvrages de Vésale avant d'assister à des dissections.

Au xixe s., des planches de Vésale vendues sur les quais de la Seine firent rêver Baudelaire : celle du squelette du fossoyeur lui inspira son poème « le Squelette laboureur » dans les Fleurs du mal..