Marjane Satrapi

Dessinatrice et scénariste iranienne de bandes dessinées, d’expression française (Recht 1969).

Née en Iran dans la région de Gilan, sur les bords de la mer Caspienne, Marjane Satrapi grandit dans un milieu favorisé (son père est ingénieur) et elle a 10 ans lorsque le régime du chah est renversé par la révolution, qui aboutit au retour du chef spirituel de la communauté chiite, l’imam Khomeyni, exilé depuis quinze ans. Scolarisée dans un établissement français de Téhéran alors qu’éclate la guerre contre l’Iraq, elle fuit en Autriche où elle poursuit ses études au lycée français de Vienne. De retour en Iran, elle entre à l’école des Beaux-Arts de Téhéran et obtient une maîtrise de communication visuelle.

En 1994, dans l’espoir de devenir graphiste, elle vient en France, entre à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, puis s’installe à Paris où elle fréquente l’Atelier des Vosges, collectif informel installé Place des Vosges et regroupant divers auteurs de bandes dessinées, dont Christophe Blain, Joann Sfar, Lewis Trondheim et David B. Ce dernier, auteur de la série autobiographique l’Ascension du haut-mal (1996-2003), encourage la jeune femme à se lancer dans la bande dessinée. Cette influence artistique sera déterminante : quelques années plus tard, M. Satrapi publie son premier album, Persepolis (2000, chez L’Association, Prix Alph’art Coup de cœur au festival d’Angoulême 2001), dans lequel elle raconte ses souvenirs d’avant l’exil, des souvenirs parfois empreints d’une gravité qu’elle relate cependant toujours avec l’humour et la légèreté de l’adolescente qu’elle était. Persepolis, qui obtient un succès retentissant, s’enrichira de trois nouveaux tomes – toujours en noir et blanc (2001, 2002, 2003) –, et cette tétralogie fera l’objet d’une adaptation au cinéma, sous la forme d’un film d’animation réalisé par M. Satrapi elle-même et Vincent Paronnaud (2007). Le film obtient le césar de la meilleure adaptation et le Prix du Jury au festival de Cannes.

Tout en poursuivant une production qui l’inscrit désormais dans le courant de la « nouvelle bande dessinée » française (Broderies, 2003 ; le Soupir, 2004 ; Poulet aux prunes, id., Prix du meilleur album au festival d’Angoulême 2005), M. Satrapi écrit également pour la jeunesse (Les monstres n’aiment pas la Lune, 2001 ; Ulysse au pays des fous, id., dessins de Jean-Pierre Duffour ; Sagesses et malices de la Perse, id., textes de Lila Ibrahim-Ouali et Bahman Namvar-Motlag ; Ajdar le Dragon, 2002 ; les Premiers Jours, id., textes d’Eglal Errera). Plusieurs de ses livres ont déjà fait l’objet d’une traduction en langue anglaise.