Pierre-François David Beauchard, dit David B.

Dessinateur et scénariste français de bandes dessinées (Nîmes 1959).

Fils de professeurs de dessin, David B. grandit dans une liberté d’expression totale, dans un univers culturel très riche de lectures et de films, mais aussi auprès d’un frère aîné dont l’épilepsie conditionnera l’itinéraire familial. Accumulant sur le papier les personnages dessinés (« Le dessin, c’est mon épilepsie à moi »), il s’enferme dans un isolement propice au développement de son imagination débordante.

Bercé par la lecture des aventures de Corto Maltese par Hugo Pratt, qu’il découvre dans le magazine Pif, il élabore un univers onirique, fantastique, marginal. Entré à l’École supérieure des arts appliqués Duperré à Paris, il se nourrit pendant trois ans des leçons de Georges Pichard, qui lui ouvre les portes du graphisme en noir et blanc.

Ses premiers travaux pour le magazine Okapi sont pourtant en couleur (le Timbre maudit, 1985), et pendant une dizaine d’années il vit de travaux traditionnels pour la presse enfantine. Faisant le constat, avec plusieurs autres jeunes auteurs, que le milieu éditorial ne se prête pas aux innovations graphiques et narratives qui les portent, il cofonde, avec Jean-Christophe Menu, Stanislas, Matt Konture, Killofer et Lewis Trondheim, L’Association, en 1990.

Véritable laboratoire, cette structure éditoriale lui permet de donner le jour à la Bombe familiale (1991), au titre évocateur, où il s’adonne enfin au noir et blanc, et au Cheval blême (1992), qui lui permet de mettre ses rêves en images.

Bien qu’ayant décidé de changer de nom à l’adolescence pour « prendre ses distances » d’avec son milieu familial, il entreprend à partir de 1996 la réalisation de l’Ascension du haut-mal (1996-2003), chronique familiale et authentique thérapie qui lui permet de franchir un cap graphique (il développe un symbolisme de plus en plus marqué) et narratif, son écriture se faisant de plus en plus instinctive. Cette œuvre majeure reçut plusieurs fois les honneurs du festival international de la bande dessinée d’Angoulême, dont l’Alph’art du meilleur scénario en 1998.

Collaborant à divers magazines (Chic, (À Suivre), Tintin Reporter) et travaillant pour de nombreux éditeurs, des plus confidentiels (Cornélius, Amok) aux plus établis (Dupuis, Dargaud), il n’hésite pas à s’impliquer dans des projets à deux, que ce soit seulement en tant que scénariste (les Révoltés d’Hop-Frog, avec Christophe Blain, 1997 ; le Capitaine Écarlate, avec Emmanuel Guibert, 2000) ou à quatre mains (Urani, avec Joann Sfar, 2000), afin de ne pas s’enfermer dans une seule et même écriture.

Amateur d’Histoire, de littérature et de poésie, il aime à s’attarder dans les marges des grands événements – la Première Guerre mondiale notamment – pour lentement glisser vers une déstabilisation rarement expliquée (la Lecture des ruines, 2001). En couleur (les Chercheurs de trésor, Dargaud, 2003), en froideur (Par les chemins noirs, Futuropolis, 2007), ou avec ce noir et blanc qui lui est si cher (Zèbre, Tartamudo, 2005), il continue de développer un univers insolite dans lequel le lecteur est souvent, comme les personnages, bousculé dans ses habitudes.