Raymond Samuel puis Raymond Aubrac

Résistant français (Vesoul 1914-Paris 2012).

1. Le résistant

Fils de négociants aisés, propriétaires de magasins de confection à Vesoul et à Dijon, Raymond Samuel, une fois bachelier, devient interne au lycée Saint-Louis à Paris. Entré en 1934 à l'École des ponts et chaussées, il s'initie au marxisme et se rapproche du parti communiste sans toutefois y adhérer. Ayant obtenu une bourse, il passe l'année 1938 au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Harvard.

Mobilisé dès son retour en France, il est officier du génie sur la ligne Maginot, à Strasbourg, où il épouse Lucie Bernard en décembre 1939. Fait prisonnier par les Allemands le 21 juin 1940, il réussit à s'évader grâce à l'aide de sa femme, avec laquelle il rejoint Lyon, en zone libre.

Tout en étant ingénieur dans une entreprise de travaux publics, Raymond Aubrac participe à la création d'un petit groupe de résistance, la Dernière colonne, qui deviendra en 1941 Libération, l'un des trois principaux mouvements de la résistance en zone sud avec Combat et Franc-Tireur.

Ayant organisé un secteur paramilitaire, il est affecté à l'automne 1942 à l’état-major du général Delestraint, chef de l’Armée secrète. Arrêté le 15 mars 1943 avec plusieurs compagnons de lutte par la police de Vichy, il est libéré le 10 mai grâce à l'audace de Lucie, avec laquelle, le 24 mai suivant, il participe à la libération de ses compagnons.

À nouveau arrêté, le 21 juin, à Caluire, avec Jean Moulin, il est interrogé au siège de la Gestapo par Klaus Barbie puis incarcé à Lyon au fort de Montluc. Il est libéré le 21 octobre lors d'une spectaculaire opération des groupes-francs de Libération dirigée par sa femme Lucie alors enceinte de six mois. Traqué, le couple Aubrac se réfugie quelques temps dans l'Ain et dans le Jura, jusqu'à son envol pour Londres en février 1944.

Alors que se prépare le débarquement de Provence, Aubrac est nommé commissaire régional de la République pour la Provence par le général de Gaulle. Chargé de la gestion du ravitaillement et de l'épuration, il crée les Forces républicaines de sécurité, dans lesquelles il incorpore plusieurs membres des Francs-tireurs et partisans (FTP).

2. Après la guerre

Responsable des opérations de déminage près du ministère de la Reconstruction (1945-1948) à Paris, Raymond Aubrac crée en 1948 le Bureau d'études et de recherches pour l'industrie moderne (Bérim) qui développe ses activités auprès de mairies communistes, en Europe de l'Est (Pologne, Tchécoslovaquie) ou encore en Chine. Conseiller technique au Maroc (1958-1964), il est, à partir de 1964, membre de l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome.

Devenu l'ami du président Hô Chi Minh en juillet 1946, lors de la visite de ce dernier à Paris pour tenter de négocier la reconnaissance par la France de l'indépendance du Viêt Nam, Aubrac, ving ans plus tard, en pleine guerre du Viêt Nam, sert d'intermédiaire entre Américains et Nord-Vietnamiens. En 1972, il intercède auprès du secrétaire général des Nations unies Kurt Waldheim puis auprès du pape Paul VI pour obtenir l'arrêt des bombardements américains sur les digues du delta du Tonkin.

Pour en savoir plus, voir l'article la Résistance.