Stephen Edwin King

Écrivain américain (Portland, Maine, 1947).

Le maître de l'horreur et du fantastique

Souffre-douleur de ses camarades de classe, le jeune Stephen, élevé par sa mère, se réfugie dans la lecture, notamment celle de romans fantastiques et de bandes dessinées. L’écriture s’impose à lui alors qu’il est encore enfant et ne cesse dès lors de le faire vivre. Après une scolarité brillante et une maîtrise d’anglais, il exerce divers petits métiers avant de devenir enseignant tout en se consacrant à la rédaction de nouvelles et de romans. En 1974, il publie son premier roman achevé, Carrie. Cet ouvrage, à la frontière entre l’horreur, le fantastique et la science-fiction, est un succès considérable et fait de lui l’un des auteurs les plus en vue de sa génération. Dans la même veine, il publie Salem (1975), Shining (1977), Christine (1983), Misery (1987) puis Sac d'os (1998), et devient le maître incontesté de ce genre qui prend toujours comme point de départ des situations banales (pression sociale, vie de couple, infidélité, etc.). Cet auteur prolifique (quelque deux cents nouvelles et une quarantaine de romans), pour lequel « l'acte d'écrire peut ouvrir tant de portes, comme si un stylo n’était pas vraiment une plume mais une étrange variété de passe-partout » (la Ligne verte, 1996), écrit depuis ses débuts deux ou trois romans par an dont la plupart des intrigues se situent dans sa région natale, le Maine, en Nouvelle-Angleterre. S'intéressant aux problèmes sociaux (Dolorès Claiborne, 1993), il aborde également la science-fiction et la fantasy (la Tour sombre, 7 volumes, 1982-2005 ; Cœurs perdus en Atlantide, 1999).

En 1977, afin de mettre son succès à l'épreuve et voir s'il tient uniquement à la célébrité de son nom, Stephen King signe plusieurs ouvrages sous le pseudonyme de Richard Bachman, écrivain qu’il crée de toutes pièces et auquel il donne même un visage. Il publie ainsi cinq livres, jusqu’à ce qu’un étudiant découvre la supercherie. L’auteur offre alors à son « double » une mort douloureuse en 1985 avant d’exhumer son dernier ouvrage posthume en 1996, les Régulateurs, qu’il fait paraître en même temps que son roman Désolation, signé Stephen King. Les deux romans ont la particularité de mettre en scène tous deux les mêmes personnages.

Un univers perpétuellement questionné

Après avoir exploré dans son essai Anatomie de l’horreur (1981-1982), le genre dans lequel il a excellé, Stephen King raconte, dans Écritures, Mémoires d'un métier (2000), ses années d'apprentissage et se livre à une réflexion sur le métier d'écrivain. Il est aujourd’hui l’un des auteurs américains les plus lus et les plus traduits du xxe siècle et nombre de ses romans ont été adaptés au cinéma, notamment par Stanley Kubrick (Shining, 1980), John Carpenter (Christine, 1983) ou David Cronenberg (Dead Zone, 1983). Stephen King a reçu en 2003 la médaille de la National Book Foundation et, en 2007, le titre de « grand maître » du Mystery Writers of America.

Le succès de ses livres n’est pas injustifié, sa longévité le prouve, et même si les critiques n’ont pas d’emblée reconnu le talent de cette littérature d’horreur moderne, aujourd’hui nombre sont ceux qui concèdent à Stephen King un style littéraire unique et une grande richesse dans les thèmes abordés. Dans une interview donnée en 2003, l’auteur explique cependant les dangers inhérents à son art : « J'aime écrire. Mais il faut que j'apprécie quelque chose, et que je le trouve réellement bon pour que je le publie. […] Quand vous en êtes arrivé à un stade où vous vous répétez, tout en pensant que c'est important, vous devenez ennuyeux, un moulin à paroles. Je dois faire attention à cela. » C’est donc pour éviter ces écueils que Stephen King aime se remettre en question et renouveler son écriture, notamment en s’échappant de la prose romanesque pour écrire des bandes dessinées, un script de téléfilm, un roman-feuilleton (la Ligne verte, publié en six tomes), rédigé au fur et à mesure de sa parution, ou un roman en ligne sur Internet.