Joseph Joffre

Joseph Joffre
Joseph Joffre

Maréchal de France (Rivesaltes 1852-Paris 1931).

Vainqueur de la bataille de la Marne au cours de la Première Guerre mondiale, Joseph Joffre sauva Paris et la France du désastre. Entré en conflit avec le pouvoir civil en 1916, il fut évincé du haut commandement tout en conservant son prestige.

Les premières missions

Issu d’une famille de viticulteurs aisés, Joseph Joffre fait ses études secondaires à Perpignan, puis à Paris. Sorti de l’École polytechnique en 1869, comme officier du génie, spécialiste des fortifications, il commence sa carrière militaire lors de la défense de Paris en 1870. Envoyé en Extrême-Orient (Formose [1884], Tonkin [1885]), au Soudan (1892) et à Madagascar (1897), il contribue à la présence française dans ces territoires. En 1905, il obtient ses galons de général de brigade et, après un passage au ministère de la Guerre, il devient en 1910 vice-président du Conseil supérieur de la guerre. Dès 1911, il est nommé au poste de chef d’état-major général de l’armée qui vient d’être créé – en y étant aidé, semble-t-il, par son passé de franc-maçon. À ce titre, il préparera le plan de guerre français.

Les batailles décisives

Le 2 août 1914, Joffre prend le commandement des armées du Nord et du Nord-Est. Après avoir perdu la bataille des frontières, il redresse la situation en donnant, le 25 août, son ordre mémorable de retraite stratégique, qui évite l’encerclement et permet de concentrer de nouvelles forces au nord de Paris en vue de lancer la contre-offensive. Celle-ci se développe par toute une série de manœuvres qui aboutissent à la victoire des Franco-Britanniques au terme de la bataille de la Marne (6-13 septembre).

Avec Foch, dont il a fait son adjoint, Joffre arrête une nouvelle fois l’armée allemande dans sa tentative de « Course à la mer », puis, avec patience et énergie, conduit la guerre d’usure. Le 2 décembre 1915, il est désigné comme généralissime des armées françaises. En cette qualité, il coordonne avec les Alliés (conférence de Chantilly) les opérations qui, après l’offensive sur la Somme (juillet-novembre 1916), débloquent le front de Verdun.

Les honneurs de la France

Discuté dans ses choix au moment de la bataille de la Somme, et sans doute jalousé en raison de l’ascendant qu’il exerce sur l’armée, Joffre est contraint de démissionner le 2 décembre 1916, sur l’injonction du président du Conseil Aristide Briand, et remplacé par le général Nivelle. Il est aussitôt élevé à la dignité – qui n’avait plus été accordée depuis plus de vingt ans – de maréchal de France. Son rôle se limitera désormais à des missions de pur prestige à l’étranger, notamment aux États-Unis, dont il prépare l’entrée en guerre en 1917. L’officier que ses poilus avaient affectueusement surnommé « le Grand-Père » participera, aux côtés de Foch et de Pétain, au défilé de la Victoire du 14 juillet 1919.

En 1918, le maréchal Joffre avait été élu à l’Académie française à l’unanimité des vingt-trois votants (d’où l’expression devenue courante d’« élection de maréchal »). Déjà auteur, en 1920, d’une étude intitulée la Préparation de la guerre et la conduite des opérations 1914-1915, il rédigera aussi deux volumes de Mémoires sur la période 1910-1917, qui paraîtront en 1932.

Joffre et la ligne Maginot

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la question de l’inviolabilité du territoire français, garantie en temps de guerre par un ouvrage défensif construit en temps de paix, fut à l’ordre du jour. Le Conseil supérieur de la guerre réuni, le 22 mai 1922, autour du président de la République, Alexandre Millerand, et du maréchal Pétain, eut pour objet d’en débattre. Deux autres maréchaux, Foch et Joffre, et cinq généraux y assistaient aussi. « Ce serait se vouer à la défaite que de vouloir établir une nouvelle muraille de Chine ! » : tel fut l’avis du maréchal Joffre, qui s’opposa en outre au maréchal Pétain sur la conception d’un système de « fortification permanente » établi le long de la frontière du Nord-Est. C’est de ce conseil que sortit cependant l’idée de la ligne Maginot, portant le nom du ministre de la Guerre nommé à ce poste quatre mois plus tôt.