Henri Cartier-Bresson

Photographe français (Chanteloup, Seine-et-Marne, 1908-Montjustin, Alpes-de-Haute-Provence, 2004).

Fils de famille épris de littérature et de philosophie, mais aussi passionné par le dessin et par la peinture, Henri Cartier-Bresson découvre sa vocation de photographe en 1931. Avec son premier appareil Leica, il parcourt l’Afrique noire et y met au point sa méthode, qui consiste à appréhender la réalité, comme un chasseur, au moyen du « tir photographique ». Passant au cinéma, dont il a appris le métier lors de son séjour aux États-Unis de 1935, il devient assistant réalisateur aux côtés de Jean Renoir (La vie est à nous, 1936 ; Une partie de campagne, id. ; la Règle du jeu, 1939). Engagé en faveur des républicains au moment de la guerre civile d’Espagne, il est seul maître de la caméra dans les deux documentaires qu’il leur consacre en 1937, Victoire de la vie et L’Espagne vivra. Lors de la libération de Paris, en août 1944, il fait partie des reporters qui immortalisent l’événement. Au service des prisonniers de guerre pendant et après la Seconde Guerre mondiale, il relate leur rapatriement dans un autre documentaire, le Retour (1945).

Son domaine d’élection reste cependant la photographie. Dès 1938, Cartier-Bresson a eu l’idée de ce qui devient en 1947 Magnum, la première agence internationale de photographes-reporters au monde. Comme Robert Capa, qui en est le cofondateur, il renouvelle les critères de l’art photographique. Dans son cas, il fait prévaloir la théorie de l’instant décisif exprimant une claire vision du monde autour d’un sujet déterminé (Images à la sauvette, 1952). Cet instant, il le définit comme la parfaite coïncidence, en une fraction de seconde, de la signification d’un événement et des formes géométriques qui s’organisent pour lui conférer toute sa force d’expression.

Parti en Asie en 1948, Cartier-Bresson y passe trois années particulièrement fécondes. En Inde, il est reçu par le Mahatma Gandhi, dont il capte les derniers instants avant son assassinat, puis il « couvre » ses obsèques en présence d’une foule éplorée. En Chine, il assiste aux derniers soubresauts du Guomindang et aux six premiers mois de la République populaire proclamée en octobre 1949 (D’une Chine à l’autre, 1954). En Indonésie, il saisit les premiers moments de l’indépendance du pays, mais il y glane aussi la matière de ses Danses à Bali (1954). En 1954, il est le premier photographe occidental à être admis en U.R.S.S. (Moscou, 1955). En 1974, il arrête définitivement le photoreportage. Il se consacre principalement aux portraits et aux paysages, puis au dessin au cours de ses dernières années.

Éminent représentant de l’école de photographie dite « humaniste », Cartier-Bresson donne naissance, en 2000, à la Fondation Henri Cartier-Bresson, la première fondation privée en France vouée à la photographie – qui est reconnue d’utilité publique en 2002 et inaugurée en 2003.

  • 1932 Belgique, photographie de H. Cartier-Bresson.