Jean Bodin

Jean Bodin
Jean Bodin

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Philosophe et écrivain français (Angers 1530 – Laon 1596).

C'est le plus grand penseur politique français de la Renaissance, avec sa Méthode de l'histoire (Methodus ad facilem historiarum cognitionem, 1566) et surtout les Six Livres de la République (1576), écrits en français : dans cet ouvrage dirigé à la fois contre Machiavel, à qui Bodin reproche d'avoir « mis pour fondement des républiques l'impiété et l'injustice », et contre les monarchomaques – pamphlétaires protestants qui prêchaient le droit à l'insurrection contre le roi –, il entreprend de fonder le principe de la souveraineté politique en l'étayant sur une délégation de pouvoir donnée une fois pour toutes par le peuple. Théoricien du pouvoir royal absolu (auquel il assigne cependant pour limites la justice divine et la justice naturelle), Bodin annonce le règne de Louis XIV ; théoricien de la souveraineté des États, il marque la fin de l'Europe chrétienne médiévale et l'apparition d'un ordre international nouveau, dégagé de l'autorité pontificale et impériale, fondé sur des relations entre États indépendants. Bodin est également l'auteur d'un livre sur la magie condamnant les sorcières comme le ferment d'un dangereux désordre social (De la démonomanie des sorciers, 1580), et de l'Heptaplomeres (1581), dialogue philosophique dans lequel s'opposent les sectateurs de plusieurs religions et qui reflète une attitude critique et rationaliste préfigurant les religions naturelles de l'âge classique.