gouvernement de la Défense nationale
Gouvernement qui dirigea la France de septembre 1870 à février 1871.
1. La proclamation de la république
Le gouvernement est constitué à l'Hôtel de Ville de Paris après la proclamation de la république par Gambetta. Présidé par le général Trochu, il est composé de 12 membres des diverses tendances de l'éventail républicain, les députés socialistes étant exclus : Jules Favre aux Affaires étrangères, Jules Simon (puis Eugène Pelletan) à l'Instruction publique, Gambetta à l'Intérieur, Crémieux (puis Emmanuel Arago) à la Justice, Picard aux Finances, le général Le Flô à la Guerre, l'amiral Fourichon à la Marine, Magnin à l'Agriculture et au Commerce, Dorian aux Travaux publics, Glais-Bizoin et Garnier-Pagès sans portefeuille et, pour rassurer la gauche, Rochefort.
Il proclame la dissolution du Sénat et du Corps législatif et constitue, à Tours, le 9 septembre, une délégation subordonnée au gouvernement, chargée d'assumer la direction effective du pays en cas d'investissement de Paris. Les négociations de Ferrières entre Bismarck et Jules Favre ayant échoué, la France refusant toute cession territoriale, le gouvernement de la Défense nationale se résout à la poursuite et à l'intensification de la guerre.
2. La délégation de Tours et la « guerre à outrance »
La délégation de Tours doit faire face à une double tâche ; il faut d'abord imposer son autorité au pays et maintenir son unité, mais ensuite et surtout il faut organiser la lutte contre l'envahisseur. Le 19 septembre, Paris est investi, le gouvernement se scinde en deux. Le 7 octobre, Gambetta quitte Paris en ballon et prend la direction de la délégation de Tours comme ministre de l'Intérieur et de la Guerre, aidé de Freycinet. Il trouve des subsides à l'étranger (emprunt de 200 millions à la banque Morgan), lève 600 000 hommes en quatre mois et dirige ces forces sur la capitale. Cependant la contre-offensive sur la Loire est stoppée par les troupes allemandes libérées par la capitulation de Metz le 27 octobre. Les armées du Nord et de la Loire ne peuvent dégager Paris.
3. Le siège de Paris
Thiers subit un échec dans sa tentative de médiation avec les cours européennes et, sur le plan intérieur, le général Trochu se heurte à de nombreuses difficultés. Les représentants de l'Internationale ouvrière, appuyés par les ouvriers des faubourgs, mécontents d'avoir été écartés du pouvoir, constituent des comités de vigilance. Leur organe commun, le Comité central, réclame l'élection immédiate d'une Commune pour accentuer la lutte révolutionnaire contre l'Allemagne. Après une première manifestation le 5 octobre aux cris de « Vive la Commune », le 31 octobre, à l'annonce de la capitulation de Metz, ces rassemblements populaires prennent l'allure d'émeutes. L'échec de la sortie de Buzenval le 19 janvier et l'annonce des négociations avec l'ennemi provoquent le 22 janvier une ultime émeute, qui est étouffée. Le divorce entre le peuple de Paris et le gouvernement s'aggrave.
4. L'armistice
Finalement, ayant accepté les conditions de Bismarck (capitulation de Paris et élection d'une Assemblée nationale qui devra ratifier le traité de Paris), le gouvernement signe l'armistice le 28 janvier. Il se heurte à Gambetta, qui prend des mesures pour continuer la lutte, mais Jules Simon, investi des pleins pouvoirs, le contraint à démissionner le 6 février. Après les élections du 8 février, le gouvernement de la Défense nationale remet ses pouvoirs à l'Assemblée nationale lors de la première réunion de celle-ci à Bordeaux le 12 février 1871.
Pour en savoir plus, voir les articles guerre franco-allemande, second Empire, IIIe République.